Avec sa dernière résidence d’artiste à l’hôtel Long Beach* en mai dernier, ce Réunionnais est l’artiste de l’île soeur que bon nombre de Mauriciens découvrent. Mieux vaut les prévenir, il reviendra certainement, investi d’une patte picturale déjà en rupture avec celle qu’il a donnée à voir il y a peu.
Ses premières années de création sont notamment marquées par l’admiration qu’il voue à des Jean Michel Basquiat, Georg Baselitz ou encore Ludwig Kirchner. Jimmy Cadet expérimente les méandres de l’art abstrait qui le porte vers la reconnaissance des amateurs avisés et de ses pairs réunionnais. Voilà quatre ans environ qu’il a opéré un virage vers le surréalisme en développant les thématiques des objets et de la nature morte, “mais sans pour autant coller à sa définition originelle qui consiste à peindre du gibier ou des panières de fruits”, s’exclame t-il. Non, Jimmy Cadet raccroche lui ses sujets au consumérisme moderne. A leur première lecture, à bien y bien regarder, ses toile montrent des objets, facilement observables au quotidien et des jouets, beaucoup de jouets, pour pointer l’importance que le monde moderne accorde aux loisirs.
Mais c’est à leur seconde lecture, que les peintures de Jimmy, vecteurs “d’une allégorie de nos réalités” prennent tout leur sens. La démarche esthétique du premier plan s’estompe pour laisser la place à une réalité plus sérieuse, voire sombre.
Sous-jacent à l’esthétisme, une froide réalité
Une bouée flamand rose, seule sur un lac, se désole de tant de solitude, Icare après sa déconvenue porte étrangement des bottes en caoutchouc, un petit ange, qui semble lourd, lourd, a besoin de s’accrocher à un ballon en forme de coeur pour s’élever, un poisson dans un bocal, tourne, et tourne encore… Tous ces objets replacés dans un contexte renvoient, soit à l’actualité qui accompagnait à cet instant le processus créatif, soit aux grands fantasmes collectifs.
Celui qui se définit comme un éternel insatisfait, “ car boucler une exposition c’est déjà la laisser derrière soi, animé par la soif d’aller vers autre chose, déjà dans des attentes reléguées vers le futur”, s’achemine vers une nouvelle rupture dans l’expression de son art, comme le veut son mode de fonctionnement, aussitôt rentré dans son île.
Une nouveauté vraisemblablement illustrée par la remise aux oubliettes des fonds unis, la marque signature de sa production ces dernières années, pour faire un plongeon dans les paysages. Nous en aurons la surprise lorsqu’il reviendra pour une nouvelle exposition!
* Collaboration nouée grâce à The Third Dot qui promeut des artistes et développe des projets ayant trait à l’art ou au design.