Depuis une dizaine d’années, l’association des assureurs mauriciens regroupe 90% des compagnies d’assurances locales, œuvrant dans un souci collectif de faire avancer les réglementations, législations et réformes gouvernementales du secteur. Nous avons rencontré Bertrand Casteres, Président de l’association et CEO de la Mauritius Union Assurance (MUA) afin d’en savoir un peu plus sur ce secteur clé.
Quels sont les objectifs et les enjeux de cette association ?
B.C. L’objectif de cette association est de pouvoir s’allier sur tous nos points de convergence lors de discussions auprès des différents ministères. Nous essayons de faire avancer les choses collectivement, car nous sommes plus forts ensemble. Il y a des enjeux nationaux, notamment au niveau des réclamations automobiles, qui est le principal marché à Maurice. L’association est consultée dans le cadre de projets de lois, de réformes, afin de faire avancer le système sur des problématiques de marchés, des problématiques de risques ou d’assurances.
Comment arrivez-vous à vous unifier malgré la concurrence qui existe entre chaque compagnie d’assurance ?
B.C. Nous avons des sujets de compétitivité, mais on a encore plus de sujets sur lesquels nous sommes alignés. Par exemple, nous sommes en discussion avec le régulateur pour avoir une réglementation KYC (Know Your Clients) centralisée. Aujourd’hui nous devons faire une analyse de nos clients dans le cadre de la lutte contre le blanchiment d’argent. Le gouvernement, pour avancer dans ce projet-là, a besoin de données, de statistiques. Les assureurs sont désireux de collaborer afin d’améliorer la démarche de KYC, afin qu’elle soit notamment digitalisée, plutôt que de demander aux clients de se déplacer dans une agence avec les documents originaux.
Nous travaillons également sur la réforme de l’assurance automobile, avec des projets de loi en préparation sur des réformes concernant les jeunes conducteurs, les conducteurs plus âgés, et la demande de mise en place d’un certificat médical et de permis probatoires. Pour cela, le gouvernement, dans le cadre de sa stratégie de sécurité routière, a tout intérêt à ce que les assureurs marchent main dans la main.
Le marché des assurances a-t-il été fortement impacté par la crise du Covid-19 ?
B.C. Notre secteur a en effet été très impacté, comme tous les autres, mais nous avons un délai d’impact qui est plus long que pour d’autres secteurs, car un assureur touche ses primes en début d’exercice. Au niveau du chiffre d’affaires, les impacts se font sentir lors du renouvellement car les clients impactés par la crise vont revoir leurs sommes assurées et vont parfois préférer faire porter les risques sur eux plutôt qu’à une assurance. Nous avons également des problèmes de recouvrement en ce qui concerne l’assurance non-vie. En assurance-vie, nous avons été étonnés de voir que les Mauriciens, en cas de crise, se sont réfugiés dans des plans d’épargne, dans un but de sécuriser le futur.
Il semblerait que la crise, au niveau mondial, a fait prendre conscience à de nombreux secteurs l’’importance de digitaliser ses services. Est-ce le cas pour les assurances ?
B.C. Lorsque nous sommes entrés en confinement, l’ensemble des assureurs avaient à cœur de continuer à honorer leurs engagements auprès de leurs clients et apporter un service. Ceux qui étaient déjà préparés à la digitalisation de leurs services et leurs processus arrivaient à être beaucoup plus efficients que ceux qui travaillaient encore plutôt de manière traditionnelle. Les compagnies d’assurances qui sont en retard avaient donc tout intérêt à accélérer leur processus de digitalisation, d’autant plus que lors du confinement, les clients étaient demandeurs de ces services en ligne. Cette crise a donc sans aucun doute accéléré la digitalisation de notre secteur.