À quelques kilomètres de Grand-Baie et de son flux de touristes, se niche le paisible village qui répond au doux nom de Poudre d’Or. Nous avons eu envie de nous promener dans ce village typique de pêcheurs accompagnés de l’équipe de my Moris, pour goûter à sa douceur de vivre et découvrir le charme de vie de ses habitants.
Pour aller à la découverte de ce charmant petit village de 4 000 habitants situé au nord-est de l’île Maurice, rien de mieux qu’une balade à vélo et à pied. Le rendez-vous est donc pris sur le parking du monument « Paul et Virginie ». Shakti Callikan, historienne et co-fondatrice de my Moris, sera notre guide du jour. Accompagnée de Kajal, également guide, elle nous emmène découvrir l’histoire passionnante de Poudre d’Or.
Première escale : la stèle « Paul et Virginie »
A peine installés sur nos vélos, direction la stèle de « Paul et Virginie ». Monument hautement symbolique du village, cette stèle commémore le naufrage du Saint-Géran en 1744 au large du village. Bernardin de Saint-Pierre avait immortalisé ce naufrage dans son roman éponyme. Le célèbre auteur y raconte l’histoire de ces deux amoureux. Virginie quitte la France à bord du Saint Géran, le navire qui doit la ramener à l’île Maurice, retrouver son amoureux, Paul. Pris dans une tempête, le navire s’échoua sur les rochers sous les yeux de Paul. De désespoir, il succombe à la perte de sa bien-aimée.
Les vestiges de l’époque coloniale
Au 18e siècle, Poudre d’Or figure parmi les villages les plus importants de l’île puisqu’il est le chef-lieu du district du Nord. A l’époque, les Français y cultivent le coton et le girofle, remplacé ensuite par la canne à sucre. Appartenant aujourd’hui au district de Rivière-du-Rempart, Poudre d’Or a su conserver les vestiges de son époque coloniale avec notamment des bâtiments administratifs importants. Notre prochaine halte en apporte la preuve : l’hôpital spécialisé dans le traitement des troubles respiratoires.
Construit en 1864, l’établissement fut ouvert par les sœurs des Bons et Perpétuels Secours et était destiné en priorité au traitement de la tuberculose. Ce sanatorium est désormais transformé en centre spécialisé dans le traitement des maladies de la peau. C’est non loin de cet hôpital à l’architecture coloniale que nous laissons nos vélos pour poursuivre l’exploration du village à pied.
La vie du village rythmée par les lieux de culte
Non loin de là se situe un temple hindou. Soigneusement décoré, ce temple fait partie des nombreux lieux de culte qui rythment la vie du village. La spiritualité étant un aspect important du village, la visite se poursuit sur un autre lieu de culte. On y découvre le tronc d’un arbre entouré d’innombrables fils de couleur, les dévots s’y rendent pour y adresser leurs vœux et y attacher un fil.
Notre accompagnatrice nous indique le grand respect et le partage existant autour de la religion dans les quartiers du village. « Il n’est pas inhabituel de voir des hindous se rendre à l’église catholique », fait remarquer Shakti. Un exemple de l’harmonie qui règne entre les habitants.
Le point d’embarcation ou le rendez-vous entre pêcheurs et habitants
Dans ce charmant petit village, les habitants vous sourient à chaque rencontre. On le ressent chaque fois qu’on croise quelqu’un. C’est dans cette atmosphère sympathique et authentique que nous nous arrêtons chez l’un des plus anciens artisans du village : Ramesh, le tisseur des casiers en bambous. Dans un petit atelier aménagé dans sa cour, l’artisan natte ses casiers de pêche pour les vendre aux pêcheurs. Passionné de mer, cet artisan partage avec nous son quotidien. Ici les pêcheurs tressent à la main, leurs casiers en bambou de façon traditionnelle. Ils sont placés dans le lagon pour attirer les poissons. Quid de la poursuite de son activité par ses enfants ? Il est dubitatif. « De nos jours, il est devenu difficile de gagner sa vie avec des casiers. » Selon lui, la profession a du mal à séduire les nouvelles générations.
De nos jours, il est devenu difficile de gagner sa vie avec des casiers
Pour apprécier le rythme de vie des pêcheurs, escale au point d’embarcation. A Poudre d’Or, la pêche fait partie intégrante de la vie des villageois : certains par loisir ou pour améliorer les ressources alimentaires du quotidien et d’autres pour gagner leur vie et faire vivre leur famille.
Le lieu est convivial: quelques hommes, assis à l’ombre des filaos, tressent des casiers de pêche, d’autres face à la mer, discutent en gardant les yeux rivés sur le lagon. En cette fin de matinée, peu de pirogues sont à l’eau. Tout le village attend impatiemment le retour de ses pêcheurs. Un rendez-vous rempli d’authenticité où habitants et pêcheurs tissent des liens. Ces derniers sont surtout attendus pour découvrir la prise du jour. Aujourd’hui, ce sera une vieille rouge, un poisson très apprécié dans la cuisine mauricienne.
Un village où la douceur de vivre est omniprésente
Ce village singulier, jalonné par les champs de cannes et baigné par la mer, se caractérise par sa simplicité et la quiétude de ses habitants, que seule une paisible balade à vélo vous permettra de goûter pleinement. L’Eglise Marie-Reine, construite en 1846 et son cimetière attenant, nous offre une autre halte reposante. A l’ombre bienfaisante d’un flamboyant, nous savourons le délicieux thé à la vanille concocté par la charmante Mary-Joyce. Avec son époux, sonneur de cloches de l’église et pêcheur, ils gardent les lieux depuis des années. Une tâche pas toujours facile, nous dit-elle avec le sourire, mais faite de belles rencontres humaines.
Happés par la beauté naturelle du village de Poudre d’Or et définitivement conquis par la chaleur de ses habitants, sa belle histoire, sa culture et l’intensité de la vie spirituelle du lieu, nous aurons vécu une expérience de vrai dépaysement hors du commun!
De la poudre à l’or
La légende raconte qu’un explorateur franco-polonais serait venu à Maurice et aurait trouvé de l’or dans un ruisseau qui traverse le village, d’où le nom de Poudre d’Or. Autre explication, à l’époque française, Olivier Levasseur, dit « La Buse », pirate notoire, aurait enterré son trésor vers Saint-Antoine non loin de Poudre d’Or. Dernière explication venue de Bernardin de St Pierre. Ce dernier avait écrit le 13 septembre 1769: « …que l’on appelle La Poudre d’Or à cause dit-on de la couleur du sable qui me parut blanc comme nulle part ailleurs. »
[supsystic-gallery id=31 position=center]
my Moris où la richesse de la culture et de l’histoire de Maurice
Découvrir le patrimoine culturel de l’île Maurice autrement, c’est l’objectif de my Moris qui propose depuis juin 2015 une sélection d’activités de découvertes culturelles de l’île. Créée et gérée par Maya de La Salle Essoo, anthropologue et l’historienne Shakti Callikan, my Moris s’inscrit dans une démarche totalement différente pour faire découvrir ou redécouvrir aux locaux et visiteurs de passage de nombreux lieux, plus au moins connus du grand public.
Une série de balades thématiques et d’activités de découvertes culturelles est ainsi proposée : de la balade à pied dans la capitale, en passant par le jeu de piste à la Rue Royale à Port-Louis ou encore la découverte des vieux métiers de la ville portuaire. Ces circuits ou excursions donnent un aperçu de l’histoire, du patrimoine, des religions, du mode de vie et de la culture mauricienne. Des activités hors des sentiers battus, valorisant le patrimoine culturel de Maurice. D’autres balades sur demande sont aussi proposées.
my Moris
@ Biro Aster Ltd
Rue Madame Azor, Saint-Antoine, Goodlands,
Ile Maurice
Tél: (+230) 57 23 17 55 (+230) 57 75 55 16
Email : info@mymoris.mu