Le terme est connu, la formule n’est pas nouvelle, mais le brunch se réinvente sans cesse. Au Grain d’Sel, le restaurant du Hennessy Park Hotel, on réalise que c’est selon la capacité des restaurateurs à cerner les attentes de ceux qui ont l’estomac qui se réveille tard et pour qui l’acte de foi du dimanche consiste à répondre à l’injonction « Prenez, et mangez ».
Et l’appétit vient en mangeant.
Le menu n’emprunte pas vraiment des formules des origines. Les saucisses, les œufs et les fèves à la sauce tomate outre-Atlantique rappellent peut-être un peu trop les traditions anglo-saxonnes. S’inspirant de traditions culinaires de plusieurs horizons, le Grain d’Sel propose une déclinaison mauricienne bien plus riche. On le constate déjà dans les verrines où l’on trouve un calamar à la sauce vindaye et de l’autre des lamelles de viande façon Thai. Dans les plats chauds, on n’hésite pas à proposer le riz avec le butter chicken indien, le poisson black beans chinois, le gratin de légumes et les spaghettis qui apportent le clin d’œil à l’Europe. Pour ceux qui ont un joli coup de fourchette, le buffet fait place à un gigot d’agneau rôti, un saumon entier fait au four ainsi qu’un poisson bar tropical. Avec les pâtisseries et les fromages, si ce n’est pas copieux, ce ne sera jamais assez. A un peu moins de Rs. 1 000, la formule se compare avantageusement aux 25 Euros des bonnes tables parisiennes. Le masque est de rigueur pour traverser la salle afin de se rendre jusqu’au buffet. Cela n’entame pas la bonne humeur des différentes tablées. Au contraire. Les masques tombent dès que les convives sont assis ; entre gazouillis et bourdonnement, la causette rythme la dégustation. Il y a une semaine à se raconter, il y a à boire et à manger. L’hôtel d’affaires s’affiche en ligne avec son protocole sanitaire dans ce rose devenu caractéristique des préférences mauriciennes en matière de coloris. Julien Glannes a voulu faire de son établissement un hôtel qui célèbre l’art ; il y est parvenu. Mais, à force de réaliser des événements en nocturne, on se laissait davantage porter par le joyeux brouhaha des mondanités que porter attention aux œuvres exposées. Mais voilà, en ce dimanche matin, les murs du Hennessy font cimaise pour consacrer l’art contemporain qui s’éclaire à la lumière naturelle. Et ainsi le brunch refait les branchés.