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jeudi, novembre 21, 2024

À la découverte du… Fruit le plus rare

Certains élèves du lycée des Mascareignes étaient déçus que le cyclone Belal les empêche d’aller en classe, le 15 janvier dernier, car ils devaient rencontrer la romancière Gaëlle Bélem autour de son dernier roman, Le fruit le plus rare, dont ils avaient étudié le texte et tiré quelques questions. La rencontre n’a pas eu lieu mais l’histoire d’Edmond Albius les a marqués Dominique Bellier

Gaëlle Bélem a surpris en 2020 avec son premier roman Le monstre est là, derrière la porte, une satire très enlevée des misères sociales actuelles dans son pays. Elle devenait ainsi la première Réunionnaise éditée chez Gallimard et la ville de Saint-Denis lui a décerné le Grand prix du roman métis.

L’an dernier, elle a encore pris ses lecteurs à revers en changeant complètement de sujet, remontant dans le temps et les archives, pour raconter la vie de l’esclave botaniste qui a mis au point la technique de fécondation de la fleur de vanille, enrichissant par ce geste, des dizaines de planteurs qui se sont mis à exploiter ce fruit si particulier, présent dans la majorité des foyers, sous une forme ou une autre, en cuisine ou dans la salle de bain…
S’il a connu un destin exceptionnel par rapport à ses semblables esclaves, Edmond Albius n’a de son vivant jamais eu la reconnaissance qu’il méritait pour sa découverte. Des colons se sont tout bonnement enrichis sur son dos, estimant que c’était dans l’ordre des choses. L’abolition de l’esclavage, en 1848 dans cette île française, n’a guère inversé la trajectoire de ce destin néanmoins fascinant.

Gaëlle Bélem voulait sortir de sa zone de confort en choisissant un personnage historique, mais elle reste ici fidèle à son « amour des perdants chroniques et des losers professionnels qui évoluent dans une société où il leur est interdit de progresser », nous disait-elle au téléphone, alors que Belal commençait à s’éloigner de Maurice. « Je viens moi-même d’un milieu modeste et leur histoire m’émeut. » Étudiante en terminale scientifique, Naël Schaouqi a éprouvé du plaisir à lire ce roman « moins brut que les cours de botanique. J’étais surprise d’apprendre que la fécondation de la vanille a été découverte par un esclave et de réaliser grâce à ce livre toutes les répercussions que ça a eu ensuite… » Déçue lundi de ne pas pouvoir rencontrer l’autrice, Alexia Hardy, en 1re scientifique, a beaucoup aimé « cette histoire vraie, qui a une réelle importance dans l’histoire culturelle de la Réunion ». L’enseignante mauricienne en lettres, Marie Baucheron, estime que ce roman permet de s’interroger sur cette mini-France qu’on essaie de recréer dans l’île sœur et sur la représentation du monde que l’on se fait dans la rencontre de l’autre… En effet, même s’il est son esclave, Edmond ne cesse de fasciner son maître, Ferréol, qui l’initie à la botanique, et ouvre la boite de Pandore des espèces tropicales…

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