Abaim s’est lancé en 2019 dans un programme d’échanges et de recherche avec des organisations finlandaises et népalaises, qui vise à renforcer leurs activités éducatives et patrimoniales et à terme, à impacter l’éducation formelle.
Dominique Bellier
Abaim a connu bien des succès, comme les concerts Ti marmit qui ont tourné pendant des années dans tout le pays, ou encore la comédie musicale Tizan ar so 8 frer, qui a donné lieu à un magnifique livre souvenir. La dénomination de l’Association pour le bien-être des aveugles de l’île Maurice est devenue désuète tant ses actions se sont étendues au-delà de ce que cet acronyme originel raconte.
Abaim a fêté ses quarante ans l’an dernier. En 2020, elle a reçu l’accréditation de l’Unesco, pour son travail de recherche et création, d’éducation et transmission, autour de la langue créole et de la musique traditionnelle. Mais depuis 2019, l’association de Beau Bassin, présente aussi au Morne et à Grand Baie, s’est lancée dans un programme d’échange et recherche avec des organisations associatives et universitaires de Finlande et du Népal qui œuvrent dans les mêmes domaines du développement de l’enfant, à travers l’expression artistique et la musique traditionnelle. Elle a d’ailleurs reçu leurs représentants en octobre dernier.
L’Académie Sibélius est internationalement reconnue pour son approche créative et innovante de l’éducation musicale patrimoniale. Aussi le programme d’activités lancé avec son appui, celui de l’Institut finlandais de musique folklorique et l’organisation népalaise Echoes in the valley, va-t-il permettre au-delà du transfert d’expérience d’établir scientifiquement la preuve de la pertinence de la pratique musicale traditionnelle dans les processus éducatifs.
Des ravannes à Helsinky
« Après toutes ces années de travail et d’accomplissements avec les enfants, explique Alain Muneean d’Abaim, nous pensons avoir réuni suffisamment de données sur l’importance de la culture dans le développement de l’enfant, pour convaincre les autorités de se pencher sur ces questions. »
Le Dr Vilma Timonen de l’Académie Sibélius se charge d’un ambitieux programme de recherche qui puisera ses données de terrain de l’expérience des associations des trois pays concernés. Il s’agit par exemple de voir comment leurs processus d’éducation musicale revitalisent le patrimoine culturel du pays, en intégrant des objectifs de justice sociale et culturelle. Convaincus de l’impact efficace et bénéfique de ces pratiques sur le développement de l’enfant, les partenaires du projet ne cachent pas leur souhait que ce patrimoine culturel local intègre un jour l’éducation formelle.
Après avoir reçu les Népalais, les organisations finlandaises ont accueilli l’an dernier les dirigeants et quatre jeunes membres d’Abaim. Ces derniers ont même enseigné la ravanne et des chansons mauriciennes à leurs interlocuteurs finlandais. Les données rassemblées par les chercheurs génèreront quatre publications scientifiques et une série de webinaires ouverts au public. Ce dernier découvrira aussi des “cartes postales vidéos” sur la création de pièces musicales dans chaque organisation. En attendant, en 2024, Abaim met le cap sur le Népal pour participer à un festival culturel !