Somnolence diurne, troubles cardio-vasculaires, urinaires et sexuels, mémoire défaillante ou hypertension résistante aux médicaments sont les signes qui doivent alerter sur le fait que l’on souffre, peut-être, de cette maladie qui n’est pas si simple à diagnostiquer. Le Dr Uvarajen Paratian, médecin spécialisé en gestion du stress et du sommeil qui consulte à Maurice et à La Réunion, nous en parle.
La Gazette : Pouvez-vous, déjà, expliquer ce qu’est l’apnée du sommeil?
Dr Uravajen Paratian : Le Syndrome Obstructive d’Apnée du Sommeil (SAOS) ou Syndrome d’Apnée Hypopnée Obstructive du Sommeil (SAHOS) se manifeste quand on est endormi. Il est du à un relâchement musculaire, soit total (apnée), ou partiel (hypopnée) des muscles des voies aériennes supérieures, notamment ceux du voile du palais et des muscles de la langue qui viennent fermer le passage de l’air des narines, vers la trachée et les poumons. Bien que le cerveau et le cœur réagissent avec rapidité, il peut y avoir des conséquences tels que symptômes obstructifs (ronflements, pauses ou apnées respiratoires, étouffement, reflux gastro-oesophagien…), des symptômes neuro-cognitifs (micro-éveil, trouble de la mémoire, dette de sommeil et somnolence diurne) et des symptômes cardio-vasculaires (sudation intense, palpitations, hypertension nocturne, maux de tête et urination fréquente, syndrome des mouvements involontaires des membres inférieurs…).
L.G. : Pour quelles raisons se met-on à développer, d’un coup, cette maladie?
U.P. : Elle ne survient pas d’un coup. Et le diagnostic est donné à très long terme. On pense, à raison, que ronfler de temps à autre est normal. Mais quand il y a la fatigue et les autres signes cités plus haut, il est clair qu’on doit y penser au SAHOS.
L.G. : Comment savoir qu’on en souffre?
U.P. : Très souvent, la personne est hyper fatiguée, dort dans la journée, est irritable, anxieuse et, devient la victime idéale d’un accident au travail ou de la circulation. D’ailleurs un accident sur trois pourrait être du à l’apnée du sommeil. C’est souvent le partenaire qui remarque que ‘li nek ronfler’ alors que la personne qui en souffre signale ne pas dormir du tout (du fait de la fatigue). Et c’est là le diagnostic car les deux ont absolument raison!
L.G. : Existe-t-il un profil type plus susceptible de développer la maladie ?
U.P. : Tout le monde peut en souffrir, les maigres, les gros, les enfants, 8% de femmes contre 10% des hommes (entre 40 et 65 ans), sans oublier les personnes obèses et sédentaires. Le risque augmente avec l’âge car le relâchement musculaire est alors plus prononcé.
L.G. : Quelles en sont les causes et les conséquences sur la santé?
U.P. : Les facteurs qui compliquent l’apnée du sommeil sont l’alcool, le tabac, le type ethnique (les Asiatiques ont un cou plus court et donc sujets au SAHOS.). La dette du sommeil (qui entraîne stress, irritabilité, anxiété,…etc) donne des personnes somnolentes, sujettes à des pertes de mémoire, peu concentrées dans leur travail. La prescription de somnifères pour résoudre ces troubles est un vrai problème plaçant le patient dans un cercle vicieux qui peut durer des années, avant qu’un diagnostic approprié ne puisse être posé.
L.G. : Quels sont les remèdes et peut-on en guérir définitivement ?
U.P. : Cela dépend des causes de ces obstructions, mais on peut commencer par observer une bonne hygiène de vie, la perte de poids, un examen cardiologique et ORL. Les appareillages sont indiqués, si après un enregistrement du sommeil, on trouve un indice d’apnée hypopnée (IAH).
L.G. : Un conseil important pour nos lecteurs: que faire pour bien dormir?
U.P. : On passe un tiers de sa vie à dormir, donc sur un lit, et deux tiers de sa vie dans une paire de chaussures. Pourtant, on investit pas suffisamment dans ces deux éléments. Il faut bien choisir son lit, son matelas, ses draps, son rituel de pré-sommeil. Il est capital d’éviter les excitants (café, vitamines, lumière, tabac, drogues, tout type d’écran, chargeurs branchés…) De même qu’il faut apprendre aux enfants l’importance du sommeil car la mémorisation et l’apprentissage chez eux sont capitales. La résolution de cette problématique devrait être un enjeu de santé publique, un projet de société. L’indice de réussite d’un pays ne se juge pas que sur son aspect économique mais sûrement sur son indice de bonheur.
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