L’association Groupe Enfants et Mères (GEM) vient de lancer le Programme Nourrir La Vie. Celui-ci, explique de manière simple aux parents et futurs parents comment la période des 1 000 jours, soit de sa conception jusqu’à ce que le bébé ait deux ans, est essentielle et cruciale pour la santé future de ce dernier.
Une bonne hygiène de vie du côté de la mère mais également du côté du père, avant même la conception de l’embryon, puis pendant les 1 000 premiers jours de vie pourraient permettre d’impacter significativement et avec un effet amplifié, la santé de l’enfant à long terme. C’est ce que soutient le GEM, qui regroupe des professionnels de santé mauriciens : pédiatres, gynécologues, sage-femmes, nutritionnistes et endocrinologues des secteurs public et privé.
Après une phase de documentation de près de trois ans, appuyée sur les influences environnementales précoces, dont l’alimentation, le GEM a lancé le 22 mars 2017, une plateforme de sensibilisation et d’informations concrètes à travers divers outils destinés aux professionnels de santé, à destination des parents et futurs parents. En intervenant sur cette période propice des 1 000 premiers jours, l’ambition de cette initiative est d’impacter positivement la santé des Mauriciens à court et long terme et à un moindre coût, notamment pour prévenir et limiter la survenue des maladies chroniques non-transmissibles qui devient un vrai problème de société à l’île Maurice.
En d’autre termes, le GEM souhaite prendre le problème croissant des maladies non transmissibles et chroniques à la racine. Pour mémoire, à Maurice, c’est 1 adulte sur 2 qui est atteint de surpoids ou d’obésité, et 1 adulte sur 5 atteint de diabète de Type 2, entraînant ainsi de lourdes conséquences socio-économiques.
Selon ces trouvailles, si la séquence de notre ADN qui contient notre « hérédité» n’est pas modifiable, il n’en est pas de même pour l’expression de nos gênes, qui peut être influencée par des stimulus extérieurs négatifs (stress, infections, polluants … ) ou positifs, comme une alimentation équilibrée ou une activité physique régulière. On parle alors d’épigénétique. « L’épigénétique peut être défini comme le loigiciel ou le software de notre génétique. Les gènes s’expriment en rapport à l’environnement et sont très influencés par l’alimentation, comme le gène de l’obésité, par exemple », poursuit la pédiatre. Ainsi, le capital santé de l’enfant ne dépend donc pas uniquement de ses gènes. L’environnement dans lequel il se développe joue un rôle primordial.
Nous mettons en avant des conseils alimentaires très simples, que nous connaissons déjà mais nous les avons oubliés ou négligés. Nous nopus basons sur des faits prouvés par des études concrètes par le passé. En effet, en étudiant les phénomènes de sous-nutrition dans les années 80, l’épidémiologiste britannique David Barker a posé le premier la question de l’origine précoce des maladies. – Radhika Jagatsingh-Beehuspoteea Pédiatre et membre de GEM.
Donc, si les parents mangent mal, les enfants sont à risque de développer des maladies ? Selon la Dr Jagatsingh-Beehuspoteea, une bonne hygiène de vie permettrait aux parents d’influencer positivement la santé de leur enfant. Cela, avant, pendant, et après la conception pourrait effectivement modifier durablement l’expression des gènes du bébé et diminuer sa susceptibilité à développer certaines maladies chroniques à l’âge adulte.
Passer à l’action
Pour enrayer la progression des maladies chroniques non transmissibles, il convient d’agir en amont, sur le risque de maladie lui-même. C’est pourquoi, l’association GEM met à disposition des professionnels de santé mauriciens un ensemble d’outils d’information pour eux, et surtout au travers de leur conseils en consultation, pour les futurs parents et jeunes parents. Le Programme Nourrir La Vie vise non seulement à démocratiser ce concept scientifique des 1 000 premiers jours, mais va aussi jusqu’au bout du geste en regroupant les bonnes pratiques du quotidien pour les parents de jeunes enfants et futurs parents, spécifiquement dans le domaine de l’alimentation.
Les trois premiers leviers qui ont été choisis par le GEM durant cette fenêtre unique des 1 000 premiers jours sont: la nutrition pendant la grossesse, l’allaitement maternel et la diversification alimentaire du jeune enfant. Ces leviers se présentent sous forme de trois guides, riches en conseils pratiques pour tirer un bénéfice optimal de chaque période. Les guides sont très imagés et remplis d’exemples et de situations du quotidien des parents et futurs parents. Ils sont disponibles à la fois en français et en kréol mauricien. Une première vague de brochures a été diffusée à tous les professionnels de la mère et de l’enfant depuis le 22 mars 2017. Les brochures sont également accessibles sur le site web www.programmenourrirlavie.mu.
Les membres du GEM vont également vers le gens en organisant des causeries et débats pour les professionnels de santé, les employés de bureaux et diverses associations à travers l’île. Le but est de vulgariser l’importance des 1 000 premiers jours du nourrisson. Pour conclure, la pédiatre Radhika Jagatsingh-Beehuspoteea indique qu’il ne faut pas se sentir impuissant face à l’avenir des enfants et que l’aide est disponible à travers des méthodes simples. « Il ne faut pas être découragé. Quand on parle des 1 000 premiers jours, cela ne veut pas dire qu’on ne peut pas commencer à mieux alimenter le bébé à un an ou à l’âge adulte. Toutefois, le plus tôt on s’y prend, meilleurs seront les résultats. »