« Le Président est mort ! » Ce 16 février 1899, les couloirs de l’Élysée bruissent de cette nouvelle. D’autant que Félix Faure est décédé dans les bras de sa maîtresse, circonstance embarrassante dont la postérité saura se souvenir. Toutefois, monsieur Faure laisse de son fugace passage un ancrage fort dans l’océan Indien. Madagascar se rappelle, la Grande Île panse encore ses plaies.
À la fin du XIXème siècle, l’Afrique est un terrain de jeux pour les puissances coloniales. Angleterre, France et Belgique s’arrogent les parts de ce continent condamné à la subordination.
Et la France aime l’océan Indien et le fait savoir. La perte de l’île Maurice en 1810 est dans toutes les têtes et l’idée d’une nouvelle conquête dans la région a de quoi satisfaire la satiété de l’empire français. Une autorité qui s’étend des côtes de Saint-Domingue à celles de Nouvelle-Calédonie.
À partir de 1883, la France tente alors de s’arroger Madagascar car l’attrait de ce pays est double. D’un côté, celui-ci possède des ressources naturelles prodigieuses et, de l’autre côté, les Britanniques sont à portée de longue-vue.
De plus, ajouter un territoire plus grand que l’hexagone en plein océan indien… c’est alléchant! Mais l’armée malgache, vaillante et déterminée, repousse les assaillants. Il faut attendre 1895 pour que la donne change.
Gallieni, héros de la Première Guerre Mondiale, envoyé sur le terrain
Pour cela le commandement français fait confiance à un homme : Joseph Gallieni. Ce général moustachu aux lunettes rondes est un stratège hors norme et honore la nation à tout prix. Il le démontrera lors de la Première Guerre mondiale en compagnie de Joffre et Foch et le fameux épisode des « taxis de la Marne ».
Ce Gallieni
aiguise ses faits d’armes une fois les bottes sur l’île rouge. Il veut tromper les Malgaches. Le subterfuge réside dans la proposition d’un protectorat tout en conservant la monarchie actuelle. Évidemment, les promesses sont faites pour être manquées et l’armée malgache laisse les troupes tricolores entrer dans le royaume. Le cheval de Troie s’établit, la co-
lonisation commence. Le premier octobre 1895 marque le réel protectorat français et sa domination qui durera plus d’un demi-siècle.
La reine Ranavalona III chassée de son royaume à jamais
En 1896, le pays dorénavant colonie française bannit le drapeau malgache sur les façades. Gallieni devient Gouverneur général et compte bien faire respecter les souhaits de la métropole. La résistance s’établit et l’armée réplique. Quiconque s’interpose devant l’autorité tricolore devra y répondre de sa vie : des dizaines de milliers de morts sont décomptés pendant la colonisation.
La Reine Ranavalona III, suspectée de lever des révoltes, est déchue et connaît l’exil, contrainte de rejoindre l’île de La Réunion tout d’abord, puis l’Algérie. Ainsi éloignée, la Reine ne peut revenir sur ses terres et s’éteindra en 1917, sans jamais avoir revu son royaume.
En mars 1947, une insurrection se lève et une guérilla éclate. Légionnaires et tirailleurs sénégalais répriment la révolte dans le sang. Cependant, la seconde moitié du XXème siècle propage un vent de liberté dans les colonies et l’année 1960 marque l’indépendance de Madagascar, une première dans la région. Depuis, le ravinala, le fameux arbre du voyageur, étend ses feuilles et symbolise un pays affranchi de la tutelle française.
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Les allées de baobabs, les lémuriens, Nosy Be et la Baie des Dunes vous attendent au sein de cette nation aux splendeurs naturelles. Et pourquoi ne pas visiter le tombeau de la dernière souveraine de Madagascar, le « Palais de la Reine » et son architecture stupéfiante. Rendez-vous à Antananarivo, la capitale qui vous fera revivre cette gloire d’antan.