Les fêtes de Noël et du Nouvel An représentent une des périodes les plus fastes chez les libraires, parce que les livres sont les meilleurs cadeaux à offrir aux adultes comme aux enfants. Une petite sélection de titres mauriciens pour la plupart sortis cette année… Dominique Bellier
Ludo le dodo à la kermesse amusera les plus petits d’entre nous, en leur faisant découvrir les jeux d’antan. Boulkaskot (chasse au prisonnier), sot lakord ou encore de l’art de jouer aux billes (kanet), à larou lariaz, sapsiway ou sot goni (course en sac) : le petit personnage hilare inventé par Céline Chowa et Henry Koombes montre que ces jeux permettent de se faire plein d’amis. (Vizavi, Rs 400). Les petits apprécieront aussi La ravanne de Daniella, album d’Amarnath Hosany illustré avec poésie et délicatesse par Joëlle Betsey Maestracci. Une fillette de 11 ans aime tant le son de la ravanne qu’elle brave son père pour aller au spectacle dans son village… Roman en 2019, puis spectacle en 2020, cet album se lit désormais en musique grâce au QR code qui active les compositions d’une autre Daniella… Bastien. (L’Atelier des Nomades, Rs 400).
Ce qui nous rend humain est un album coédité avec l’Unesco, écrit en français et en créole mauricien (Seki fer nou imin) qui fait voyager ses lecteurs à travers le monde dans la fantaisie et la douceur des images d’Anne Forlati, tout en les questionnant sur une faculté gratuite et non polluante que partagent les peuples du monde entier… Écrit par Victor D. O. Santos, le texte a été traduit en créole par Nuckiren Pyeneeandee. (Vizavi, Rs 570). Avec Envolée de nuit, Eugénie Sauzier-de-Rosnay rompt avec la diabolisation des chauve-souris, en racontant les aventures de Roussette. Alors qu’elle déploie ses ailes sous la voute étoilée, elle ne sait pas encore qu’elle court un danger, mais le salut lui viendra du jeune Ari… Des documents éducatifs prolongent l’histoire, sur les caractéristiques de la roussette noire de Maurice et son rôle de pollinisatrice. (Illustrations de Julie Bernard, L’Atelier des Nomades, Rs 400.)
Dans Bolom Loulou, Anoradha Chacowry transmet dix contes qui ont émerveillé son enfance. Petits et grands y découvrent l’effrayant Bolom Loulou, le perroquet qui n’aime pas l’hiver ou le marchand de lait qui ne sait pas tenir sa langue, Palpazo l’élégant aux pieds nus ou encore de la sorcière qui veut mettre Tizan dans son cari… (Illustré par Jean-Louis Floch, Rs 400.)
Pour les plus grands…
Parmi les beaux livres, Pratikan sega tipik, ouvrage musical de référence et fruit d’un magnifique travail collectif de l’Association des pratiquants du sega typique, permet à la fois de s’instruire sur l’histoire du sega et les groupes musicaux qui ont fait et font sa gloire, d’apprendre leurs chansons et les écouter sur le CD joint… (Illustration de James Rajabally, trilingue anglais/français/kreol, env. Rs 700). The inner eye est le livre d’une vie d’artiste et non des moindres : Nalini Treebhoobun. Cette quasi-monographie retrace son parcours esthétique depuis ses débuts aux Beaux-Arts à Paris dans les années 70 — un de ses professeurs signe un beau texte critique — jusqu’à ses dernières créations qui semblent faire la synthèse de sa pensée et de son art. Se promener dans ces tableaux est un plaisir rare et un voyage intérieur (env. Rs 1500).
Dans Escales mauriciennes, l’historienne Marina Carter offre les extraits les plus palpitants de 30 récits de voyageurs. De la fin de l’époque hollandaise, avec François Cauche qui découvre des dodos en liberté, jusqu’au navigateur contemporain Bernard Moitessier, en passant par Darwin, Mark Twain et d’autres célébrités, 4 autrices et un unique lettré bengali, ces textes racontent en passant des mutations de l’île et de sa sociologie (Vizavi, Rs 590).
Après le saisissant récit de ses années d’école, Nitish Monebhurrun se penche cette fois sur la semaine la plus éprouvante de cette scolarité, en février 1999 quand écoliers et collégiens ont été renvoyés chez eux, en attendant que le pays se calme. Kaya est mort ! est le témoignage d’un adolescent de 15 ans, qui se décille en découvrant l’orage qui gronde sous les apparences lissées de la nation arc-en-ciel. (Vizavi, Rs 420).
Excellente autrice Jeunesse, Fabienne Jonca nous revient avec un premier roman. Brown Baby a déjà remporté le prix Vanille à La Réunion et le prix Seligman contre le racisme, aux côtés de Jacaranda, de Gaël Faye. Elle nous entraîne cette fois des États-Unis à la France des années 50, avec Charlie, Rosa et leur fils Sam, qui fuient la ségrégation. Mais en filigrane de cette chronique de l’exil, une autre histoire se dessine, vécue par 7000 enfants métis trimballés d’un continent à l’autre… (L’Atelier des nomades, Rs 490).
Outre les deux premiers tomes des œuvres complètes de Marcel Cabon, deux inédits rappellent Malcolm de Chazal à notre bon souvenir : Les courses à l’île Maurice (ouvrage illustré, chez Pamplemousses éditions) et Demi-confidences (recueil de pensées disponible au Blue Penny Museum). Le slammeur Stefan Hart de Keating propose quant à lui une biographie romancée de ce personnage haut en couleur (L’Harmattan, env. Rs 725). Cet auteur publie également Essentiel, une sélection de poèmes de Robert Edward Hart.
Du côté des textes de réflexion, La chanson inachevée de Jean-Claude De L’Estrac offre un témoignage poignant sur la maladie d’Alzheimer, et Résister, le récit époustouflant de l’ancien directeur des poursuites publiques Satyajit Boolell, est animé par les questions du journaliste écrivain Alain Gordon-Gentil (Pamplemousses éditions).