Les sacs en plastique ne sont « officiellement » plus d’actualité à l’île Maurice. La décision de bannir définitivement ces sacs du territoire est entrée en vigueur le 1er janvier 2016, afin de réduire considérablement le nombre de déchets produits annuellement par le pays. Après trois mois, la pollution fait toujours rage et nous retrouvons toujours ces fameux sacs interdits dans certains endroits. L’île Maurice peut-elle déjà clamer sa victoire dans la bataille contre l’utilisation abusive de sacs en plastique ?
Cette initiative, bénéficiant grandement à l’environnement, a pendant longtemps été débattue par le gouvernement avant d’être finalement proclamée en janvier. Pour Martine Lassemi- llante, directrice générale de Belle Verte, une ONG (organisation non gouvernementale) qui se dévoue en- tièrement à la protection de notre environnement et à l’embellissement de notre île, l’interdiction des sacs en plastique est entrée dans les mœurs mauriciennes, mais pas à 100%. « Par contre, au niveau du nettoyage des plages, les petits sacs en plastique sont très présents parmi les déchets. » En effet si nous faisons un état des lieux, les déchets sont loin de disparaître.
Les milliers de sacs vendus ces dernières années souillent toujours les rues, les jardins, les forêts, les rivières, les plages ou flottent et gisent dans les fonds marins. Certes, le sac en plastique se fait rare dans les grandes surfaces, mais il est clairement présent dans certains endroits de l’île comme les « bazars » ou chez les marchands ambulants. Ces reven- deurs, pour ne pas faire de pertes, sont obligés d’écouler leurs stocks de sacs plastiques, malgré le risque de représailles de la part des autorités.
Pour rappel, passible d’une amende ne dépassant pas 10 000 roupies, il est désormais interdit de vendre des sacs plastiques avec manches, « sacs noirs » avec ou sans manches ou des sacs non biodégradables. Assurément, une loi peut tout changer. Ce n’est pas pour autant que la pollution sera éradiquée d’aussitôt. Selon les estimations du site Numbeo. com, Maurice aurait un indice de pollution de 47.38% en ce début d’année. Ainsi, interdire les sacs en plastique ne suffit pas. Il faut aller plus loin. Le changement soudain au niveau des habitudes des consommateurs les pousse à avoir un sac à portée de main, en permanence. « L’initiative étant déjà bien lancée, ce qu’il faudrait maintenant c’est vraiment un tout : plus de poubelles, plus de campagnes de sensibilisation qui ne soit pas juste informatives, mais l’action doit aussi être plus encouragée » affirme Martine Lassemillante.
« Le combat ne s’arrête pas là »
Le gouvernement est resté intransigeant sur sa volonté de bannir les sacs en plastique, devenus un véri- table fléau affectant l’écosystème terrestre et marin. Il existe, d’ailleurs, plusieurs alternatives au plastique sur le marché, notamment les sacs en jute, en tissu recyclé, sac en pomme de terre, en feuilles de pandanus (vacoa), raphia, en papier recyclé et en cuir. Si dans des nombreuses grandes surfaces, le sac plastique a disparu, il existe encore de nombreux magasins où celui-ci est donné aux clients. Pour Sébastien Raffray, Manager de l’ONG Mission Verte, le combat ne s’arrête pas là. « Les gens se sont vite adapté à cette initiative, mais les take-aways ou boîtes pour les plats à emporter en polystyrène deviennent également un vrai problème de pollution. Ils doivent, à leur tour, être interdits à la vente. Pour changer les mentalités, je pense qu’il faudrait s’inspirer de l’époque où les gens utilisaient les papiers journaux pour emballer leurs affaires.»
Si dans l’ensemble les consommateurs se sont préparés aux nouvelles donnes, certains sont pris au dépourvu, surtout au marché où ils doivent mettre tous leurs légumes dans un seul et même sac. « Je pense qu’il a un devoir de réflexion qui doit être fait pour la continuité de cette initiative. Il faut absolument penser à la suite» affirme Martine Lassemillante. Le recyclage, par exemple, est devenu une solution qui semble doucement porter ses fruits. Partout à travers l’île, des points de dépôts de recyclage sont mis en place pour faire en sorte que le recyclage devienne une action plus primaire dans la société. Aujourd’hui, le succès d’une telle mesure dépend des alternatives mises en place par le gouvernement. Politiquement, cela a été un geste fort d’interdire les sacs plastiques mais, en vérité, le gros problème reste la pollution des lieux publics dont on a du mal à se défaire.
Au final, Maurice n’est pas tout à fait sorti vainqueur de la bataille contre les sacs en plastique. Notre pays, a quand même fait un grand pas vers un environnement plus sain. Il ne faut pas s’arrêter sur une si bonne lancée.