Ce devait être un journal de la Covid, des récits partagés sur Facebook avec un cercle d’amis. Mais, le récit de Catherine Leclezio allait prendre une autre tournure ; il devint celui de tous ceux qui avaient besoin de décrire leurs situations de détresse. Ce qui aurait pu être « La vie au temps de la pandémie » devint « Mauritius in Quarantine ».
« Les parents étaient frénétiques parce que leurs enfants, étudiants à l’étranger, étaient coincés dans ces pays sans moyens de rentrer chez eux; les personnes qui avaient besoin d’un traitement à l’étranger n’étaient pas en mesure de prendre l’avion; les couples et les familles se retrouvaient séparés, les mariages reportés indéfiniment; des hommes d’affaires perdaient leurs investissements, leurs entreprises n’étaient pas gérées correctement; les personnes âgées étaient abandonnées dans différents pays, les animaux de compagnie étaient laissés à des voisins ou à des chenils, et les budgets étaient soit tendus ou épuisés»: non, ce n’est pas là un extrait du roman de Garcia-Marquez. Catherine Leclezio a l’art du récit. Rechercher et partager des informations est pour moi un plaisir”
On n’approche pas les informations en profane quand on s’est confronté à l’univers de la presse. Catherine Leclezio a fait des reportages dans des journaux au Zimbabwe, l’ancienne Rhodésie où sa famille s’était installée, et aussi en Afrique du Sud. Aussi, elle se dit souvent « consciente de l’écart entre ce qui se disait officiellement et les faits sur le terrain ». Des membres du groupe la contactaient par message privé pour lui donner des informations privilégiées. Mais, avoue-t-elle, J’aime écrire, donc rechercher et partager des informations est pour moi un plaisir ».
Sa formation initiale en psychologie et en sociologie lui procure une vision analytique des situations sociales et des itinéraires individuels. Sa carrière professionnelle la mènera vers le secteur de la chimie industrielle qui, à cette époque en Afrique du Sud, entreprend son processus normatif et elle devient chef de projet pour son entreprise et finalement pour le secteur. C’est peut-être de là que lui vient cette exceptionnelle capacité à intégrer des tonnes d’informations pour les restituer de manière synthétique.
De retour en terres natales
Elle avoue qu’il était très difficile de glaner des informations spécifiques à partir du site Service d’information du gouvernement (GIS) ou de leur page Facebook. C’était extrêmement frustrant de rassembler quotidiennement des informations provenant de six, sept sources. Aucun des sites Web des ministères n’est à jour»,
confie-t-elle.
Mais plutôt que de couler le service, elle lui suggère de rassembler et diffuser l’information d’une manière compréhensible et facile à trouver.
En réalité, la vraie force de Catherine Leclezio est sa capacité à passer la main à d’autres, désireux justement de prendre la main ou de donner un coup de main. A l’instar de Khadidja Malleck, qu’elle n’avait jamais rencontré auparavant mais qui allait lui apporter une aide inestimable en terme de réseautage. Sa nièce également, Laura Leclezio, elle-même revenue d’Angleterre. Et finalement cette douzaine de personnes qui allaient s’impliquer à divers degrés pour répondre aux besoins d’une communauté d’environ 20 000 personnes.