C’est sans doute une histoire exceptionnelle dans le monde des Chefs que celle d’Harrish Mungur et de Kevin Jumangalsing, et c’est un privilège pour La Gazette de les avoir rencontrés.
On imagine souvent les stars de l’art culinaire comme ayant des egos surdimensionnés mais à N’Joy, pas question pour Harrish et Kevin de tomber dans ce travers : ils se connaissent depuis trop longtemps pour se raconter des histoires puisqu’ils étaient déjà amis au collège et qu’ils ont suivi la même formation dans l’unique école hôtelière de l’île à l’époque, l’Hotel School of Mauritius à Ébène. Ils se sont quittés un temps lors de leur apprentissage passé à l’étranger (au Texas pour Kevin, en Angleterre pour Harrish) mais n’ont pas raté l’occasion de se retrouver, conscient de vivre une histoire rare.
En les écoutant, on est admiratif de leur passion et leur humilité partagées. Le partage… un mot qui revient souvent dans leur bouche avec émotion parce qu’il est, pour eux, riche de plusieurs sens : leur joie partagée de travailler ensemble ; l’art de la cuisine comme un art de partage des plaisirs ; et l’infinie reconnaissance pour tant de ces chefs européens, dont Frédéric Goisset, qui ont su partager avec eux leur savoir-faire et leurs idées. En retour, ces chefs ont rendu hommage à leur talent en faisant binôme avec eux pour gagner le fameux concours du festival culinaire Bernard Loiseau (Harrish en 2011 avec Serge Vieira et Kevin en 2015 avec William Frachot).
Harrish et Kevin sont heureux à N’Joy, particulièrement gâtés par le propriétaire, Paolo di Giovanni, qui investit sans compter pour que les deux amis puissent exprimer le meilleur d’eux-mêmes. Leurs yeux brillent en évoquant une deuxième cuisine qui va naître à l’étage du restaurant pour parfaire les dîners gastronomiques qu’ils prodiguent à quelques privilégiés et évoquent d’un air gourmand : velouté de palmiste avec tartare d’ananas et huile de combava, risotto aux champignons et escalope de foie gras, dos de sacré chien rôti avec gel de citron et sauce poivrée, selle d’agneau avec croûte de piment doux, épeautre et sauce au garam masala…
Sûr, ces deux-là iront loin et on leur souhaite de vivre un rêve qu’ils caressent en secret : que Maurice obtienne un jour une étoile Michelin tant méritée…