Lorsqu’il avait réalisé sa toute première peinture, il ne se doutait point si l’art deviendrait, plus que sa passion, son métier. Il n’avait que 14 ans. Et pourtant au fil des années, au gré de l’expérience acquise, le pinceau, l’image et les couleurs à la main, il se fraiera un chemin sur les traces des grands, mais avec une authenticité propre à lui. – Amanoola Khayrattee
Lui, c’est Jean Christophe Meunier, originaire de Caverne Provert, petit village dans le littoral nord de Rodrigues. Du haut de ses 43 ans, il se présente humblement comme artiste-peintre autodidacte. Installé dans sa nouvelle galerie, Concept Store dans le centre-ville de Port Mathurin, il raconte avec beaucoup de nostalgie son cheminement jusqu’en France. « Ma spécialité c’est la mer, les piqueuses d’ourites, les bateaux et les voiles de canoës, » dit-il avec fierté.
L’erreur salutaire
Féru de l’acrylique sur toile de goni, vannerie, panier et set de table, il s’inspire de son environnement, observant les gens en mer et regardant passer les pirogues et voiliers. On reconnait ses peintures par des traits distincts, des traits adoptés à la suite d’une petite bavure alors qu’il prenait part à un concours. Une erreur qu’il a utilisée, en bon artiste d’une manière judicieuse, sans se décourager, pour la transformer en des traits qui lui ont valu un premier prix. Scott Adams, artiste américain, avait raison: « La créativité autorise chacun à commettre des erreurs. L’art c’est de savoir lesquelles garder. » Ce trait-bavure, Jean Christophe, non seulement a-t-il su le garder, il en a même fait son signe identitaire.
« Je peins ce que je vois »
Si Pablo Picasso peignait ce qu’il pensait, Jean Christophe, lui, peint ce qu’il voit. Ce passionné de la création artistique dépeint surtout la réalité de la vie quotidienne et traditionnelle dans son ile natale, sa façon à lui de promouvoir son pays et valoriser sa culture. Lors de son séjour en France entre 1998 et 2004, il décroche la médaille d’or du deuxième festival d’art de la ville Haute en sus du diplôme de Solidor de Peinture pour sa contribution à la valorisation du Patrimoine Malouin.
Sa réussite, il la doit à son premier tableau, une représentation de piqueuses d’ourites, fait un peu au hasard. Une touriste logeant au gite familial lui propose Rs 500, histoire de l’encourager. Sur le coup le petit Christophe hésite, mais finira par l’accepter. C’est là que l’idée lui est venue de faire des tableaux destinés à la vente. Ainsi on le trouvera au marché forain les samedis, ciblant plutôt les touristes étrangers.
De la Cendrillon des Mascareignes perdue au milieu de l’océan indien, ses peintures feront le tour du monde. Des hauts et des bas : « c’est la vie, » lâche-t-il. Son atout ? Sa passion, sa patience et sa persévérance.