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vendredi, novembre 22, 2024

Chants d’ombre

« Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie, de ta forme qui est beauté
J’ai grandi à ton ombre ; la douceur de tes mains bandait mes yeux
Et voilà qu’au coeur de l’Été et de Midi,
Je te découvre, Terre promise, du haut d’un haut col calciné »

En 1945, la Libération de la France entraine la parution des premiers poèmes de Léopold Sédar Senghor. À 39 ans, l’homme aux larges lunettes éclate de lumière la scène littéraire grâce au recueil Chants d’ombre.

Le lyrisme parcourt l’œuvre aux émanations de soleil et aux souvenances des racines africaines. En hommage aux griots, le poète invoque le passé et les traditions, les femmes et l’amour. L’essence de la négritude et de l’identité noire y figurent, bien évidemment.

Enrôlé dans l’armée française lors de la Seconde Guerre mondiale, le fantassin de l’infanterie coloniale connait les geôles allemandes de 1940 à 1942. Dans ces camps, le prisonnier de guerre manque de peu de se faire fusiller et médite sur chacun de ses mots. Femme noire exprime déjà le talent de l’homme pluriel et dévoile une partie de ses motivations.

Un éternel entre-deux

Né au Sénégal, étudiant au très parisien lycée Louis-le-Grand, député français, premier Président sénégalais et Académicien français, Léopold Sédar Senghor est un homme dual. Deux pays dont il ne cesse de célébrer les cultures. Ses détracteurs sauront lui rappeler et crieront à l’imposture. Comment prôner l’émergence d’une identité noire postcoloniale tout en entretenant des liens indéfectibles avec la France ?

Pourtant Senghor réussit. Accompagné d’Aimé Césaire, il mène le mouvement littéraire de la « Négritude » et toute sa vie durant, Léopold sera redevable à cette doctrine.

En France, l’homme est un étudiant brillant et entretient des amitiés fameuses. Son condisciple, un certain Georges Pompidou, l’initie aux desseins politiques et sa nécessité. Entre poèmes et politique, Senghor mène de front ses deux passions. Élu Président du Sénégal en 1960, il occupera ce poste pendant deux décennies. Il s’implique corps et âmes pour son pays natal où il rédige l’hymne national toujours en vigueur : Le Lion rouge. Dans le même temps, son œuvre croît. Des essais rejetant le colonialisme français et le refus de l’assimilation ainsi qu’une œuvre poétique aux titres programmes : La Poésie de l’action ou encore Éthiopiques.

Léopold Sédar Senghor décède en 2001 et laisse son fauteuil de l’Académie française vacant. Valéry Giscard d’Estaing lui succèdera. Une histoire de Présidents me direz-vous.

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