La Gazette Mag

Au-delà des étiquettes !

Notre île est l’archétype d’un métissage culturel et culinaire aux sources de son identité, servant depuis toujours ses intérêts économiques et touristiques. Mais à l’instar des enjeux environnementaux et sanitaires mondiaux, ses ambitions s’appuient également aujourd’hui sur la valorisation des produits locaux, pratiques durables et circuits courts, pour sensibiliser le consommateur aux bienfaits nutritionnels d’une (nouvelle) alimentation soignée. Delphine Raimond

L’essor du végétal

Fervent défenseur de l’approvisionnement local issu d’une agriculture engagée, le groupe hôtelier Attitude intègre dans sa restauration toutes les notions de durabilité. De l’optimisation des déchets alimentaires aux actions écoresponsables (retirer le saumon de la carte, étendre l’offre vegan à 30 % dans tous les hôtels du groupe, etc.), en passant par la formation, aux côtés d’Ecoshe, des équipes sur l’alimentation végétale, les initiatives se multiplient et fonctionnent ! Accompagné par le maître en la matière, le chef français Alexis Gauthier, le groupe souhaite créer un modèle plus inclusif s’adressant à tous. Aurélie Souchon, la F&B Support Specialist, l’explique : « Nous privilégions des alternatives végétales faites maison, afin de réduire notre empreinte carbone dès que possible, tout en rendant l’offre désirable et accessible à tous. Notre objectif est de la proposer non pas comme une alternative, mais comme une expérience culinaire gourmande à part entière ! Il ne s’agit pas d’imposer un choix, mais d’inviter à la découverte. »

Les idées reçues

« Certains peuvent être réticents, nous précise Aurélie, associant l’idée de manger végétarien ou vegan aux notions de mode passagère, de restrictions, d’absence de saveurs ou de plaisir. S’il reste du chemin à parcourir, l’intérêt pour une alimentation plus durable s’installe et nous devons casser les préjugés. » Ecoshe œuvre à la démystification de l’image d’une cuisine fade ou peu rassasiante ; la formatrice Heather Drummond le confirme : « La richesse et la profondeur du sujet ne cessent de nous étonner ! Plus nous explorons, plus nous sommes inspirés. »
À propos de la formation des équipes, Aurélie Souchon admet que « changer les habitudes culinaires bien ancrées prend du temps ; le personnel peut avoir besoin d’une inspiration et d’une motivation régulières pour maintenir son engagement ». Sur le terrain, Heather constate : « Malgré une certaine résistance initiale, plus de 40 % des participants ont souhaité réduire leur consommation personnelle de viande, de produits laitiers et d’œufs, après avoir découvert les alternatives végétales. Un chef est même venu me voir (rires), pour me dire : « Regardez ce que vous avez fait, maintenant le personnel demande plus de plats vegan à la cantine ! » Lors d’un déjeuner-buffet, ajoute-t-elle, nous avions proposé un délicieux curry thaï vegan que beaucoup de clients contournaient, mais une fois que nous avons retiré l’étiquette, le plat a été vidé et personne n’a fait la moindre remarque quant à un manque de quelque chose… Cela prouve bien qu’un met savoureux se suffit à lui-même ! »

Selon la diététicienne-nutritionniste Vandana Gujadhur, « s’il est bien planifié, le régime vegan apporte les mêmes avantages nutritionnels qu’une alimentation omnivore équilibrée, à condition qu’il comprenne une variété d’aliments à base de plantes ». Sa consœur Claire Menguy cite l’Association américaine de diététique qui précise que ladite alimentation, bien menée, est appropriée à tous les stades de la vie, y compris la grossesse et l’allaitement, mais souligne la nécessité d’un bon accompagnement professionnel, puisque « certains nutriments ne sont pas ou peu présents et que des études montrent une possible exposition à certaines carences ».

Les catalyseurs locaux

Des producteurs et distributeurs investis

À la tête de Proxifresh, Yan Mayer, ne cesse depuis 2010 de grandir et d’innover. Comptant aujourd’hui 200 employés à Maurice et une centaine au Rwanda, l’entreprise qui produit 40 % de sa consommation électrique et vise la neutralité carbone à l’horizon 2030, transforme 60 à 70 % des produits en surplus, pour les revendre, les donner aux éleveurs pour leurs animaux ou aux ONG à travers Foodwise. Les fruits et légumes de la marque phare VegMe, dotés d’un fort capital confiance, sont issus d’une agriculture raisonnée. Mais dans un secteur – et sur un territoire insulaire – en proie à de nombreux défis écologique et climatiques, Yan fait preuve de résilience : « Nous devons trouver des partenaires locaux ayant la volonté d’investir dans l’agriculture saine, la production qualitative, face à la pression qu’imposent nos clients sur les prix. Acheter au moins cher incite le producteur à maximiser le rendement, au détriment des critères qualitatifs. » Une situation navrante que Yan déplore, convaincu que Maurice peut assurer une agriculture durable : « Le message à nos clients est toujours le même, nous visons des projets à long terme privilégiant la qualité, et avons des solutions à partager… il ne manque qu’un engagement de tous les acteurs. Laissons de côté la logique à court terme du prix toujours plus bas qui tue la filière ! »

Selon Yovan Jankee, Sustainability & Communication Manager chez Panagora (filiale du groupe Eclosia), le défi principal du distributeur est de continuer à faire le pont entre le mieux-manger et la réalité du quotidien des Mauriciens, car les marques bio, minoritaires dans les rayons, restent chères, compte tenu des coûts d’importation. « Nous rendons l’alimentation saine plus simple, plus abordable, sans être élitiste, lançons des campagnes éducatives, des initiatives comme Moris Solider ou la publication de Bien Manger, le guide des bonnes pratiques. Aussi, la majorité de nos produits sont Made in Moris. Cela demande de l’adaptation, de l’écoute et surtout une vision à long terme. On veut être un acteur engagé, pas seulement un distributeur, et privilégions une offre issue d’entreprises locales, comme la nouvelle gamme de produits végétariens de Régal, ou de producteurs mauriciens à la fois historiques (New Maurifoods) et plus récents (Hainan Foods). »
Le Nutri-Score, lancé en 2023 par Eclosia sur ses produits locaux, traduit pour le consommateur transparence et fiabilité. « Le label lui permet de faire des choix éclairés », explique Pauline Etienne-Cavalot, Corporate Brand Manager chez Eclosia, avant de citer d’autres actions : « Depuis des années, nous travaillons sur des packagings plus écologiques, comme la barquette en bagasse de Chantecler ou le pot en carton du yaourt grec… Les produits fabriqués en surplus trouvent d’autres voies sur le marché et notre magazine Foodies guide le consommateur dans le mieux-manger. » Pour Pauline, « produire localement, c’est assurer la sécurité alimentaire, garantir la traçabilité, réduire l’empreinte carbone ».

Des cultivateurs engagés

Stéphane Rouillard a fondé en 2016 Laferm Coco, à Bambous Virieux, selon la philosophie de Pierre Rabhi*. Sa méthode de culture intégrée et évolutive – permaculture – est fondée sur un sol qui se nourrit et se soigne naturellement, des éléments qui s’autorégulent, un travail avec la nature et non contre elle ! La démarche à la fois éthique et philosophique veille sur la Terre, les humains et le partage équitable des ressources. Lors d’une récente présentation de son travail sponsorisée par le Salt of Palmar, au centre communautaire de Belle Mare, Stéphane expliquait à une toute-petite-assemblée de planteurs l’observant comme un extraterrestre l’impact direct mais sournois des pesticides et autres fongicides injectés depuis des décennies dans nos sols… sur notre santé et système immunitaire. En aparté, il me rappelait l’urgence de signifier les nombreuses conséquences sanitaires graves pour la terre et ses populations ! « Est-ce que les Mauriciens sont généralement informés sur les sciences, la culture, la philosophie, la politique mondiale, l’IA, l’univers… ? Non, nous sommes des ignorants. Et inutile de mentionner le système éducatif qui est une course aux diplômes sans considération pour le vivre ensemble et les valeurs sociétales et environnementales. Voyez à quoi ressemblent nos villes et villages, nos bordures de routes… Tant que les autorités, les ONG et le secteur privé resteront concentrés sur leurs petites activités individuelles, les sujets politiques ou économiques, rien ne changera ! Personne ne s’intéresse réellement à l’agroécologie, pas même les planteurs ! »

Pointant l’énorme consommation des arrosages intensifs qui ne profitent pas aux plantes mais à la dissolution des produits chimiques dans les sols pour leur absorption, puis l’insignifiante valeur nutritive d’un produit issu de l’agriculture chimique, il m’expliquait que la culture 100 % naturelle de légumes, légumineuses, aromates, fruits… de Laferm Coco, initialement prévue pour la vente, s’était heurtée au désintéressement du marché, l’obligeant à penser et vivre local. « Nous consommons, transformons, conservons 99 % de nos produits et vendons une infime partie aux visiteurs, résidents et voisins. Une cinquantaine de familles peuvent être nourries avec la surface cultivée. » Pour Stéphane, à défaut de volonté des parties prenantes, des solutions existent : « Mettre les terres non cultivées à la disposition des planteurs, former (correctement) les fermiers, valoriser le travail de la terre, ralentir le développement sauvage des centres commerciaux, encourager la consommation locale… »

Saviez-vous que près de 30 % du thé consommé à Maurice est importé, principalement du Kenya, pour être mélangé avec les feuilles locales ? Pour contribuer à réduire cette dépendance, le géant ENL (actionnaire majoritaire du Groupe Rogers) lance sa production : 500 arpents sur les cinq prochaines années, un circuit court intégrant les petits planteurs, une première récolte prévue pour 2027. « Nous valorisons tout un pan de l’histoire mauricienne, comme un hommage à notre héritage, mais aussi une vitrine de l’ingéniosité agricole moderne », partageait Gilbert Espitalier-Noël, CEO d’ENL, lors de la mise en terre des plantules, fin mars à Valetta. Si au siècle dernier, de nombreuses plantations étaient abandonnées au profit de la culture de la canne, les terres humides et acides de la région de Moka sont pourtant idéales à celle du thé, ne nécessitant ni irrigation ni produits phytosanitaires.

« Des saveurs qui donnent des ailes (…), des poules qui ne manquent pas d’air (…), qui vous disent que ça vaut le cou (…), qui vous donnent même la chair de poule (…) » Si je vous parle d’un logo vert et jaune illustrant des campagnes humoristiques, décalées mais efficaces, de la filière avicole, vous pensez… Le Poulet Fermier, bien sûr ! Fruit de la collaboration entre Innodis Poultry et SUNFarming Food & Energy Mauritius, tous deux engagés pour le bien-être animal et l’environnement, la marque garantit un produit local et 100 % naturel, des pratiques agricoles éthiques et durables. Élevé en plein air, nourri aux probiotiques, graines de maïs et de lin, sans hormones ni antibiotiques, Le Poulet Fermier grandit durant 70 jours, contre 30 à 60 chez la plupart des autres éleveurs, révélant une chair tendre, qualitative et nutritive.

Des nutritionnistes concernés

Claire Menguy (Endemika) nous confie que si l’amorce d’une prise de conscience collective reste insuffisante, « la population est mieux informée sur les risques de l’alimentation industrielle, grâce aux réseaux sociaux, aux médias, aux rapports détaillés… » À l’échelle mondiale, les consommateurs sensibilisés privilégient les protéines végétales, les produits non transformés (sans conservateurs chimiques, colorants artificiels, arômes et autres additifs), réduits en sucre, sel et graisses saturées. « Les Mauriciens, eux, conservent une forte préférence pour la cuisine locale traditionnelle à base de riz, légumes secs… mais le mode de préparation devient plus sain, moins gras. Je constate également le changement positif d’attitude des jeunes générations. » Pour sa consœur Vandana Gujadhur (Ébène) : « Diversité alimentaire, urbanisation, mondialisation entraînent une surconsommation, via l’accès facile aux aliments gras et sucrés, aux sodas, à la restauration rapide, etc. Les pays en développement, dont Maurice, sont plus vulnérables à ces facteurs qui accroissent l’obésité et les maladies chroniques. » Si la santé nutritionnelle locale est régie par divers facteurs socioculturels (attractivité des aliments industriels, publicité outrancière, prix élevés des aliments sains…), la population, en quête d’une meilleure qualité de vie, s’ouvre à une aide professionnelle. « Les consultations nutritionnelles individuelles ne doivent être effectuées que par des diététiciens agréés et qualifiés », précise Vandana.

Des commerçants tout disposés

Les huit points de vente de Mantra Foods approvisionnent le marché en aliments sains et équilibrés (farines et poudres biologiques, soja, lait d’avoine, noix, fruits secs et graines en tous genres), produits frais non périssables, etc. À travers Mantra Wellness, fondée en 2009 pour répondre à la demande croissante d’alternatives quotidiennes plus naturelles, l’enseigne propose, entre autres, une gamme cosmétique et d’aromathérapie, des produits ménagers, biologiques et éthiques… Les fournisseurs, sélectionnés pour leurs pratiques agricoles écoresponsables, sont pour la plupart certifiés par des organismes gouvernementaux et commerciaux. « Trouver les bonnes alternatives aux aliments malsains habituellement consommés peut être difficile, surtout au début, mais avec quelques efforts et conseils, vous mettrez toutes les chances de votre côté ! »

Qui ne connaît pas aujourd’hui Votre Pôte Agé, cette chaîne locale de magasins de produits frais, fruits et légumes – d’ici et d’ailleurs – aux merveilleuses couleurs, bien rangés, emballés et conditionnés localement, issus d’une agriculture biologique, garantie sans pesticides ? Dans les huit points de vente de l’île, les étals regorgent de ce que l’on ne trouve pas forcément ailleurs, boostant alors notre imagination culinaire. Des herbes, épices, achards, jeunes pousses de mâche ou de roquette, mini pâtissons, mini courgettes et bien d’autres mini surprises, carottes multicolores, fenouil, betterave crue, asperges ou radis, pour le goût, l’envie ou la petite folie ! D’ici, on ne repart jamais le panier vide et, face aux tarifs parfois conséquents (frais d’importation obligent), la question est : quel est le vrai prix du plaisir sain ?

Calendrier gastronomique…

Le calendrier culinaire 2025 d’Heritage Resorts & Golf annonce une Odyssée Gastronomique. Treize chefs prestigieux étoilés au Guide Michelin partagent toute l’année leur approche de la grande cuisine, au sein des hôtels Heritage Le Telfair et Awali et du Château de Bel Ombre. Selon une thématique préétablie, dîners exclusifs et ateliers interactifs sont conçus pour enrichir l’expertise des chefs locaux, tout en profitant aux hôtes chanceux. Larissa Rajaonarivelo sera le 19 avril au Château de Bel Ombre et le 22 au Telfair. Dorrance Winery signera un dîner aux accords mets-vins les 24 et 26 avril dans chaque établissement. Chris Oberhammer cuisinera le 14 mai pour l’hôtel Awali et le 16 pour le Château de Bel Ombre, tandis que Jordan Yuste nous y surprendra les 25 et 27 juin. Le 31 juillet, ce sera au tour de Christophe Dupouy d’œuvrer à l’Awali… La programmation jusqu’en décembre est sur le site du groupe hôtelier. Parmi les trois semaines thématiques à venir, celle de la Gastronomie Durable, en octobre, augure les savoureuses créations écoresponsables des chefs Yann Monbaron et Christophe Chiavola, au service de la nature. Cette année, les saveurs du terroir, l’économie circulaire et les pratiques durables seront au cœur d’ateliers et discussions.

Si le Constance Festival Culinaire n’est plus à présenter, notons en revanche que pour sa 18e édition qui s’est achevée le 29 mars, le groupe Constance Hotels & Resorts a innové, avec le tout nouveau concours de l’emblématique tarte à la banane tressée, mais surtout l’entrée des nouvelles tendances gastronomiques : des créations vegan et sans gluten. L’événement institutionnel qui investit les adresses Constance Belle Mare Plage et Constance Prince Maurice a déroulé son lot d’ateliers, dégustations, compétitions, dîners orchestrés par une constellation de chefs des quatre coins du monde (certains triplement étoilés), en binôme avec les chefs Constance (Maurice, Maldives et Seychelles). La philosophie du groupe fondée sur l’apprentissage continu et le perfectionnement constant s’inscrit également dans celle d’une nouvelle façon d’aborder la gastronomie et les tendances alimentaires, dans l’échange des savoir-faire et techniques, l’approvisionnement local, la valorisation des produits végétaux…

Avec le Sunlife Golf & Gourmet Trophy, les hôtels Sunlife signent l’alliance exotique et conviviale du golf et de la gastronomie. Parrainée par les chefs étoilés et golfeurs passionnés Jean-Pierre Vigato et Christophe Chabanel, la dixième édition proposait le mois dernier un séjour thématique de dix nuits, agrémentés de dîners et déjeuners thématiques (sur la plage, au restaurant Chamarel, etc.) et autres expériences culinaires, aux côtés des chefs du Sugar Beach, qui se préparent déjà pour l’an prochain…

Original…

À l’occasion du Global Earth Hour – sensibilisant aux problématiques environnementales liées à notre consommation d’énergie –, quelques privilégiés ont pu savourer, au LUX* Grand Gaube, une expérience sensorielle qui bouscule les codes et invite à voir le monde autrement : le tout premier Dining in the Dark.
À travers cette initiative, accompagnée d’un menu en braille et déjà reprogrammée dans les mois à venir, LUX* plaide pour l’inclusion, la résilience et la force de l’esprit humain. Devant un orchestre animé par des musiciens non-voyants, les hôtes aux yeux bandés se laissent guider tout au long du repas par des serveurs malvoyants de l’association Lizie Dan La Main, à qui une partie de la recette revient. Les sens du toucher, du goût, de l’audition et de l’odorat sont décuplés et l’instant est vécu en pleine conscience.

Social…

Fort du succès en novembre dernier du premier Ferney Ti-Bazar, une trentaine d’agriculteurs et artisans ont présenté leur savoir-faire, lors de la seconde édition, fin mars, dans l’ancienne usine de Ferney. Agriculture biologique ; objets fabriqués à partir de matériaux recyclés par des jeunes porteurs de handicap intellectuel ; chutneys, pesto, caviars d’aubergine, miel, spiruline… issus de pratiques raisonnées… En protégeant le patrimoine naturel, en incitant à l’agroécologie, en développant l’écotourisme et en combinant habitat bioclimatique et cultures raisonnées, Ferney Ltd favorise un mode de vie sain et un épanouissement social.
Rappelons que sur plusieurs hectares de terre agricole, le Ferney Agri-Hub réunit depuis 2020 une quinzaine d’agri-entreprises et une ferme solidaire, apicole et permacole.

* Pierre Rabhi (1938-2021) était un paysan, écrivain et penseur français d’origine algérienne, l’un des pionniers de l’agriculture écologique en France.

Beyond Labels!

Our island is the archetype of cultural and culinary diversity at the source of its identity, always serving its economic and tourism interests. But like global environmental and health challenges, its ambitions today also rely on promoting local products, sustainable practices, and short supply chains to raise consumer awareness about the nutritional benefits of a (new) careful diet. By Delphine Raimond

The Rise of Plant-Based Foods

As a fervent defender of local sourcing from committed agriculture, the Attitude hotel group incorporates all aspects of sustainability into its catering. From optimizing food waste to eco-responsible actions (removing salmon from the menu, expanding vegan offerings to 30% across all hotels in the group, etc.), to training teams on plant-based food alongside Ecoshe, initiatives are multiplying and working! Accompanied by the master in this field, French chef Alexis Gauthier, the group aims to create a more inclusive model for everyone. Aurélie Souchon, the F&B Support Specialist, explains: « We favor homemade plant-based alternatives to reduce our carbon footprint whenever possible, while making the offering desirable and accessible to all. Our goal is to present it not as an alternative, but as a complete gourmet culinary experience! It’s not about imposing a choice, but inviting discovery. »

Misconceptions

« Some may be reluctant, » Aurélie tells us, « associating the idea of eating vegetarian or vegan with notions of passing trends, restrictions, lack of flavor or pleasure. While there’s still a way to go, interest in more sustainable food is growing, and we need to break down prejudices. » Ecoshe works to demystify the image of bland or unsatisfying cuisine; trainer Heather Drummond confirms: « The richness and depth of the subject never cease to amaze us! The more we explore, the more inspired we become. »
Regarding staff training, Aurélie Souchon admits that « changing deeply-rooted culinary habits takes time; staff may need regular inspiration and motivation to maintain their commitment. » In the field, Heather observes: « Despite some initial resistance, more than 40% of participants wanted to reduce their personal consumption of meat, dairy products, and eggs after discovering plant-based alternatives. One chef even came to see me (laughs) to say: ‘Look what you’ve done, now the staff is asking for more vegan dishes in the cafeteria!’ During a buffet lunch, » she adds, « we offered a delicious vegan Thai curry that many customers avoided, but once we removed the label, the dish was emptied and no one made any remarks about missing anything… This proves that a tasty dish speaks for itself! »
According to dietitian-nutritionist Vandana Gujadhur, « if well planned, the vegan diet provides the same nutritional benefits as a balanced omnivorous diet, provided it includes a variety of plant-based foods. » Her colleague Claire Menguy cites the American Dietetic Association, which specifies that this diet, when properly conducted, is appropriate at all stages of life, including pregnancy and breastfeeding, but emphasizes the need for good professional guidance, since « certain nutrients are absent or scarce, and studies show a possible exposure to certain deficiencies. »

Local Catalysts

Committed Producers and Distributors

At the helm of Proxifresh, Yan Mayer has been growing and innovating since 2010. Now with 200 employees in Mauritius and about a hundred in Rwanda, the company produces 40% of its electricity consumption and aims for carbon neutrality by 2030, transforming 60-70% of surplus products to resell them, give them to farmers for their animals, or to NGOs through Foodwise. The fruits and vegetables of the flagship brand VegMe, with strong consumer trust, come from sustainable agriculture. But in a sector – and on an island territory – facing numerous ecological and climate challenges, Yan shows resilience: « We need to find local partners willing to invest in healthy agriculture and quality production, facing the pressure our customers put on prices. Buying at the lowest price encourages producers to maximize yield at the expense of quality criteria. » A deplorable situation that Yan laments, convinced that Mauritius can ensure sustainable agriculture: « The message to our customers is always the same: we aim for long-term projects prioritizing quality, and we have solutions to share… all that’s missing is a commitment from all stakeholders. Let’s set aside the short-term logic of ever-lower prices that kills the industry! »

According to Yovan Jankee, Sustainability & Communication Manager at Panagora (an Eclosia group subsidiary), the distributor’s main challenge is to continue bridging the gap between better eating and the daily reality of Mauritians, as organic brands, which are a minority on shelves, remain expensive due to import costs. « We make healthy eating simpler, more affordable, without being elitist, launch educational campaigns, initiatives like Moris Solider or the publication of ‘Bien Manger,’ the guide to good practices. Also, the majority of our products are Made in Moris. This requires adaptation, listening, and especially a long-term vision. We want to be an engaged actor, not just a distributor, and prioritize offerings from local companies, like Régal’s new range of vegetarian products, or Mauritian producers both historical (New Maurifoods) and more recent (Hainan Foods). »
The Nutri-Score, launched in 2023 by Eclosia on its local products, translates into transparency and reliability for consumers. « The label allows them to make informed choices, » explains Pauline Etienne-Cavalot, Corporate Brand Manager at Eclosia, before mentioning other actions: « For years, we’ve been working on more ecological packaging, like Chantecler’s bagasse tray or the Greek yogurt cardboard pot… Surplus manufactured products find other market channels, and our Foodies magazine guides consumers toward better eating. » For Pauline, « producing locally means ensuring food security, guaranteeing traceability, and reducing the carbon footprint. »

Committed Farmers

Stéphane Rouillard founded Laferm Coco in 2016, in Bambous Virieux, following Pierre Rabhi’s* philosophy. His integrated and evolving cultivation method – permaculture – is based on soil that feeds and heals naturally, elements that self-regulate, working with nature rather than against it! The approach, both ethical and philosophical, watches over the Earth, humans, and the equitable sharing of resources. During a recent presentation of his work sponsored by Salt of Palmar at the Belle Mare community center, Stéphane explained to a very small assembly of farmers watching him like an alien the direct but insidious impact of pesticides and other fungicides injected into our soils for decades… on our health and immune system. Aside, he reminded me of the urgency to acknowledge the numerous serious health consequences for the land and its populations! « Are Mauritians generally informed about science, culture, philosophy, world politics, AI, the universe…? No, we are ignorant. And there’s no need to mention the educational system, which is a race for diplomas without consideration for living together and societal and environmental values. Look at what our cities and villages, our roadsides look like… As long as authorities, NGOs, and the private sector remain focused on their small individual activities, political or economic subjects, nothing will change! No one is really interested in agroecology, not even the farmers! »

Pointing out the enormous consumption of intensive watering that doesn’t benefit plants but dissolves chemicals in the soil for absorption, then the insignificant nutritional value of a product from chemical agriculture, he explained that Laferm Coco’s 100% natural cultivation of vegetables, legumes, herbs, fruits… initially intended for sale, had faced market disinterest, forcing him to think and live locally. « We consume, transform, preserve 99% of our products and sell a tiny part to visitors, residents, and neighbors. About fifty families can be fed with the cultivated surface. » For Stéphane, in the absence of stakeholder willingness, solutions exist: « Make uncultivated land available to farmers, (properly) train farmers, enhance the value of working the land, slow down the wild development of shopping centers, encourage local consumption… »

Did you know that nearly 30% of tea consumed in Mauritius is imported, mainly from Kenya, to be mixed with local leaves? To help reduce this dependence, the giant ENL (majority shareholder of Rogers Group) is launching its production: 500 arpents over the next five years, a short circuit integrating small farmers, with a first harvest planned for 2027. « We are enhancing a whole part of Mauritian history, as a tribute to our heritage, but also a showcase of modern agricultural ingenuity, » shared Gilbert Espitalier-Noël, CEO of ENL, during the planting of seedlings in late March in Valetta. If in the last century, many plantations were abandoned in favor of sugar cane cultivation, the humid and acidic lands of the Moka region are ideal for tea cultivation, requiring neither irrigation nor phytosanitary products.

« Flavors that give you wings (…), chickens that don’t lack air (…), that tell you it’s worth the neck (…), that even give you goosebumps (…) » If I tell you about a green and yellow logo illustrating humorous, offbeat but effective campaigns from the poultry industry, you think… Le Poulet Fermier, of course! The result of collaboration between Innodis Poultry and SUNFarming Food & Energy Mauritius, both committed to animal welfare and the environment, the brand guarantees a local and 100% natural product, ethical and sustainable agricultural practices. Raised outdoors, fed probiotics, corn and flaxseeds, without hormones or antibiotics, the Free-range Chicken grows for 70 days, compared to 30 to 60 for most other breeders, revealing tender, qualitative, and nutritious meat.

Concerned Nutritionists

Claire Menguy (Endemika) confides that while the beginning of collective awareness remains insufficient, « the population is better informed about the risks of industrial food, thanks to social networks, media, detailed reports… » Globally, informed consumers favor plant proteins, unprocessed products (without chemical preservatives, artificial colors, flavors, and other additives), reduced in sugar, salt, and saturated fats. « Mauritians, however, maintain a strong preference for traditional local cuisine based on rice, dried vegetables… but the preparation method is becoming healthier, less fatty. I also notice the positive change in attitude of younger generations. » For her colleague Vandana Gujadhur (Ebene): « Food diversity, urbanization, globalization lead to overconsumption, via easy access to fatty and sweet foods, sodas, fast food, etc. Developing countries, including Mauritius, are more vulnerable to these factors that increase obesity and chronic diseases. » While local nutritional health is governed by various sociocultural factors (attractiveness of industrial foods, excessive advertising, high prices of healthy foods…), the population, in search of a better quality of life, is opening up to professional help. « Individual nutritional consultations should only be conducted by certified and qualified dietitians, » Vandana specifies.

Willing Merchants

Mantra Foods‘ eight outlets supply the market with healthy and balanced foods (organic flours and powders, soy, oat milk, nuts, dried fruits, and seeds of all kinds), fresh non-perishable products, etc. Through Mantra Wellness, founded in 2009 to meet the growing demand for more natural daily alternatives, the brand offers, among other things, a range of cosmetics and aromatherapy, household products, organic and ethical… Suppliers, selected for their eco-responsible agricultural practices, are mostly certified by government and commercial organizations. « Finding the right alternatives to unhealthy foods usually consumed can be difficult, especially at the beginning, but with some effort and advice, you’ll put all the chances on your side! »

Who doesn’t know Votre Pôte Agé today, this local chain of fresh produce stores, fruits and vegetables – from here and elsewhere – with wonderful colors, well arranged, packaged and processed locally, from organic agriculture, guaranteed pesticide-free? In the eight sales points on the island, the stalls are full of what is not necessarily found elsewhere, boosting our culinary imagination. Herbs, spices, pickles, young shoots of lamb’s lettuce or arugula, mini pattypans, mini zucchinis and many other mini surprises, multicolored carrots, fennel, raw beetroot, asparagus or radishes, for taste, desire or a little indulgence! From here, we never leave with an empty basket and, given the sometimes-substantial rates (import costs oblige), the question is: what is the real price of healthy pleasure?

Culinary Calendar…

Heritage Resorts & Golf‘s 2025 culinary calendar announces a Gastronomic Odyssey. Thirteen prestigious Michelin-starred chefs share their approach to fine cuisine throughout the year at Heritage Le Telfair and Awali hotels and Château de Bel Ombre. According to a pre-established theme, exclusive dinners and interactive workshops are designed to enrich the expertise of local chefs, while benefiting lucky guests. Larissa Rajaonarivelo will be at Château de Bel Ombre on April 19 and at Telfair on the 22nd. Dorrance Winery will sign a food-wine pairing dinner on April 24 and 26 in each establishment. Chris Oberhammer will cook on May 14 for the Awali hotel and on the 16th for Château de Bel Ombre, while Jordan Yuste will surprise us there on June 25 and 27. On July 31, it will be Christophe Dupouy’s turn to work at Awali… The programming until December is on the hotel group’s website. Among the three upcoming thematic weeks, the Sustainable Gastronomy week in October foretells the savory eco-responsible creations of chefs Yann Monbaron and Christophe Chiavola, serving nature. This year, local flavors, circular economy, and sustainable practices will be at the heart of workshops and discussions.

While the Constance Culinary Festival needs no introduction, it’s worth noting that for its 18th edition, which ended on March 29, the Constance Hotels & Resorts group innovated with the brand-new competition for the iconic braided banana tart, but especially the entry of new gastronomic trends: vegan and gluten-free creations. The institutional event that took place at Constance Belle Mare Plage and Constance Prince Maurice featured workshops, tastings, competitions, dinners orchestrated by a constellation of chefs from around the world (some with three Michelin stars), paired with Constance chefs (Mauritius, Maldives, and Seychelles). The group’s philosophy based on continuous learning and constant improvement is also part of a new way of approaching gastronomy and food trends, in the exchange of know-how and techniques, local sourcing, and promotion of plant products…

With the Sunlife Golf & Gourmet Trophy, Sunlife hotels sign the exotic and friendly alliance of golf and gastronomy. Sponsored by starred chefs and passionate golfers Jean-Pierre Vigato and Christophe Chabanel, the tenth edition offered last month a ten-night themed stay, enhanced with themed dinners and lunches (on the beach, at Chamarel restaurant, etc.) and other culinary experiences, alongside the chefs of the Sugar Beach, who are already preparing for next year…

Original…

On the occasion of Global Earth Hour – raising awareness of environmental issues related to our energy consumption – a few privileged guests were able to savor at LUX* Grand Gaube a sensory experience that shakes up codes and invites seeing the world differently: the very first Dining in the Dark. Through this initiative, accompanied by a menu in Braille and already rescheduled in the coming months, LUX* advocates for inclusion, resilience, and the strength of the human spirit. Before an orchestra animated by blind musicians, blindfolded guests are guided throughout the meal by visually impaired servers from the Lizie Dan La Main association, which receives part of the proceeds. The senses of touch, taste, hearing, and smell are heightened, and the moment is experienced in full awareness.

Social…

Following the success of the first Ferney Ti-Bazar last November, about thirty farmers and artisans presented their know-how during the second edition in late March in the old Ferney factory. Organic agriculture; objects made from recycled materials by young people with intellectual disabilities; chutneys, pesto, eggplant caviars, honey, spirulina… from sustainable practices… By protecting natural heritage, encouraging agroecology, developing ecotourism, and combining bioclimatic housing and sustainable crops, Ferney Ltd promotes a healthy lifestyle and social fulfillment. Let’s remember that on several hectares of agricultural land, the Ferney Agri-Hub has been bringing together some fifteen agri-businesses and a solidarity, beekeeping, and permaculture farm since 2020.

*Pierre Rabhi (1938-2021) was a French farmer, writer, and thinker of Algerian origin, one of the pioneers of ecological agriculture in France.

 

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