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Île Maurice
samedi, novembre 23, 2024

Du père à la mer…

C’est son père qui lui a fait aimer la mer et Sharanaz Subratty lui voue sa reconnaissance. A Poste Lafayette où sa grand-mère avait une habitation, personne ne prêtait attention à la petite fadette qui s’en allait au matin contempler la mer où son père taquinait la vieille et le croissant. La petite fille, intriguée par la structure poreuse d’un morceau de corail-gingembre, ne connaissait rien encore des polypes, mais son admiration pour leur chef-d’œuvre allait faire d’elle la directrice de Casting World, l’entreprise qui fabrique des décors inspirés du monde marin et qui, ce faisant, procure une alternative au prélèvement des coraux.  

Quand, en 2015, elle découvre une campagne pour la sauvegarde de la mer, Sharanaz revoit des pêcheurs à la fouine détruisant les coraux. Ce qui la pousse à tenter, avec de la glaise, de reproduire son premier corail. Son mari pense qu’elle n’a plus toute sa tête, mais elle n’en fera qu’à la sienne. Elle créé des décors d’aquarium et, un client menant à un autre, la voilà qui, de salariée, se consacre désormais entièrement à cette nouvelle occupation.

En 2016, elle est invitée à soumettre des propositions pour la décoration de 80 chambres. Elle proposera des têtes de lit, des numéros de chambre, la décoration du spa et de la boutique, tout en thème marin. « J’ai transformé ma maison en atelier, j’ai embauché quelqu’un pour m’aider et mon mari avait un camion. Ce directeur d’hôtel, un Egyptien, avait une deadline à respecter et je ne pouvais pas le décevoir », raconte-t-elle. Elle se voit confier son deuxième projet : le Blue Bar et la Méduse qui fait fonction de douche à l’hôtel Belle Mare Plage.

Les dernières réalisations de Casting World sont gigantesques : les décors d’Odysseo, l’océanarium des Mascareignes. « Il fallait s’assurer que l’on n’utilise pas de matériaux toxiques. Certaines espèces ont besoin de camouflage, d’autres de caves et, sous la direction de la société française Clear Reef, nous avons créé des blocs de coraux et des îlots », raconte Sharanaz.

A Maurice, on fait beaucoup dans la copie ; tout le monde veut faire des dholl-puri. Ce n’est pas la voie que choisie. J’ai réalisé que je n’étais pas dans le business pour faire de l’argent, mais pour faire ma différence », nous confie-t-elle.

Alors qu’elle vient tout juste de terminer la décoration du pavillon mauricien à Dubaï Expo, on la découvre finaliste du concours « Women in Africa », qui consacre l’entrepreneuriat féminin de l’Afrique. Quelle différence fera-t-elle valoir cette fois ? Une pointe de fierté traverse son regard : « Depuis 2016, je n’ai pas pris une roupie en emprunt ! ».

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