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dimanche, novembre 24, 2024

Du sport, des records… mais pas seulement

Après des années d’attente, de longs mois de préparation et d’entraînement, l’heure du grand rendez-vous sportif régional est arrivée. Mais les athlètes ne sont pas seuls concernés. Les Jeux des Iles ont, depuis déjà longtemps, pris d’autres dimensions que sportives.

Tous les Mauriciens se souviennent, avec émotion, de ces moments intenses de communion nationale qu’ont représenté les deux éditions des Jeux des Iles de l’Océan Indien qui se sont déroulées sur notre sol, en 1985 et 2003. Comme l’ont noté tous les commentateurs ayant assisté à l’un ou l’autre de ces événements, jamais le sentiment d’appartenance à une nation mauricienne unie, au-delà de toutes les differences, n’avait été aussi fort, aussi évident. Portés par la ferveur exceptionnelle qui s’était emparée de tout le pays, les compétiteurs mauriciens y avaient d’ailleurs realisé de véritables exploits. Le public, nombreux sur toutes les épreuves, vivait l’événement dans une exaltation permanente et le quadricolore, decliné sous toutes les formes possibles envahissait les stades, mais aussi les rues et les vitrines… Tous les Mauriciens se souviennent avec émotion, mais aussi avec nostalgie, de ces moments intenses de communion nationale, tant ils sont rares, sur une île où des forces puissantes tentent, chaque jour, de diviser la population en communautés et en clans antagonistes. Dans ce contexte, rappeler, l’union sacrée qui s’était constituée, sans mot d’ordre, naturellement, lors des deux précédentes éditions locales des Jeux des Iles, c’est reconnaître la dimension “politique” que prend, ici, l’organisation de cette compétition sportive…

Mais Maurice n’est pas la seule à donner, à ces mini-jeux olympiques régionaux, une épaisseur qui déborde très largement du cadre purement sportif. On peut même constater que, dès leur conception, ces jeux étaient marqués par des considérations bien éloignées de celles des athlètes.

L’influence de la France en plein déclin

C’est en 1974, à La Réunion, que le Comité regional olympique et sportif (CROS), organisme régional entretenant des liens étroits avec le ministère français de la Jeunesse et des Sports, émet l’idée des jeux. La date n’est peut-être pas anodine… Après plus de dix ans d’une indépendance purement formelle, pendant laquelle la tutelle française ne s’était pas dementie, Madagascar avait, après de violentes émeutes, changé de régime et avait expulsé la France et ses représentants de son administration. Peu à peu, la Grande Ile allait même se tourner vers le “Bloc de l’Est” pour trouver un soutien à son développement.

Aux Comores, des grèves d’étudiants et d’importantes manifestations allaient obliger Paris à organiser, en 1975, le référendum qui aboutirait à l’accession à l’indépendance de l’Archipel (amputé de Mayotte).

En d’autres termes, il est assez frappant de constater que cette initiative, sportive et fraternelle, ait été prise au moment où l’influence de la France dans la région semblait en plein déclin.

Dix éditions plus tard, la dimension politique et diplomatique des Jeux n’a pas disparu. Les Comores, par exemple, y maintiennent la pression en faveur du rattachement de Mayotte. La décision, prise par un pays ou un autre de se porter candidat à l’organisation des Jeux fait aussi, tous les quatre ans, l’objet d’intenses tractations qui disent assez la portée politique de l’événement… d’autant que les subventions plus ou moins directes servant à financer les infrastructures sont conséquentes.

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