Sur le haut plateau central de Madagascar, la ville d’Antsirabe a marqué l’histoire de la Grande Île. A environ 100 km au Sud d’Antananarivo, elle n’est pourtant plus qu’une étape agréable pour les touristes qui descendent dans «le Grand Sud». On en oublierait presque qu’elle fut, pendant longtemps, la ville malgache la plus appréciée de la bonne société locale et des hautes personnalités étrangères.
Un climat doux et tempéré, sans excès d’aucune sorte. Une terre grasse et riche… Les dieux semblaient avoir donné à cette région, tous les atouts pour devenir un centre humain de première importance. D’autant qu’une source d’eau chaude et bienfaitrice, connue depuis toujours par les populations locales, y est «découverte», au milieu du XIXème siècle, par des pasteurs protestants norvégiens, qui ont établi leur mission dans ce qui n’est encore qu’un petit hameau, baptisé Antsirabe. Et l’Ecole royale de médecine d’Oslo, qui analysa l’eau de cette source miraculeuse, en 1875, y découvrit les éléments suivants: fer, calcium, magnésium, silicium, bicarbonate de soude et un peu de chlore. Plus tard, on s’apercevra même qu’elle était faiblement radioactive… Marie et Pierre Curie viendront d’ailleurs étudier un minerai local, la béfalite.
En 1897, est inauguré l’Hôtel des Thermes. C’est, tout simplement, le premier palace de l’océan Indien. Les gouverneurs et administrateurs français viendront s’y détendre, comme le fera, plus tard, Philibert Tsirana, le premier président de la République de Madagascar. Le général de Gaulle y séjournera. Tout comme le roi du Maroc Mohammed V et son fils (le futur Hassan II), tous deux exilés sur la Grande Île.
La bourgade d’Antsirabe profite, bien sûr, de l’engouement pour les cures thermales… On y construit une superbe gare ferroviaire, on trace de grandes avenues, et la haute bourgeoisie tananarivienne s’y fait construire de belles villas.
Une ambiance plus détendue qu’à Antananarivo
Après être longtemps tombé en décrépitude, l’hôtel a été très bien restauré, et il est toujours possible d’y séjourner… Quant aux thermes, si elles ne sont plus fréquentées par des célébrités et des puissants, elles drainent toujours une foule constante de malades et de blessés qui placent tous leurs espoirs dans les vertus curatives des eaux de cette source. Goutte, épilepsie, stérilité, problèmes dermatologiques, hépatiques ou gastriques…, l’eau des thermes est réputée bénéfique pour à peu près tous les maux. Et si elle ne guérit pas forcément, elle soulage. Et dans un pays où le système de santé est en piteux état, c’est déjà beaucoup.
Mais le sous-sol de la région contient d’autres richesses! Les mines d’or de la région sont parmi les plus riches du pays, et l’on extrait toujours localement des pierres précieuses ou fines. On peut donc aisément acheter, en ville des rubis, saphirs, améthystes, topazes, tourmalines, aigues-marines, béryls ou citrines. De préférence dans des boutiques officielles, aptes à délivrer les certificats indispensables au passage en douane…
La ville, elle-même, a souffert des longues crises politiques et économiques qui ont secoué le pays au cours des trente dernières années. Les nids de poule se sont creusés et la poussière s’est infiltrée partout… C’est sans doute pour cela qu’Antsirabe est négligée par la plupart des voyageurs. Elle mérite pourtant bien qu’on s’y attarde. L’architecture peut rappeler celle d’une ancienne sous-préfecture française et l’ambiance y est bien plus détendue qu’à Antananarivo. Autre particularité, Antsirabe est le royaume des «pousse-pousse». Un dicton local prétend même qu’il y en a, ici, autant que sur le reste de l’île!
Gastronomie et randonnées
Jacques, un Français qui s’est installé à Antsirabe, il y a une trentaine d’années, en fait volontiers la promotion : «Autour d’Antsirabe, explique-t-il, on produit du foie gras, du fromage…et même du vin. Tous les samedis, à quelques kilomètres d’ici, se déroule un important marché aux zébus. Les restaurants d’Antsirabe font donc partie des meilleures tables de Madagascar. La campagne permet de faire de superbes randonnées, à pied, à cheval ou en quad, vers les lacs Tritriva et Andraikiba! Et il n’y a pas, ici, les problèmes de sécurité que l’on peut rencontrer dans la capitale…»