En 1932, Edward Clark Oxenham fonde l’entreprise éponyme E.C. Oxenham et se lance dans la production de vins à partir de raisins et de jus de raisins concentrés importés. Au fil des années, la société accroît sa production et devient distributeur local de grandes maisons de vins et spiritueux, principalement basées en Europe et en Afrique du Sud. Néanmoins, la famille Oxenham ne néglige pas son objectif de créer un produit 100% Mauricien.
Dans les années 90, Patrick Oxenham, oenologue, et Steve Oxenham, vinificateur (Chief Winemaker), s’intéressent à une recette de vin de letchi élaborée par le fondateur de l’entreprise familiale. Des contraintes techniques, entre autres, feront que le projet ne sera concrétisé qu’en 2010. « Avant cela, les technologies à notre disposition ne nous permettaient pas encore d’avoir le produit que nous souhaitions créer. Aujourd’hui, c’est le cas et la première production a été lancée en 2011 », relate Cédric Oxenham, oenologue. « Nous sommes passés par de nombreuses étapes pour maîtriser l’extraction du jus de letchi avant de le transformer en vin, en expérimentant les différentes levures et techniques appropriées. Ce long travail nous a permis d’aboutir à un produit élégant, Divine Letchi.»
Le plus dur reste à faire. Un vin de fruit autre que le raisin ne suscite pas de grand intérêt, du moins au départ. « Nous avons eu de nombreux réfractaires. Ils nous demandaient comment on peut appeler cela du vin! » Cependant, il n’a pas fallu longtemps avant qu’ils soient séduits par ce vin pas comme les autres. « La meilleure façon de faire connaître notre produit était d’éduquer les gens et les initier à la découverte de nouvelles saveurs. Nous avons épaté bon nombre de sommeliers. A l’aveugle, personne ne pouvait nous dire que ce n’était pas un vin de raisin! »
Surprises
En effet, Dean Oxenham, directeur commercial d’E.C. Oxenham, nous raconte que les retours étaient assez divers. « Certains confondaient le Divine Letchi avec un Riesling ou un autre vin d’Alsace. D’autres nous ont parlé de Viognier du Rhône ou un encore d’un cépage assez atypique de la Grèce. » Ces réactions confirment, néanmoins, que l’entreprise mauricienne a réussi son pari de faire un bon vin local. « Le vin avait séduit ceux qui l’avaient goûté. Ainsi, nous avons commencer la commercialisation sur le marché local. »
Je pense que nous pouvons être fiers. Chaque pays se distingue par un vin, une bière ou une autre boisson propre à sa culture. Aujourd’hui, Maurice peut faire de même. C’est un produit typiquement mauricien. Les planteurs et les fruits sont mauriciens, l’entreprise est mauricienne, nos employés… tout a été fait par des Mauriciens pour des Mauriciens. – Dean Oxenham, Directeur commercial
Ensuite, la société cible le marché touristique à travers le réseau hôtelier et les restaurateurs de l’île. Ces derniers sont séduits, car ils ont quelque chose d’original à proposer à leurs clients.
« Ce vin convient pour l’apéritif, le dessert et les plats locaux. Nous avons constaté qu’il se marie très bien avec les plats épicés, même le briani! » Fort de ces retombées positives, E.C. Oxenham ne s’arrête pas là et exporte désormais les vins Divine vers l’international. « Le préjugé existe toujours dans de nombreuses destinations. Ils ne sont pas encore prêts à accueillir un vin de fruit dans leurs cartes de vins classiques. » Toutefois, cela n’arrête pas la marque dans son ascension.
Une gamme élargie
En effet, le Divine Ananas, en comparaison au Divine Letchi qui demeure« mystérieux », on sent tout de suite que ce vin est fait à base d’ananas. Dean Oxenham nous conseille de le boire après un bain de mer. Le sel sur les lèvres accentue les saveurs du vin, de la même manière dont les Mauriciens apprécient le goût des ananas : saupoudrés de sel.
Qu’en est-il de Divine Goyave? « C’est un fruit qui nous a donné du fil à retordre pour en extraire le jus, sans faire trop de pertes. En comparaison à un raisin duquel nous pouvons extraire environ 70% de jus, les autres fruits ne permettent que 30% à 50% d’extraction. La production de vin de fruit est minutieuse et les goyaves ont une peau assez épaisse. Ainsi, cela nous a pris pas mal de temps pour trouver la bonne formule. Les ventes commencent tout juste. Nous attendons les commentaires et critiques afin de nous améliorer davantage. Voyons comment ça se passe », dit Cédric Oxenham.
Pour le moment, E.C. Oxenham ne prévoit pas la production d’un nouveau vin ou spiritueux. La société se concentre a améliorer, à chaque nouvelle cuvée, la qualité et l’élégance de la gamme Divine. Toutefois, cela n’exclut pas une nouvelle surprise dans le futur. Les Oxenham sont férus de nouvelles expériences…