L’un des cétacés le plus difficile à apercevoir, la baleine à bosse, fait l’objet de nombreuses observations scientifiques dans nos eaux. Certains opérateurs touristiques ont commencé à s’y intéresser à la demande de leurs clients. Cependant, la difficulté de les trouver dissuade les amateurs. Situation qui réjouit les chercheurs et gardiens de la biodiversité marine.
A la fin du mois, les baleines à bosses quitteront nos eaux pour regagner l’Antarctique. Après avoir passé entre cinq et six mois dans l’océan Indien pour nourrir leurs petits et s’accoupler, les baleines vont aller reprendre des forces près du pôle Sud pendant le reste de l’année. « Nous nous sommes aperçus, après plusieurs années d’études que les mammifères qui migrent ne sont pas les même d’une année à l’autre. Ce sont principalement les baleines à bosse qui viennent dans notre région à partir de fin mai jusqu’à fin octobre. Il arrive parfois qu’un bébé soit trop faible pour entreprendre le voyage. Ainsi, le groupe de cétacés restent dans nos eaux jusqu’au mois de décembre », Hugues Vitry, directeur de la société Blue Water Diving Center Ltd à Trou aux Biches (centre de plongée) et président de la Marine Megafauna Conservation Organization. Cet amoureux des fonds marins, a passé de nombreuses années aux côtés de chercheurs à observer les baleines à bosse et autres cachalots dans le monde entier. Il est également membre de la Mauritius Marine Conservation Society (MMCS) et a participé à la réalisation d’un grand nombre de films et documentaires réalisés sur les fonds marins mauriciens, notamment pour Thalassa.
« Nous avons commencé l’observation des cétacés depuis de nombreuses années, de manière très confidentielle et pour le seul but d’effectuer des études scientifiques. Aujourd’hui, nous proposons l’observation des baleines et cachalots. L’ observation des baleines à bosse se fait uniquement à partir du bateau, entre deux plongées vers le Coin de Mire », explique Hugues Vitry. Selon lui, il n’y pas de réelle activité touristique autour de l’observation de ces mammifères chez nous. Nina Dubois de la MMCS confirme : « L’activité d’observation des baleines est beaucoup moins développée à l’île Maurice. Avec la législation qui régularise l’activité, le risque qu’elle devienne aussi exploitée que celle des dauphins est moins élevé. »
Les bateaux qui vont à l’île Plate les aperçoivent souvent. Respectueux de ces grands mammifères, ils passent leur chemin. « Il est important de garder une distance nécessaire pour des mesures de sécurité. Si l’animal est en nage et que vous arrêtez votre bateau, il viendra de lui même vers vous. Ce sont des animaux très curieux de nature et s’ils ne sentent pas de danger, ils s’approcheront. »
LE PROJET MAUBYDICK
Par le passé, aucune étude poussée n’avait été effectuée sur les cachalots chez nous. La raison : les observateurs pensaient que ces derniers étaient tous migrateurs comme les baleines à bosses. L’association Marine Megafauna Conservation Organisation (M2C0), fondée par Hugues Vitry, est approchée par des scientifiques internationaux. Ainsi, ils reçoivent la confirmation qu’il existe trois familles de cachalots qui se sont installés autour de l’île en permanence : dans le sud, dans l’ouest et dans le nord de Maurice. Ce sont principalement des femelles.
Plusieurs questions se posent : « Quels sont les mouvements des cachalots observés tout au long de l’année à l’île Maurice? Les groupes matriarcaux observés se déplacent-ils entre les îles de l’Océan indien occidental ? Où vont les grands mâles reproducteurs après s’être accouplés à Maurice et d’où viennent ils ? »
Pour répondre à celles-ci le projet MAUBYDICK voit le jour. Le but est de tenter de répondre à ces questions sur une période de cinq ans (2014-2018). La première mission s’est tenue du 19 novembre au 4 décembre 2014 sur la côte ouest de l’île Maurice. Elle consistait à repérer et photo-identifier les individus, puis à effectuer des prélèvements cutanés et déployer des balises Argos sur les individus choisis.
« L’an dernier, nous avons tagué des cachalots avec l’aval du ministère de la Pêche. Des experts internationaux et des officiers du ministère de tutelle étaient présents durant toute l’opération. Le but était d’étudier leur cycle de migration. Nous avons également essayé de taguer les grands mâles, qui viennent dans nos eaux entre les mois de novembre et d’avril. Après la saison des amours, ils repartent dans le sud » dit Hugues Vitry. Selon l’observateur, les jeunes mâles qui naissent dans le clan, restent ici jusqu’à l’âge de sept. Une fois adultes, ils quittent le clan pour migrer avec les autres mâles vers le Sud.
« En ce qui concerne les cachalots, nous ne proposons pas de plongées, puisque les mammifères sont loin au large et que les sorties peuvent durer jusqu’a six heures. Les mises à l’eau se font uniquement avec l’autorisation du ministère des Pêches lors des sorties de recensement dans le cadre de la mission Maubydick. »
Nous apprenons, par la même occasion, qu’environ 60 baleines à bosse viennent dans les eaux mauriciennes annuellement. Les cachalots représentent, quant à eux, une population permanente de 120 mammifères. Cela, sans compter les mâles qui migrent dans l’océan Indien chaque année. Le projet Maubydick est toujours en cours. Affaire à suivre…
Recherches sur les dauphins dès 1998
Cette dernière travaillait en collaboration avec des tours opérateurs et pour financer ses observations et recherches scientifiques, elle emmenait des amateurs d’écotourisme en mer. Delphine Legay pensait que « les sorties permettent aux gens de prendre conscience de l’importance des dauphins dans leur milieu naturel ». Pour cette passionnée des mammifères marins, « l’éco-tourisme, c’est l’avenir ».
Cependant, très vite, d’autres tours opérateurs ont profité de l’aubaine et ont proposé à leur tour des sorties pour aller voir les dauphins. Ainsi, le nombre de bateaux a augmenté en quelques mois.