Le monde est en guerre contre l’usage excessif de pesticides et d’autres produits chimiques dans les cultures. Ce mouvement a atteint notre île et l’Etat Mauricien s’est fixé un objectif : 50% de notre production agricole totale aux normes de l’agriculture biologique en 2020. Plusieurs projets sont en chantier afin de relever ce défi, que les acteurs du secteur bio trouvent ambitieux et difficilement réalisable. En même temps, une confusionn règne dans le pays, entre agriculture biologique et raisonnée. Constat.
Le 9 mai 2016, le gouvernement a émis un communiqué invitant les agriculteurs à bénéficier du Bio-Farming Promotion Scheme, dans le but d’encourager le développement de l’agriculture bio à échelle commerciale. Tous ceux voulant bénéficier de ce programme de formation et de financement devront se plier aux normes de certification MauriGap 1. Ils devront implémenter ces normes dans leurs cultures dans une période ne dépassant un an. Les normes MauriGap 2 et 3 suivront et les agriculteurs embarqués dans ce programme devront également être certifiés à ces normes.
Lors du lancement d’une session de formation des instructeurs au programme « Bio-Farming : MauriGap Level 1 », Mahen Seeruttun, le ministre de l’Agriculture, avait indiqué que « nous devons encourager les agriculteurs à shifter de l’agriculture conventionnelle, actuellement basée sur l’usage excessif d’intrants chimiques, vers l’agriculture biologique ». Cependant, il avait ajouté c’est un long procédé. « Afin de démarrer cette conversion, le ministère a développé la norme MauriGap 1, qui est la norme de base pour la production sous les systèmes agricoles bio. »
Confusion
Cependant, lors de notre enquête, nous avons compris que la norme MauriGap n’est pas une norme de l’agriculture biologique, mais de l’agriculture raisonnée. « Le Bio-Farming, est un programme lancé pour soutenir la vision d’une ile Maurice propre sans intrants chimiques. Il englobe aujourd’hui le projet de la Smart agriculture qui prône une agriculture raisonnée permettant la conversion en douceur des cultures conventionnelles vers l’agriculture organique. Sont aussi inclus ; le GlobalGap et le MauriGap, deux certifications de production avec usage modérés d’intrants chimiques selon des normes raisonnées », explique Géraldine d’Unienville, présidente de l’association Le Vélo Vert.
Donc, il y aurait une confusion. Ce que le gouvernement qualifie de Bio-Farming, que nous traduisons en agriculture biologique, est en réalité de l’agriculture raisonnée. « Il est évident que consommateur mauricien que nous sommes, on peut s’y perdre. Peut être que le terme Bio-Farming dans ce contexte devrait il être revu et remplacé par un terme moins équivoque », avance Géraldine d’Unienville. Malheureusement, nous n’avons pas eu de réponses à nos questions au niveau du ministère de l’Agriculture.
Pour avoir une autre explication, nous nous sommes tournés vers la Chambre d’Agriculture. « Il faut que les choses soient claires, l’agriculture biologique et l’agriculture raisonnée sont deux méthodes de production qui mettent en avant des pratiques agricoles différentes pour la production de nos fruits et légumes. Chaque type de production aura des critères de sensibilité variables sur l’utilisation des intrants tels que semences, engrais ou produits phytosanitaires. L’agriculture bio est un type de production reconnue internationalement mettant en avant des critères de productions très précis avec une élimination complète d’utilisation de produits phytosanitaires chimiques. L’agriculture raisonnée mettra en avant la création de cycles de vie, la remise en place d’écosystèmes pour lutter contre les bio-agresseurs tout en permettant une utilisation judicieuse et raisonnée de produits phytosanitaires », explique Jacqueline Sauzier, secrétaire générale de la Chambre d’Agriculture de Maurice.