Il est d’usage de comparer ce que nous vivons avec ce que nous avons vécu. Les différentes crises précédentes : grippe espagnole (1918/1919), grippe asiatique (1957), Ebola pour les crises sanitaires, la crise de 1929, la crise des sub-primes pour celles qui relèvent de la finance…
Cependant, nous faisons aujourd’hui face à une crise bien différente. Une crise sanitaire, certes, mais qui a conduit à une crise économique difficilement comparable avec celles du passé. Le schéma « standard » d’une crise démarre avec un choc sur la demande, principalement dans un secteur (par exemple l’immobilier), qui conduit par la suite à une crise financière. S’ensuit alors un ralentissement économique qui, grâce à la mondialisation de l’économie et à l’inter-connectivité des marchés, se propage de manière plus ou moins extensive au reste du monde. C’est ce que nous avons vécu en 2008/2009 avec la crise des sub-primes.
Ce que nous vivons aujourd’hui, c’est un arrêt total « provoqué » de l’économie, dans l’ensemble des pays. Le choc ne se fait pas seulement sur la demande mais sur la combinaison offre (producteurs, entreprises) ET demande (consommateurs, ménages…) simultanément, et de manière extrêmement violente.
Ce n’est donc pas un ralentissement de l’économie mais un arrêt (presque) total, tous secteurs et tous pays confondus. C’est ce qui rend la situation présente si exceptionnelle et si dangereuse.
L’effet a été immédiat sur l’économie réelle. Le chômage aux États-Unis a ainsi explosé, détruisant toutes les créations d’emplois depuis 2008. Au moment où nous écrivons cet article, les résultats des entreprises pour le premier trimestre 2020 commencent à être publiés, et nous permettent de mieux observer les impacts du confinement. Certes, ce sont de bons indicateurs, mais nul doute que les « vraies » mauvaises nouvelles apparaitront lors des résultats du 2ème trimestre, et ce ne sera qu’un début.
Le FMI prévoit une contraction de la croissance globale de plus de 3% pour 2020. La Chine prévoit une croissance nulle pour 2020, celle des USA estimée à -9% et -7,5% pour la Zone Euro. Et tout cela en moins de 3 mois ! Le monde a découvert avec stupeur le danger d’une dépendance trop forte à certains pays producteurs. La mondialisation a conduit les pays à fort revenu à rediriger leurs unités de production vers les pays à faible revenu, créant ainsi une dépendance dangereuse en termes d’approvisionnements comme nous le vivons.
Les marchés financiers n’ont évidemment pas tardé à réagir avec des chutes encore plus violentes que celles connues pendant la crise de 2008. Des moments historiques aussi avec le prix du pétrole qui, pour la première fois de son histoire, est devenu négatif, traduisant ainsi la crainte justifiée des opérateurs quant à la très
« attendue » reprise économique.
Les banques centrales ont compris l’urgence ; à situation exceptionnelle, réactions exceptionnelles. Elles inondent aujourd’hui les marchés en liquidité à coup de milliers de milliards de dollars, de plans de soutien aux entreprises, aux particuliers… L’ensemble des tabous, des théories de politique monétaire sont aujourd’hui brisés. Les banques centrales donnent de l’argent directement aux particuliers (helicopter money). La Banque d’Angleterre financera directement le Trésor Britannique. Les gouvernements se substituent aux entreprises afin d’assurer un minimum de revenu aux salariés.
Le challenge est immense car il faut bien évidemment que la consommation des ménages soit maintenue, donc soutenir la demande. Mais comment pourra-t-on avoir une reprise de la demande si nous faisons face à d’autres périodes de confinement ? Certains secteurs ne pourront redémarrer à cause du risque sanitaire. Il apparaît donc extrêmement compliqué aujourd’hui de prévoir des plans de relance sans avoir endigué la crise sanitaire une fois pour toute.
Pour le moment, la seule certitude est qu’il faut, à tout prix, limiter au maximum les faillites des entreprises afin de ne pas créer encore plus de chômage qui, à long terme, pèserait encore plus sur la reprise.
Ici, nous avons choisi de vous exposer quelques enjeux (parmi tant d’autres) qui seront, à notre avis, inévitables dans la suite de cette crise.
Le chômage et les inégalités : les nombreuses faillites à venir, les restructurations inévitables. Cette crise va certainement contribuer à augmenter les inégalités. Ceux qui en souffriront le plus seront ceux qui n’ont pas pu ou su constituer leur « bas de laine ». 40% des ménages américains ont moins de 400 Dollars US sur leur compte d’épargne. Cette crise touchera les différentes strates de population de façon inégale, privilégiant la précarité bien sûr, et les secteurs de services largement touchés (tourisme, aviation). Les inégalités vont aussi accentuer le fossé entre les continents. L’éventuel repositionnement des unités de production, des leviers monétaires plus limités (absence de « bazooka » monétaire) comme soutien de l’économie auront un impact direct sur les pays en voie de développement.
L’ONU s’est de son côté alarmée d’une “catastrophe humanitaire mondiale” ; le nombre de personnes souffrant de famine risque de doubler pour atteindre “plus de 250 millions de personnes d’ici fin 2020”. Qu’en sera-t-il de l’immigration si les pays les plus pauvres tombent dans une précarité encore plus profonde ? Les Etats riches devront faire preuve de solidarité à l’échelle internationale, afin de venir en aide au pays les plus pauvres, même certainement devoir trouver un moyen afin d’annuler les dettes des pays les plus à risque.
Changement des habitudes de consommation et des business models. Les épidémiologistes parlent de plusieurs vagues de contamination au virus. Nous pourrions donc subir plusieurs phases de confinement jusqu’à ce qu’un vaccin soit trouvé (entre 12 et 18 mois). En vivant une telle crise et avec autant d’incertitude devant nous, nous pensons que les ménages reverront leurs habitudes de consommation. Plus prudents, ils auront tendance à augmenter leur propension à épargner, s’ils le peuvent. Les biens de première nécessité seront évidemment privilégiés. Mais le superflu, les achats non indispensables, impulsifs ou compulsifs, qui nécessitaient souvent un appel à crédit, seront tout bonnement sacrifiés à l’autel de la Thésaurisation (Épargne de précaution) en cas de nouvelle pandémie. Avec des taux d’intérêts déjà majoritairement négatifs, une liquidité surabondante, il sera très difficile d’inciter les ménages à maintenir leur niveau de consommation d’avant crise.
Les secteurs des loisirs et divertissements, conduisant à une certaine proximité, seront clairement ceux qui prendront le plus de temps à redémarrer. Les services « en ligne » seront sans nul doute les grands gagnants de cette crise. Mais c’est en réalité tout le business model de notre économie qu’il faudra revoir afin de s’adapter aux nouveaux modes de consommation ; à ce nouveau monde.
Mais non ! Évidemment que ce n’est pas la fin du monde. La capacité de l’homme à survivre est innée. Les vaccins et traitements efficaces verront bientôt le jour, ramenant un élan de relance et donc de croissance.
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Nicolas Bathfield
Alexandre Ducler
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