Après avoir lancé fin mars l’Indian Ocean Marine Life Foundation (IOMLF), ainsi que le film Cachalots, une affaire de famille, le réalisateur René Heuzey et l’océanographe François Sarano ont présenté fin avril ce que le clan d’Irène Gueule Tordue leur a appris…
Les fondateurs de l’IOMLF étudient depuis dix ans le clan d’Irène Gueule Tordue, avec ses 17 femelles et 11 immatures, levant le voile sur les interactions de ces mammifères doués d’une grande intelligence sociale. Les observant discrètement en plongée, les scientifiques ont dressé la carte d’identité de chaque membre et enregistré naissances et disparitions, en s’appuyant sur la reconnaissance visuelle et sur les analyses génétiques des peaux mortes qu’ils perdent naturellement. L’arbre généalogique complet de tout le clan permet de repérer les interactions familiales, de découvrir la fidélité des mâles ou encore le rôle des nounous allaitantes quand la mère est partie, et de la puéricultrice Germine qui s’occupe de la crèche tout entière…
Autre nouveauté, l’enregistreur Jason mis au point par l’acousticien du CNRS Hervé Glotin ouvre un nouveau champ de recherche en analysant les sons au millionième de seconde près. Faites de successions plus ou moins rapides de clics, les expressions sonores évoluent selon l’âge et le sexe.
Les étudier permet littéralement d’entrer dans leur intimité : constater qu’un grand mâle converse avec les jeunes en cercle autour de sa tête, qu’untel réclame la tétée ou qu’unetelle est amie de telle autre… Cette année, les clics vont se substituer aux yeux des chercheurs dans les abysses, pour retracer les trajectoires de chasse de chacun, les temps de recherche par écholocation, le nombre de proies, etc. L’équipe travaille aussi sur l’identité sonore de chaque clan…