Le 31 juillet 2019, pour la première fois depuis la crise de 2008, la Réserve Fédérale (FED) abaisse son taux directeur de 0.25% pour atteindre une fourchette entre 2% et 2.25% et le 18 septembre 2019 annonce une nouvelle baisse de 0.25%. Jeudi 12 septembre 2019 Mario Draghi, président de la BCE, annonce une baisse de 0.10% du taux directeur, déjà négatif, à -0.50% ainsi qu’une reprise du « quantitative easing ».
Comment est-ce que les banques centrales utilisent ces outils dans le cadre de leur politique monétaire et quels sont, en théorie, les effets attendus ?
Dans le cadre de leur mandat, les banques centrales ont la possibilité d’augmenter ou de réduire les taux d’intérêts directeurs afin d’atteindre leurs objectifs. Ainsi, si la BCE anticipe une baisse de l’inflation (sous le seuil de 2%) due à une baisse de la consommation et donc de la croissance, elle interviendra en baissant son taux directeur. Une baisse de taux implique une baisse du coût de l’emprunt. Du côté des entreprises, elles seront incitées à emprunter pour investir, créer de l’emploi et donc avoir un impact positif sur la croissance. Du côté des individus, une baisse des taux rend l’épargne moins attrayante et ils seront donc plus intéressés à consommer, voire à emprunter, pour de l’immobilier ou autres biens.
Cette hausse de la consommation devrait donc favoriser la croissance ainsi que l’inflation. Les anticipations de croissance et de l’inflation de la BCE ayant été revues à la baisse à 1.1%, l’annonce de Mario Draghi est donc cohérente avec la théorie. Du côté de la FED, malgré une croissance plus solide et un taux de chômage au plus bas depuis 50 ans, son action a été guidée par une incertitude sur la croissance mondiale et un taux d’inflation toujours jugé trop faible.
Le « quantitative easing » est une notion plus récente qui apparait au Japon en 2001 et sera beaucoup utilisée par les banques centrales à la suite de la crise de 2008. Le mécanisme est un rachat massif de dettes de pays ou d’entreprises sur les marchés par la création monétaire. Le principe est qu’en achetant une grande quantité d’obligations, leur prix monte et ces dernières deviennent donc moins attrayantes. Les banques, grandes consommatrices de ce type d’instrument, se retrouvent donc avec un excès de liquidité et peu d’opportunités intéressantes sur les marchés de la dette. Elles devront chercher des placements plus intéressants en finançant des entreprises ou des individus et, ainsi, injecter plus de monnaie dans l’économie.
Quel est, en théorie, l’impact sur les marchés financiers ?
En théorie, lorsque les banques centrales mènent des politiques accommodantes afin de favoriser la croissance, les marchés actions réagissent positivement et, à l’inverse, les marchés obligataires deviennent moins attrayants. Sur le marché des devises, si nous parlons de la BCE, l’Euro devrait réagir à la baisse à la suite d’une baisse des taux ou une reprise du QE rendant les entreprises d’autant plus compétitives et favorisant aussi la croissance et, donc, les marchés actions.
Si la théorie s’avère être vérifiée cela nous laisse penser que la hausse des marchés actions devrait se poursuivre car la croissance est, pour le moment, toujours soutenue par la FED et la BCE.
Quels dangers sur le long terme ?
Nous sommes dans une situation où, en Europe, les Etats, déjà surendettés sont incités à s’endetter encore plus. Qu’arrivera t’il quand les taux recommenceront à augmenter? Les états pourront ils rembour-
ser leurs dettes? S’endetter ne coûte rien et certains états sont même rémunérés pour emprunter. Cette situation ne peut-elle pas conduire à une situation d’aléa moral ? L’achat massif de titres obligataires (QE) créerait un décalage entre le risque pris par les investisseurs et la rémunération contre ce risque. Les actifs ne rémunèrent plus comme ils le devraient poussant les investisseurs à préférer des actifs plus risqués afin d’espérer avoir un minimum de rentabilité. Ne sommes-nous pas en face d’une bulle obligataire? Les marchés actions ne sont t’ils pas dopés par cet excès de liquidité ?
FED et BCE
Réserve Fédérale Américaine (FED) :
- Origine : Créée en 1913, elle est une organisation indépendante responsable de la politique monétaire américaine et de la supervision du système bancaire.
- Objectifs : La Reserve Fédérale a 3 objectifs => assurer le plein emploi, maintenir une stabilité des prix (inflation autour de 2%) ainsi que des taux d’intérêt à long terme modérés.
Banque Centrale Européenne (BCE) :
- Origine : Créée en 1999 lors de la création de l’Euro. Aussi indépendante, elle est en charge de la mise en œuvre d’une politique monétaire européenne en collaboration avec les différentes Banques Centrales Nationales.
- Objectif : Le principal objectif de la BCE est le maintien de la stabilité des prix avec un taux d’inflation ciblé à 2%.
Ce qu’il ne fallait pas rater en septembre :
- Boris Johnson perd 6 votes d’affilée à la chambre des communes
- L’OCDE rabaisse ses prévisions pour l’économie mondiale en 2020 à moins de 3%
- Attaque de drones sur deux sites de production de pétrole en Arabie Saoudite qui provoque une réduction de moitié de la production saoudienne.
L’équipe Victoria Capital Management – info@victoriacapitalmanagement.org