Ancien journaliste sportif sur une chaîne du groupe Canal +, Cyril Bougaux est, depuis plus d’un an, directeur de la communication à Anahita. Son itinéraire professionnel lui permet d’avoir une vue précise de la situation de Maurice dans l’univers du golf.
Même s’il a commencé sa carrière de journaliste sportif en suivant les championnats de football, Cyril Bougaux pratique le golf depuis une vingtaine d’années, “mais en amateur”, tient-il à préciser. Il était donc prévisible qu’InfoSport, la chaîne de télévision sur laquelle il a officié pendant dix ans, lui attribue assez vite la couverture de quelques grands tournois. C’est d’ailleurs pour suivre une édition de l’Afrasia Bank Mauritius Open qu’il est d’abord venu à Maurice. Au cours de la compétition, des contacts se nouèrent, débouchant sur la proposition d’un poste important à Anahita. Après une année passée à la direction de la communication, ce professionnel aguerri porte un regard clair sur l’Ile Maurice du golf.
“Nous avons la chance, explique-t-il, de proposer un calendrier décalé par rapport à la saison européenne. A partir de novembre et jusqu’au printemps, il est difficile de jouer au golf en Europe, et donc d’y organiser des tournois. C’est l’une des raisons du succès de l’Afrasia Bank Mauritius Open, qui se déroule en décembre, à une période à laquelle les professionnels du circuit européen sont plus disponibles. Mais plus largement, c’est aussi l’une des clefs du succès de l’île Maurice auprès des golfeurs, quelque soit leur niveau. Ils peuvent venir jouer ici pendant l’hiver européen, en profitant d’un cadre particulièrement agréable, sur des parcours d’une beauté saisissante. J’ai beaucoup voyagé et arpenté de nombreux terrains de golf… Ceux que propose Maurice sont parmi les plus beaux. A Anahita nous avons des trous qui font face au lagon. C’est magique! Idem pour l’Ile aux Cerfs…”
“Il faut innover”
Effectivement, on comprend sans peine que la beauté des parcours mauriciens séduisent les golfeurs étrangers: jouer au pied du Morne, au Paradis, ou voir passer des cerfs sur le green, comme c’est parfois le cas à Bel Ombre, se noyer dans une végétation luxuriante à Avalon, avec l’océan pour horizon, ou profiter d’un green impeccable, à Mont-Choisy, tout en étant à deux pas de la principale station balnéaire de l’île… Voila des atouts dont disposent peu de golfs européens.
“Mais cette réussite, tempère Cyril Bougaux, doit nous inciter à la prudence. Je pense que nous avons encore la place pour un ou deux golfs de cette qualité. Au-delà, on prendrait le risque d’entrer dans une concurrence si rude qu’elle pourrait déstabiliser toute la stratégie golfique de l’île. Je l’ai vu, par exemple à Marrakech, au Maroc. Il y a maintenant des dizaines de golfs autour de la ville. Un ou deux parviennent à fonctionner avec un nombre de joueurs suffisant. Les autres sont presque vides… et quand on sait le coût de l’investissement nécessaire à la création d’un golf, on imagine bien que ce n’est pas une situation viable.” Mais cette mise en garde, ne doit pas occulter de réelles possibilités de progression. “Il est difficile, admet C. Bougaux, d’envisager d’autres tournois de l’importance de l’Afrasia Bank Mauritius Open. Mais nous avons encore de nombreuses possibilités pour développer le tourisme lié au golf. D’abord, en jouant la carte régionale. Les golfeurs réunionnais aiment nos golfs et il faut multiplier les occasions de les faire venir. A Anahita, nous organisons un tournoi, le Vanilla Islands, qui en est à sa troisième édition. Il s’adresse spécifiquement aux joueurs de l’île voisine. Mais il faut sans doute aller plus loin dans cette démarche régionale, en direction des joueurs sud-africains, ou malgaches… ou de tous les autres pays de zone. Il faut aussi innover, animer le jeu, le rendre le plus ‘fun’ possible. En ce qui nous concerne, nous organisons, en janvier prochain, un tournoi qui donnera à des amateurs la possibilité de jouer avec des pros féminines! Il faudrait aussi avoir un soutien plus fort des autorités. Même si, et c’est notable, la MTPA travaille efficacement à nos côtés.”
L’avenir s’annonce donc prometteur, d’autant, confie notre interlocuteur, que “l’image de Maurice parmi les golfeurs, en France, par exemple, est excellente. J’ai eu l’occasion de le vérifier en visitant quelques-uns des meilleurs golfs français: beaucoup des adhérents de ces golfs sont déjà venus… et les autres rêvent de venir!”