En novembre 2021, l’ONG FJL, soutenue par l’Union européenne, lançait Horizon 2024, en vue – d’ici trois ans – de réduire à moins de 10% le taux de prévalence des grossesses précoces dans le quartier sensible de Bois Marchand. Un véritable challenge, lorsque l’on sait que ce fléau concerne plus d’une adolescente sur dix à Maurice. Delphine Raimond.
Sur la planète, 16 millions de jeunes filles de 15 à 19 ans accouchent chaque année, soit 11% des naissances à l’échelle mondiale. Si 95% d’entre elles se produisent dans des pays en voie de développement, Maurice prend une place non négligeable dans les statistiques de l’OMS. Avec un taux conséquent de 12,1% de prévalence de grossesse au sein de la population des 15-19, autant dire que la nécessité de prévenir, expliquer, accompagner et former les adolescents mauriciens (filles et garçons) devient plus qu’impérieuse.
La FJL relève le défi
Quatorze jeunes de 10 à 13 ans ont déjà suivi avec grand intérêt une série de cours portant sur la santé sexuelle et reproductive à leur âge ; ce qui a permis à l’équipe pédagogique d’assimiler les difficultés de vie, souffrances et traumatismes auxquels ces enfants sont confrontés. Ce mois-ci, c’est un second groupe visant les 14-16 ans qui sera à son tour sensibilisé aux différentes notions autour de la sexualité, la conception et la contraception. Ce que Martine de Souza – conceptrice du projet et responsable RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) chez IBL – place au cœur du programme, ce sont les valeurs humaines. Ainsi, les ados se réapproprient le respect, la confiance en soi, l’estime de soi, la tolérance… et se familiarisent avec les concepts aussi basiques qu’essentiels du consentement et du refus, souvent peu ou pas maîtrisés dans les milieux défavorisés.
À Maurice, bon nombre d’enfants grandissent dans la précarité et la violence familiale, sans soutien des proches ni accompagnement social. Sur des sites comme Bois Marchand, beaucoup sont livrés à eux-mêmes, face à des parents dans l’incapacité d’éduquer ou d’expliquer, inaptes à réaliser le danger sanitaire et psychologique – au delà du fardeau – que représente une grossesse non désirée pour une « gamine » tout juste pubère.
Des actions concrètes sur le terrain
Si la FJL continue de mettre l’accent depuis sa création il y a quinze ans sur des actions communautaires dans les domaines de l’éducation, de la justice sociale et surtout du respect de la dignité humaine, Horizon 2024 se focalise sur l’égalité des chances et la diminution des violences basées sur le genre. Sur le développement de l’employabilité des femmes et des jeunes filles, et conséquemment, le besoin urgent d’intervenir auprès des adolescentes via une campagne de sensibilisation à la grossesse précoce.
Au travers des treize activités du programme ambitieux de la FJL, chacun a son rôle à jouer : enfants, parents, jeunes mamans et jeunes papas. L’accompagnement est collectif, le soutien individuel. On y apprend comment exprimer l’amour et rejeter la violence, l’alcool, la drogue, en particulier dans le cadre des rapports sexuels, très souvent subis sous influence. On y parle de la pression du mariage et de l’accession à la contraception et aux services de soins. Par le biais d’ateliers, les adolescentes devenues mères recouvrent leur estime de soi et envisagent enfin des perspectives d’avenir. Au travers de tous ces axes, le programme – comme l’exprime Arnaud Lagesse, Président de la Fondation Joseph Lagesse – ambitionne d’optimiser les chances des jeunes qui sont vulnérables et ainsi leur permettre de développer leur potentiel pour un meilleur avenir. »
Le soutien primordial de l’Union Européenne à hauteur de 85% des fonds nécessaires à l’initiative, soit 265000€, est grandement facilitateur dans la démarche sociale et sociétale du projet Horizon 2024. Une bataille supplémentaire pour la FJL dans son combat contre la pauvreté, dans sa lutte pour la dignité et l’estime de soi.