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samedi, novembre 23, 2024

Cordonnier, un métier traditionnel comme on les aime à Maurice

Véritable artisan qui fabrique, répare, rénove ou décore des articles tels que chaussures, sacs, cartables, ceintures et autres objets en cuir et ses dérivés, le cordonnier est un touche à tout. A Maurice, ils sont encore quelques-uns à pratiquer la discipline dans la pure tradition artisanale. C’est le cas de Dominique et Jean Eric. La Gazette est partie à leur rencontre.  

Cordonnier? Un métier vieux comme le monde! L’histoire de la chaussure remonte quasiment à la naissance de l’homme étant donné que ce dernier a très tôt ressenti le besoin de se couvrir et de protéger son pied du contact fort rude de la terre. La cordonnerie est donc très ancienne. Selon une étymologie populaire, cordonnier viendrait du mot corde, car les premiers cordonniers utilisaient des cordes pour fabriquer des chaussures. Et contrairement à ce que l’on pense le cordonnier ne fait pas que réparer les chaussures mais il en fabrique aussi !

Aujourd’hui encore, être cordonnier, c’est avoir beaucoup de talent, d’imagination, de patience et surtout, d’une très bonne organisation en plus de l’amour de la qualité du travail.

Entre savoir-faire et bon relationnel

« Un bon cordonnier est à la fois artisan et commercial. Il doit avoir plusieurs qualités et être capable de développer de nombreuses compétences. A ses savoir-faire techniques seront associées des compétences plutôt commerciales. S’il a une maîtrise des techniques spécifiques du métier et aime la précision, qui suppose bonne aptitude visuelle, une habilité manuelle est nécessaire avec un esprit créatif et plein de curiosité. Il faut aussi faire preuve de patience, avoir un sens de la relation développé en réservant un bon accueil au client» explique d’emblée Dominique Céline Responsable de la production et de la cordonnerie à Julien R, une enseigne historique à Maurice dans la confection de chaussures. Celui qui supervise une équipe de dix personnes a appris son métier sur le tas avec son père. Vingt-cinq ans plus tard c’est toujours l’amour du travail bien fait et la satisfaction client qui séduisent cet artisan toujours réjoui de voir un client repartir avec ses chaussures préférées réparées.

On aura toujours besoin d’un cordonnier

Même son de cloche pour Jean-Eric, cordonnier à Vacoas. Avec un savoir-faire transmis de père en fils son atelier ne désemplit pas.

« On dit souvent qu’être cordonnier est un métier d’homme. Mais moi je ne suis pas d’accord il n’y a pas plus attachée à ses chaussures qu’une femme, d’ailleurs ma femme m’aide beaucoup ! » exprime t-il non sans fierté.

L’atelier de Jean-Eric est à l’image de son propriétaire : accueillant! Son espace, il le réaménage souvent pour satisfaire une clientèle qui évolue et se diversifie. « Depuis deux ans, je sens que ça bouge. On aura toujours besoin d’un cordonnier. Les gens reviennent à la réparation. Surtout les jeunes. La crise y est pour quelque chose ! Chez les femmes, les petits talons s’usent vite. Je sais que le métier ne fait pas rêver les jeunes mais c’est dommage, ils gagneraient à perpétuer cette tradition. Cordonnier, c’est un vrai métier mais on n’en a plus assez à Maurice car l’image de l’échoppe noircie peu avenante n’attire pas» renchérit-il. Cependant, réparer un talon, réaliser des coutures sur cuir, changer une semelle intérieure, remplacer une cambrure, réaliser des teintures ou une pièce de remplacement, colmater une déchirure… ne s’improvise pas. Le cordonnier, doit pourvoir maîtriser les différentes techniques et matériel nécessaires aux opérations d’entretien, de réparation et de confection de chaussure ou de toute autre pièce.

Des autodidactes ayant l’amour de leur travail

Parfois, des travaux de rénovation de chaussures haut de gamme nécessitent plusieurs heures de travail et le cordonnier doit être patient, habile et minutieux. Il est appelé à utiliser différentes techniques d’assemblage, de découpe, de couture et de collage. Il s’informe aussi sur les dernières machines et derniers matériaux pour pouvoir assurer à ses clients une prestation à la hauteur de leurs attentes. « Mais en règle générale les peu de cordonniers restant à Maurice sont des autodidactes. Et nous réparons plein de chaussures sans de grosses machines sophistiquées comme on peut voir en Europe. Nous ne passons pas nos journées à réparer des semelles la palette du cordonnier est large il y a la réparation des sacs, des ceintures ou encore des articles en cuir » détaille Jean- Eric. Qui a dit que la cordonnerie n’avait plus d’avenir ?

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