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dimanche, novembre 24, 2024

A fond le sport?

Attribution d’un budget pour encourager la jeunesse à la pratique d’un sport et se donner les moyens de briller aux prochains Jeux des Îles de l’Océan Indien et Jeux Olympiques sont parmi les grands axes fixés par le ministère de La Jeunesse et des Sports qui chapeaute une quarantaine de fédérations. 

Les athlètes locaux ont commencé à rythmer leur quotidien sur les trois échéances que sont les dixièmes Jeux des Îles joués sur leur terrain entre les 18 et 29 juillet 2019, les JO de 2020 à Tokyo et de 2024 à Paris. Objectif visé?… Que l’ancien boxeur Bruno Julie, unique médaillé olympique (2008) soit rejoint sur le podium par d’autres champions.
Première étape, Rs 18M du budget sport 2017-2018 ont été attribués à l’entraînement des athlètes et le recrutement de techniciens étrangers, en premier lieu pour les Jeux des Îles. Sur cette même ligne budgétaire, une autre enveloppe de Rs 20M a été réservée pour convaincre les Mauriciens, en particulier les jeunes qui constituent le vivier de futurs champions, à se mettre au sport « dont les filles pour les tenir loin des fléaux sociaux, et promouvoir les séances d’exercices physiques sur les lieux de travail ».

Le système éducatif peu favorable sport

Devrions-nous conclure que les jeunes ne sont pas sport à Maurice? Les services du ministère n’ayant pas répondu aux sollicitations de La Gazette sur la nature des mesures concrètes visant à amener les jeunes dans le giron de l’exercice physique, Vivian Gungaram, président de l’Association d’Athlétisme Mauricienne répond volontiers à nos questions. Pour celui qui s’est engagé dans le Comité Olympique Mauricien (COM) durant 29 ans, d’abord en tant que vice président et ensuite secrétaire général*, la réponse est clairement non!

Vivian, Gungaram, véritable mémoire de l’histoire du sport à Maurice préside aujourd’hui l’AMA, l’Association Mauricienne d’Athlétisme

Bien que les autorités aient pris conscience de cette réelle nécessité en intégrant des heures de sport dans le programme scolaire, parents comme enseignants font encore barrage. Les premiers visent la réussite et les diplômes académiques et noient leurs enfants sous les cours particuliers le soir après les classes, les seconds prennent la liberté de remplacer le sport à l’école par une autre matière, et c’est cela la réalité!”, regrette t-il.

Bien que l’athlétisme ne soit pas la discipline que séduise le plus, “car si on joue au foot, on s’entraîne au 200m ou à la boxe et la notion d’effort rebute”, Maurice a eu maintes fois l’occasion de rayonner lors de championnats internationaux grâce à cette discipline.

Tous les Mauriciens se sont émus des performances de Stéphane Buckland, cet athlète du 200m ayant participé aux JO par quatre fois. Multiple médaillé des Jeux des Îles de l’Océan Indien, médaillé d’or des Jeux de la Francophonie, quatrième aux Championnats du monde d’athlétisme, il est l’homme le plus rapide que Maurice ait jamais connu. Eric Milazar atteindra les quarts de finale du 400m aux JO de 2000, puis une quatrième place lors de la demi-finale aux JO de 2004. Cette expérience acquise aux JO lui a permis de régner sur l’Afrique en devenant le seul athlète à avoir été champion d’Afrique trois fois d’affilée (2000, 2002 et 2004). Et que dire de Bruno Julie, unique champion olympique, avec une médaille de bronze remportée à Pékin en 2008, une première dans l’histoire sportive mauricienne! 

Pas de professionnalisation, pas de champions

La problématique du sport de haut niveau “c’est qu’il n’est pas professionnel” martèle Vivian Gugaram, car si le ministère de la Jeunesse et des Sports recrute bien des entraîneurs, ils  “entraînent” à côté de leur métier, pas à temps plein. «Ce sont des personnes passionnées qui donnent de leur temps ». Pour atteindre l’objectif de « faire de Maurice une nation sportive », comme déclaré par le ministre de la Jeunesse et des Sports Stéphan Toussaint, un budget de Rs 300M étalé sur 3 ans entre 2017 et 2019 sert à la rénovation de dix-sept infrastructures pour les rendre praticables, et par les fédérations et par le grand public. Ce budget sert aussi à la construction de complexes multi-sports à Port-Louis et à Triolet, ainsi qu’une piscine à Curepipe et un parc de loisirs à Quartier-Militaire. Des travaux qui s’accompagnent de la mise en oeuvre d’un nouveau complexe se voulant de niveau international, avec un stade de 15000 places, un Palais des sports et un centre aquatique à Côte D’Or: le prix de son statut de pays d’accueil pour les prochains Jeux des Îles! 

Les autorités font des efforts, car au delà de la compétition, il est question, laisse entendre Vivian Gungaram, de santé publique quand on connaît les ravages causés par le diabète. Mais si Maurice veut se distinguer aux prochaines rencontres de 2019, mais surtout de 2020 et 2024, chaque fédération doit établir sa vision, sa stratégie et mettre en oeuvre les moyens pour l’exécuter.

L’AMA commence à identifier les futurs champions

On se souvient de la piètre performance mauricienne de 2015 – que 2019 doit faire oublier – en remportant seulement trois médailles de bronze en volley-ball (masculine et feminine) et en football masculin. “Si nous devons progresser pour gagner au plus haut niveau, les fédérations doivent appliquer l’entraînement scientifique” assène Vivian Gungaram, “c’est à dire que le suivi nutrition, médical et psychologique doivent accompagnent l’entraînement physique”. Difficile d’y croire alors que, déjà, les entraîneurs ne le sont pour la majorité que de nom et le budget de l’AMA de l’ordre de Rs 7M cette année. “Mais je reste positif”, sourit celui qui en a vu d’autres en 29 ans de COM. Et à juste titre, puisque dans cette optique de préparation de champions de haut niveau, les autorités compétentes ont octroyé à l’AMA six centres d’entraînement associés à des équipements de base, dont un situé à Rodrigues. Occupé  par quinze athlètes et deux entraîneurs chacun, ces derniers ont commencé à fonctionner depuis janvier. “A nous d’identifier maintenant les plus prometteurs pour les accompagner jusqu’aux prochains JO”, conclut le président de l’AMA.

Les anciens champions entendus

Après avoir touché les étoiles, de nombreux athlètes ont declaré se sentir abandonnés par leurs pays. Ils ont été enfin entendus… Les sportifs ayant ramené des médailles des Championnats d’Afrique, aux Jeux d’Afrique, aux Jeux de la Francophonie, aux Jeux du Commonwealth, aux Championnats du monde et aux Jeux Olympiques et Paralympiques perçoivent une aide financière de l’État d’un montant mensuel variant entre Rs 3 000 et Rs 10 000, autre mesure du budget sport 2017-2018. 

* Reconnu comme un incontournable du milieu, le Président de l’Association Mauricienne d’Athlétisme (AMA), est également consultant au sein de l’International Association of Athletics Federation (IAAF) et en tant que représentant du COM au sein Comité Organisateur des Jeux des îles (COJI).

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