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Daphné . D, émotions et partages

Lorsque Daphné Ducasse, la jolie créatrice de robes de mariée, me reçoit dans son atelier ouvert depuis cinq ans, chez elle à Quatre Bornes, je découvre une jeune femme délicate, perspicace, déterminée… parfaitement à sa place dans cet univers feutré et féérique.

J’ai avec moi une série de questions, mais n’en poserai aucune, tant l’échange est spontané et fluide. J’aime ces instants qui me font réaliser ma chance de rencontrer des personnes aussi exaltées que talentueuses ! Intuitive, Daphné me parle du feeling qu’elle doit obligatoirement ressentir avec ses clientes, qu’elle verra cinq à six fois durant quatre mois… jusqu’au mariage, pour les habiller personnellement et effectuer d’éventuelles retouches. « La mariée choisit celle qui fera sa robe, moi je choisis celle qui portera ma création ! » Je sens instantanément ô combien le détachement est compliqué lorsqu’un ouvrage quitte l’atelier, pour celle qui y met tant de sa personne ! « J’ai travaillé sur moi pour ça », me dit-elle en riant, avant d’ajouter : « Je ne dis plus ma création, mais notre cocréation ! C’est une collaboration ! »

Le premier rendez-vous révèle les attentes de la future mariée, mais aussi sa morphologie, sa posture, sa personnalité… autant de sources d’inspiration pour l’artiste. « Il faut donner du temps aux mariées, sinon elles se perdent, sont frustrées, et tout mon travail est remis en question ! L’entente, la symbiose sont importantes ! » Me confiant que notre tenue vestimentaire nous définit, Daphné ajoute : « On rêve toutes de porter ce jour-là LA robe de nos rêves… mais sans réaliser que tout n’est pas fait pour nous ! Il est difficile sur un croquis de visualiser les coupes et les matières, comme de réaliser que s’habiller tout en blanc n’est pas habituel ! » 

À l’évocation de ses six années d’études en stylisme et design à Paris et Cracovie, Daphné me confie que les mariées sont une passion depuis l’enfance, lorsqu’elle portait les créations dominicales de sa grand-mère couturière, qui confectionnait également les robes de noces de ses proches. Dans son atelier, Daphné forme avec la patiente Paméla un binôme de confiance et de complicité, pour faire, défaire, refaire ! Mais l’essentiel de son métier reste l’éducation des Mauriciennes, associant le sur-mesure à une tarification exorbitante ! Ses modèles uniques sont luxueux mais abordables (dès 35 000 roupies). Intemporels, aussi, pour être déconstruits et réutilisés. Quelle chic idée !

Daphné accepte trois projets par mois. Ses couleurs sont le marron, pour la terre, et le rouge pour la puissance féminine, la passion ! Consciente de la nocivité de la grande industrie textile (pollution, traitements du personnel…), cette connectée à la nature affectionne les matières organiques et rêve de proposer un jour des robes tout en lin ! Ce qui la nourrit ? La complicité et la bienveillance de ses clientes, devenues pour certaines des amies.

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