C’était un paradoxe bien mauricien. Dans ce pays, où les courses hippiques sont une institution, où l’on se presse, depuis des générations, dans la plaine du Champ de Mars pour admirer le galop de puissants cour-siers, on ne rencontrait que trés peu de cavaliers, et encore moins d’écuries ouvertes au public. En quelques années, cette situation a radicalement changé.
Jeune et jolie blonde solaire, au sourire aussi franc que radieux, Kimberline Marchais ne semble vraiment heureuse qu’au milieu de ses chevaux. Depuis quatre ans, elle propose aux Mauriciens de rouler en calèche. “Cette activité connaît un vrai succès, déclare la jeune femme. Pour les mariages, les anniversaires et toutes sortes d’occasions particulières. Mais aussi pour des gens qui ne pourraient pas monter à cheval.” Enfants, personnes âgées ou à mobilité réduite peuvent ainsi faire de belles balades en toute sécurité. Mais à ce public prévisible, il faut ajouter toutes les personnes qui ont peur des chevaux… et à Maurice, il y en a beaucoup! Et c’est bien là l’une des premières particularités de notre île: dans ce pays où les courses sont si suivies, la population ne connait pas les chevaux. Alors, installée dans le Nord, près de The Vale, la jeune cavalière a ouvert un petit centre équestre, pour que tous puissent venir se familiariser avec les chevaux.
“Ici, ils ne sont que sept, ont de l’espace et ne vont pratiquement jamais en box. Nous incitons les jeunes à venir apprendre à brosser un cheval, à nouer un contact avec lui.”
Et ça marche, puisque des enfants demandent à leurs parents de faire un détour, après l’école, pour venir s’occuper béné-volement des chevaux.
Noémie Barragan, de Horsepro Ltd, propose d’impressionnants spectacles équestres. “Nos 12 chevaux, explique-t-elle, savent piaffer, se coucher ou s’asseoir, faire la reverence, marcher au pas espagnol et me suivre.” Mais l’un d’entre eux, Tonnerre de Peley réalise des prouesses. Il saute, à la demande, au dessus d’une table, d’une Harley Davidson, d’une voiture de sport ou d’un feu… parallèlement à ces activités impressionnante, Noémie intervient, les mardis et jeudis, comme monitrice dans un club du nord.
“Au début, se souvient-elle, nous étions souvent confrontés à des gens qui ne voulaient que monter. Il a fallut leur apprendre que l’équitation, c’était aussi la connaissance et le soin du cheval. Il est, par exemple, inconcevable de se prétendre cavalier sans savoir seller sa monture.”
Mais les leçons de Noémie vont bien au-delà, puisqu’elle propose aussi des cours d’équitation Western, de monte en amazone, de tir à l’arc à cheval…
D’autres clubs d’équitation ou centres équestres ont vu le jour partout sur l’île, et jusqu’à Rodrigues, ces dernières années. Proposant de véritables formations, ou de simples balades, ils marquent une vraie transformation dans l’approche du cheval. Il n’est plus seulement cette tirelire sur pattes qui court au Champ de Mars, pour reprendre l’expression de l’un de nos interlocuteurs, mais devient, peu à peu, cet incomparable compagnon de jeu et de plaisir que tous les vrais cavaliers connaissent bien.
Trop de coursiers euthanasiés
Le “sanctuaire” de l’association All Life Matters, à Bois Rouge, accueille des animaux au passé douloureux. Parmi eux, 25 anciens coursiers du Champ de Mars, agés de sept à vingt-deux ans. Ceux-là ont ainsi échappé à la mort, mais, selon nos différents interlocuteurs, il y aurait, chaque année, une cinquantaine de chevaux de courses euthanasiés à la fin de la saison. Les centres équestres, les clubs d’équitation et quelques particuliers parviennent, heureusement, à en sauver quelques-uns…
Bain de mer au Maritim
Dirigé par Jean-François Elladoo, un petit-fils et fils de palefrenier, le centre équestre de l’hôtel Maritim est particulièrement réputé pour une activité: si le cavalier ou la cavalière possède un niveau suffisant, et selon l’état de la mer, la balade peut s’achever par une baignade… Un plaisir rare.