En 2023, la galerie Imaaya aura 15 ans. Faut-il que Charlie d’Hotman, sa fondatrice, aime l’Art et les artistes pour inlassablement vouloir présenter leurs œuvres au public ! Cette persévérance est gage de qualité. L’exposition du peintre Evan Sohun en août achèvera d’en convaincre. Jean-Louis Floch
Charlie d’Hotman pourrait-elle être une artiste exposée chez Charlie d’Hotman ? La question se pose quand on apprend qu’elle a fait, de 18 à 22 ans, des études artistiques à Londres. La question se pose surtout quand on converse avec elle. Pour avoir discuté avec d’autres galeristes, on comprend qu’elle est faite d’une autre pâte. On n’a pas affaire à une marchande. Si elle déplore un contexte financier peu facile, c’est parce que ça l’empêche de faire plus et mieux. Son verbe n’est pas carnassier mais doux, son propos est sensible et profond. On parle de la question de la création, de la singularité, de la critique… de son enfance un brin anglaise, par sa mère, qui l’a peut-être ouverte à des horizons lointains toujours propices à l’imaginaire et au non-conformisme, deux qualités propres aux artistes.
Sensible mais lucide
En réalité, Charlie d’Hotman est artiste et dans l’expo de groupe inaugurale d’Imaaya, elle avait présenté deux de ses propres œuvres… mais elle a décidé d’être galeriste et son temps lui est compté. Se soucier des autres artistes mauriciens, les rencontrer, les soutenir, les convaincre est d’autant plus chronophage qu’ils sont un peu trop coupés du monde, loin des grands enjeux de leur fonction dans la société : la question de l’Art, son histoire, les bienfaits de l’échange et de la critique… au risque de ne pas développer toute la puissance de leur vision. Son âme d’artiste ne lui interdit donc ni la lucidité ni, parfois, le doute ! Pourtant, dans son magnifique espace de plus de 200 m2, elle a présenté tous les artistes que compte l’île, de Roger Charoux, lumineux vétéran, aux jeunes loups en devenir. Et elle se démène, tente des rencontres, organise des ateliers de création, opère des partenariats avec l’IFM, le Hennessy Park Hotel, Moka Smart City et a développé, Covid oblige, son activité en ligne avec un certain succès.
Lucide mais tenace
Car Charlie est une galeriste tenace. On aimerait connaître les raisons de cet engagement pour les autres. Le goût de l’Autre, elle l’a déjà lorsque, rentrant d’Angleterre après ses études et pensant repartir, elle décide finalement de rester et organise des ateliers d’expression graphique pour les enfants… On ne se refait pas ! Alors, elle continue. En août, elle exposera Evan Sohun, un jeune peintre prolixe qui, à ses yeux, est véritablement engagé dans une démarche puissante, qui se pose des questions sur le sens de son art, qui, se réinventant, réinvente le monde en une matière authentiquement singulière. Cette exposition fera événement. Et redonnera à Charlie une raison de continuer à faire vivre Imaaya !
IMAAYA, The Cubicle, Royal Road, Phœnix
Tél : 605 82 56
Site : www.imaaya.com
Mail : today@imaaya.com