Le collectif d’historiens, de chercheurs et d’écrivains engagés, que Vijaya Teelock a su entraîner dans son sillage en quittant l’université, vient de publier la deuxième version de Women in the making of Mauritian history, aux éditions de l’Océan Indien. Dominique Bellier
L’historienne regrettait volontiers, il y a quelques années, que le rôle des femmes dans l’histoire de Maurice constitue un champ de recherche encore inexploré. Elle propose ici 34 contributions accessibles à tous publics, en anglais, en français et en kreol morisyen. L’ouvrage n’est d’ailleurs pas réservé aux seuls spécialistes universitaires, mais aussi aux amateurs d’histoire tels que le coéditeur Steve Sénèque, ou aux artistes tels que Nalini Treebhoobun ou Cendrine Bolaram.
Comme pour l’esclavage il y a cinquante ans, l’histoire des femmes commence à s’écrire ici par petites touches et sous de multiples angles, aussi avec l’apport de disciplines voisines de l’histoire, telles que la littérature, l’anthropologie et l’étude des traditions orales, etc.
Comment, en effet, raconter une histoire qui a été invisibilisée ? Restituer la vie domestique ? Raconter les effacées de la vie sociale qui « faisaient tapisserie » ? Comment s’en tenir aux seules archives judiciaires des esclavées qui ont défié l’autorité ?
En héritière de l’édifiant Sexe, race et colonie, dirigé par Pascal Blanchard, Élodie Laurent restitue une part taboue de notre histoire : l’exploitation sexuelle des esclavées d’Isle de France. L’autrice de La femme, cette inconnue (2013), Eileen Lohka, dresse un parallèle entre les femmes autochtones du Canada où elle vit et celles de Maurice, dont l’existence a été gommée depuis les débuts. Une quinzaine de nouvelles contributions sont ainsi venues augmenter cette édition, en vente à seulement Rs 375.
