Depuis novembre dernier, de nombreux automobilistes ont constaté de sérieux problèmes dans le fonctionnement du moteur de leur véhicule. La cause du problème est aujourd’hui clairement identifiée : une cargaison d’essence importée contenant un taux de manganèse particulièrement élevé… Mais trois mois après les premières alertes, aucune mesure n’a été encore prise pour dédommager les propriétaires de véhicules endommagés.
Pour l’ACIM (Association des consommateurs de l’Ile Maurice), le principe est clair: “Tout produit mis sur le marché, explique Jayen Chellum, secrétaire général de l’association, doit répondre à des normes de qualité. Si ce n’est pas le cas, l’importateur est responsable des préjudices causés…Même s’il s’agit de l’Etat, ou d’un corps para-étatique”, comme la STC (State trading Corporation). L’association a donc adressé un courier en ce sens au ministre du Commerce et de la Protection des Consommateurs.
Resté sans réponse, jusque-là.
L’ACIM constate également que la gestion de cette crise manque de transparence, puisque trois mois après que les premiers cas aient été connus, les résultats de l’analyse du carburant incriminé ne sont pas encore publiés par les autorités.
“Certains automobilistes, explique M. Chellum, et surtout parmi les propriétaires des modèles les plus récents de grosses berlines allemandes, sont obligés de changer le moteur de leur véhicule. Cela coûte très cher. D’autres ne peuvent plus rouler avec leur voiture, sous peine de détruire leur moteur. Ces dépenses devraient normalement être prises en charge par le responsable du problème…” Quant au nombre de véhicules touchés, même si l’ACIM reconnaît ne pas avoir de données
fiables, son secrétaire général indique avoir connaissance d’”environ 300 cas, sur 400 000 véhicules roulant sur nos routes…
Durée de vie réduite pour tous les moteurs
La MVDA (Motor Vehicle Dealers Association) apporte, bien entendu, son soutien à la démarche de l’ACIM visant à mettre le (ou les) fautif(s) devant ses(leurs) responsabilités. Mais sa vision de l’ampleur de la crise est radicalement différente: “J’ai, moi aussi, entendu beaucoup d’’experts’ qui ne connaissent rien, déclarer que cela ne touchait que les véhicules les plus récents, ou même citer des marques précises, déclare Mrinal Teelock, secrétaire général de la MVDA. C’est complètement faux. Le taux élevé de manganèse abîme tous les moteurs à essence, quelque soit leur âge, quelque soit la marque. Cela dégrade également les pots catalytiques. Tout ce qu’on peut dire sur les modèles les plus récents, c’est qu’ils sont équipés de technologies plus fines et qu’ils ont donc été les premiers à souffrir. Mais, parmi nos adhérents, nous constatons que ce sont les moteurs âgés de 6 à 10 ans, toutes marques confondues, qui sont les plus nombreux à être touchés. On constatera sans doute, dans quelques années, que la durée de vie de tous les moteurs aura été considérablement réduite par cet incident !”
La nécessité de faire vérifier son moteur
L’association des concessionnaires donne donc le conseil suivant : “Tous les automobilistes devraient rapidement faire vérifier leurs moteurs. On regarde si les bougies sont anormalement encrassées. Si c’est le cas, il faut immédiatement effectuer un nettoyage complet du moteur et du système d’échappement. Ne pas le faire, c’est prendre le risque d’une casse définitive du moteur et avoir la certitude de dommages irréversibles, qui réduiront sensiblement sa durée de vie !”
Quant à l’explication, fournie au début de la crise par les autorités et incriminant les additifs parfois utilisés pour “booster” les performances de moteurs, M. Teelock est catégorique: “Ces additifs sont importés à Maurice depuis plus de vingt ans… et ce serait, tout d’un coup, sur les trois derniers mois, qu’ils provoqueraient des problèmes aux moteurs? Cela n’a pas de sens.”