En poste dans l’île depuis le 9 octobre dernier, le représentant de l’Etat français s’est particulièrement impliqué dans les préparatifs du cinquantenaire de l’indépendance. Il explique volontiers sur quelles bases la France a profité de cette date symbolique pour réitérer sa volonté de conserver son statut de partenaire historique de l’île Maurice.
La Gazette: Voilà six mois que vous avez pris vos fonctions dans l’île, quel est votre regard sur la terre de votre nouvelle affectation. Est-elle finalement représentative de l’idée que vous vous en faisiez ?
Emmanuel Cohet: Depuis la Zambie où je me trouvais avant Maurice, j’avais déjà une certaine connaissance de l’île et m’en faisais une idée positive, comme tout le continent africain d’ailleurs. Le chemin que Maurice a fait en 50 ans, dans un contexte de paix et de stabilité est tout à fait remarquable. Et c’est cela que l’on retient en premier lieu lorsqu’on en parle. Je dirais qu’entre mes projections avant mon arrivée et la perception que j’ai de mon environnement actuel, mon regard sur le pays est extrêmement positif.
LG: Parler de chemin parcouru ces dernières 50 années par Maurice amène à la question de la commémoration du cinquantenaire. Qu’est ce que symbolisait pour la France le passage de la date du 12 mars?
E.C: Dès mon arrivée, j’ai voulu que l’on y participe activement pour célébrer la réelle amitié qui lie les deux pays, issue d’une histoire unique, il est vrai, mais aussi de l’usage de la langue française, un vrai facteur de rassemblement. Je soutiens que la francophonie entre Maurice et La France est d’une importance capitale, portée notamment par l’Institut Français de Maurice, un organisme très actif pour faire rayonner la langue et la culture françaises dans l’île. Et les médias mauriciens illustrent parfaitement cet attachement au français. J’ai souhaité pour souligner l’importance de la célébration des cinquante premières années de la République de Maurice, créer quelque chose d’inédit. Nous invitons tous les Français et les Mauriciens à La semaine française. Elle s‘illustrera notamment à travers une très belle exposition de photos issues de photographes mauriciens et réunionnais qui se tiendra dans le périmètre du Café du Vieux Conseil à Port-Louis du 14 au 20 mai. Tout cela n’a été évidemment rendu possible qu’avec l’implication de nos partenaires mauriciens, dont la ville de Port-Louis.
J’ai souhaité pour souligner l’importance de la célébration des cinquante premières années de la République de Maurice, créer quelque chose d’inédit. Nous invitons tous les Français et les Mauriciens à “La semaine française”.
LG: 1er investisseur à Maurice, 1er pourvoyeur de touristes, 2ème client après la Grande-Bretagne, 3ème fournisseur après la Chine et l’Inde…, qu’est que la France peut faire encore plus pour Maurice?
E.C: Nous voulons continuer à être le partenaire privilégié de Maurice sur toutes les questions liées à son développement. En une décennie, de 2007 jusqu’à l’année dernière, l’Agence Française de Développement a octroyé plus de 670 millions d’euros pour que divers projets de développement se concrétisent. La célébration du cinquantenaire a été l’occasion de réitérer cette volonté de partenariat en la présence, à la demande du Président Macron, de Jean-Baptiste Lemoyne, Secrétaire d’Etat auprès du Ministre de l’Europe et des Affaires Etrangères. Outre un accord destiné à donner un cadre juridique et administratif à la coopération entre nos deux pays dans le domaine de la défense, deux accords ont été signés.
Le premier passé entre l’AFD et le ministère des Finances concerne le financement d’études liées au changement climatique et le second porte sur la mise en œuvre de la subvention européenne qui accompagne le déploiement de SUNREF III, une ligne de crédit verte de 75 M d’euros portée par l’Agence Française de Développement, au profit des banques pour appuyer les investissements en matière d’énergie. Par tous ces actes forts, nous démontrons notre volonté à d’être le partenaire privilégié de Maurice pour toutes les questions ayant trait à la lutte contre le changement climatique et à l’écologie. De la même manière, Maurice semble aussi le vouloir. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth qui a reçu une invitation personnelle du président Emmanuel Macron pour participer au One Planet Summit s’est rendu à Paris le 12 décembre dernier. Lors de ce sommet sur les enjeux climatiques, il a pris la parole en tant que représentant d’un petit état insulaire.
LG: Dans la continuité de ce qu’avait souhaité votre prédécesseur de renforcer les liens entre Maurice et La Réunion, de quelle façon s’incarnera cette coopération régionale?
E.C: La Réunion est un partenaire formidable pour initier des échanges avec Maurice sur des domaines aussi importants que la santé par exemple, avec toute l’expertise associée aux deux CHU du département français, ou encore celui de l’économie bleue où là encore, les Réunionnais ont un savoir-faire qui peut être extrêmement profitable à Maurice. La question de la gestion des déchets se présente comme un vrai défi pour Maurice.
LG: Comment voyez-vous évoluer les relations entre les deux pays, ce, en dépit de la question de Tromelin?
E.C: Nous avions travaillé sur un projet d’accord en 2010. Nos deux pays qui sont très proches, travaillent dans un esprit de coopération pour trouver une solution. J’ai à coeur, le temps de mon mandat dans l’île, de faire progresser cette relation unique qui lie la France et l’île Maurice et de consolider encore plus fortement notre coopération et notre partenariat.