La saison fraîche associée au retour des alizés s’y prête : les amateurs de glisse sur lagon s’en donnent à cœur joie. Mais comment se retrouver parmi tous les prestataires postés aux quatre coins de l’île lorsqu’on décide de s’y mettre à son tour… Car, un débutant a, en effet, tout intérêt à passer par la case des basiques, avant de vivre les plaisirs de la figure libre en solo.
L’actualité vient de le rappeler encore une fois, Maurice a le don de rayonner sur la scène sportive internationale, entre autres, grâce à ses champions de kitesurf. Après Louka Pitot, détenteur de la Coupe du monde de kitesurf en 2018, voilà d’autre jeunes qui font parler d’eux : Jean de Falbaire, 21 ans, vient de remporter une double médaille d’or en Twin Tip Racing (bordercross) et en Foil Racing, au Cap-Vert, en juin dernier. Talonné par le Rodriguais Dany Luis Clair qui, lui, a raflé la médaille d’argent en Twin Tip racing. Bien évidemment, chacun ne peut prétendre devenir champion dès lors qu’il monte sur une planche… D’autant que les plaisirs retirés du kite, passe d’abord par une phase d’apprentissage dispensée par les écoles du Morne, de Bel Ombre, Grand Gaube, Anse la Raie, Pointe d’Esny ou de Belle Mare. Son of Kite, KiteGlobing, ION CLUB, Kitezone Mauritius pour ne citer que celles-ci, font partie de la trentaine d’écoles qui ont ainsi ouvert sur le littoral mauricien, car la demande, des visiteurs comme des locaux est bel et bien là.
Certifications IKO et permis
Que cela soit su, il est fortement recommandé d’apprendre dans une école certifiée IKO (Organisation internationale pour le kitesurf) au lieu d’apprendre seul, car outre l’importance d’acquérir les bonnes techniques et les bons réflexes, rappelons que l’activité n’est pas exempte de risques… « On a déjà vu par vent fort, des personnes atterrir dans les filaos, ou encore faire un saut de 10m pour finir par se casser les côtes en retombant dans l’eau », relate Mario Verloppe, fondateur de Le Morne Kite School (LMKS). IKO est en effet cette organisation internationale qui valide les compétences des moniteurs en leur attribuant des certifications, gages de la qualité de leurs prestations. « Il existe aussi la française AFKite et l’allemande VDWS, mais les professionnels locaux sont certifiés IKO », selon Mario Verloppe. C’est d’ailleurs le cas de son école ouverte depuis 2012 et qui accueille entre 350 et 400 « apprentis » annuels sur le site du Morne. Celui qui a tous les certificats en poche, le « Kiteboard Instructor Level 1 », permettant de donner des cours et le « Kiteboard Instructor Level 2 » qui autorise l’ouverture d’une école – passés et payés en ligne sur le site d’IKO -, regrette que la discipline soit si peu soumise au contrôle par les autorités compétentes.
En attente d’une régulation de la profession
Car une fois ces certifications en poche, il faut ensuite prendre la direction de la Tourism Authority pour obtenir son permis d’opérer. « Au total, je débourse Rs 16 500 chaque année», poursuit Mario Verloppe. Sauf que laisse t-il entendre, parmi les certifiés IKO, et qui ont de ce fait le droit d’enseigner, certains semblent exercer sans permis… Par omission volontaire, mais aussi parce que les procédures sont extrêmement longues, « jusqu’à trois ans ! », s’insurge t-il. La faute au manque d’implication de l’autorité de tutelle qui observe un décalage entre son discours visant à réguler l’activité, mais dans les faits, rien de concret ne suit. Outre faire accélérer la procédure de permis pour ceux qui ne demandent qu’à être en règle, Mario Verloppe fait aussi valoir que le fleurissement incontrôlé des écoles de kite se fait en défaveur de la qualité de l’enseignement sur site. « Nous sommes une dizaine d’écoles au Morne. Lorsque les moniteurs entrent dans l’eau avec leurs élèves, nous sommes une trentaine à occuper le lagon où la place se fait rare». Reste à souhaiter, selon lui, que la récente présence des agents de la Mauritius Authority sur le spot de Grand Gaube présage la proche mise en place d’un dispositif de régulation des écoles de kite dans l’île.