Il n’est pas trop tard pour se procurer l’un des nombreux bons livres publiés, cette année, par les auteurs mauriciens. D’autant que la cuvée 2018 s’est avérée abondante, variée et, globalement, d’excellente qualité. Les fêtes de fin d’année fournissent d’ailleurs le prétexte idéal pour s’offrir, se faire offrir ou offrir un bon livre !
Parmi les nouveautés, nous vous recommandons Sommes-nous des caméléons?, de jacques Maunick. Journaliste, homme de radio (il officia longtemps sur les ondes de RFI) et frère d’Edouard, le poète reconnu, Jacques Maunick a surpris tout le monde, l’année dernière, avec un premier livre atypique lalang péna lézo. Ce petit lexique créole amusant en est déjà à sa troisième édition…un record !
Dans ce nouvel opus, Jacques Maunick assume totalement un regard subjectif sur la société mauricienne et ses travers, petits ou grands. Avec humour, toujours, avec talent, souvent, avec tristesse, parfois, mais jamais avec férocité, il nous amuse de ce dont on ne parle pas ici…ou si peu… ou si mal… du communalisme, de notre propension à préférer le paraître à l’être, de la conduite automobile, des faits divers, des femmes si courageuses…et du français tel qu’on le parle à Maurice. Baignant dans une tendre ironie, ce livre est surtout celui d’un Mauricien amoureux de son île, mais triste de la voir si mal se comporter.
Très loin de l’ambiance légère du petit essai de Jacques Maunick, Les Mauriciens dans la Grande Guerre, 1914-1918, l’ouvrage historique de Christine Chompton-Ahnee et Christine Renard, édité par Vizavi, nous plonge dans l’horreur de la première guerre industrielle et mondiale de l’Histoire. Prenant le relai d’un travail pédagogique accompli par des élèves de l’Ecole du Centre et du Lycée Labourdonnais, ce livre s’appuie sur les documents mis au jour par les élèves, qui ont ainsi pu découvrir le rôle joué par leurs aïeux dans la Grande Guerre.
Les deux auteures ont poussé plus loin les recherches, pour aboutir à un tableau saisissant du comportement des Mauriciens durant la première Guerre mondiale. On y apprend, notamment, que l’élan patriotique fut, sur notre petite île, si général que plus de trois mille jeunes hommes se sont engagés! Mais on y découvre, également, que les Mauriciens «non-blancs» ne furent pas jugés dignes de porter les armes pour combattre les Allemands et leurs alliés.
Parsemé de documents rares ou inédits, ce livre exceptionnel comporte une liste nominative de 2400 Mauriciens, en précisant même l’unité dans laquelle ils ont servi!
La maison d’édition de Pascale Sew poursuit également la très belle série d’albums d’aquarelles de Florent Beusse, avec un nouveau tome consacré à La Réunion. Regards sur la Réunion semble marquer une étape importante dans la progression technique du dessinateur. Ses encres de Chine et ses aquarelles y sont encore plus puissantes que dans les précédents volumes, rendant ainsi parfaitement justice au relief réunionnais… Les textes de Joëlle Ecormier, en contrepoint, sont sensibles et délicats.
Dans le domaine de la littérature pour enfant, un vent nouveau semble souffler sur Maurice. Longtemps trop seul, le célèbre et espiègle Tikoulou a, désormais, de nombreux camarades. Le premier d’entre eux est Ti Solo, grand héros (Vizavi). C’est un solitaire, un oiseau qui ne sait pas voler… cela semble inutile, alors on se moque de lui… mais quand surgit le cyclone, Ti Solo se montre héroïque! Ces aventures sont issues d’un atelier d’art organisé avec des enfants rodriguais par Mary-des-Ailes (qui signe les dessins). Les textes, bien rythmés, sont de Priya Hein.
Il y a aussi les quatre jeunes héros de La Carte Magique. Ils se prénomment Ashvin, Emilie, Jérémy et Zara et ont un faible pour les récits de pirates. Grâce à la découverte d’une étrange carte, ils vont avancer, d’indice en indice, pour tenter de découvrir un fabuleux trésor…. Les deux premiers tomes de leurs trépidantes aventures viennent tout juste d’être publiés par L’Atelier des Nomades. Ils s’adressent à un public âgé de 6 à 8 ans. Les textes, de Yianna Amodine sont simples et clairs, sans être trop simplistes, et les dessins, d’Iloë, sont particulièrement séduisants.