Ils sont venus ici pour stimuler l’économie de ce pays, avec leur sueur et leurs sacrifices. Ils ont aidé des milliers de familles pauvres grâce à leur concept de vente à crédit. Eux, sont les immigrés chinois, et voici l’histoire des boutiques chinoises, développées au 19è siècle, qui faisaient partie intégrante d’un pan de l’économie mauricienne. – Ali J
L’île Maurice est un exemple remarquable de multiculturalité. En 1835, l’esclavage a été aboli dans tout l’Empire britannique : il y avait alors un manque de travailleurs potentiels pour oeuvrer dans l’industrie sucrière au sein de la colonie. Les planteurs devaient faire venir des ouvriers depuis d’autres nations, dont la Chine. Les immigrants chinois venaient de divers endroits du sud-est de la Chine, et les communautés populaires étaient les
Cantonais et les Hakka. Les tentatives pour faire venir des ouvriers chinois à Maurice furent nombreuses à partir des années 1820. Cependant, le principal processus d’immigration s’est produit dans les années 1860 avec le traité de Pékin, établi par les Britanniques et les Français. Il a permis aux Chinois d’émigrer vers d’autres pays avec leur famille. Alors que très peu ont choisi de travailler dans l’industrie sucrière, les autres se sont davantage concentrés sur d’autres domaines, tels que le commerce. A partir de là, les boutiques chinoises ou la fameuse “La Boutik Sinois” comme on dit en créole, ont commencé à se développer.
La Boutique Chinoise
Historiquement, le développement des boutiques chinoises a connu un essor après les années 1860. Alors que Maurice faisait face à une augmentation persistante du nombre de travailleurs sous contrat, en particulier venus d’Inde, ces boutiques chinoises ont été utiles pour faire face à l’augmentation de la demande de produits alimentaires. De villes en villages, dans les plantations sucrières et autres, il y avait au moins une boutique chinoise prête à servir le peuple.
Ces boutiques offraient de tout, des produits de base, de l’huile de cuisson, du riz, du poisson salé, des bonbons, du rhum, etc. La plupart des commerçants vivaient derrière leur boutique sur la même propriété. Les articles vendus étaient rangés dans des tiroirs, des contenants et des bocaux et certains étaient suspendus au plafond.
Le micro-crédit et le carnet d’achats
Les commerçants chinois offraient à leurs clients une facilité de paiement grâce au micro-crédit. Les clients achetaient certains articles à crédit et remboursaient les commerçants respectifs à la fin du mois. Ce concept a apporté d’immenses avantages, permettant ainsi à plusieurs ménages de continuer à se fournir en produits de base lorsqu’ils n’avaient pas les moyens de payer. De plus, les articles achetés à crédit étaient enregistrés dans un carnet, connu localement sous le nom de “Carnet Laboutik”. Il s’agissait essentiellement d’un petit carnet dans lequel les clients devaient enregistrer tous les produits achetés et d’autre part, le commerçant en possédait également un pour toutes les transactions de chaque client.
Un lieu de rencontre
Les boutiques chinoises étaient aussi des lieux où les habitants du quartier se réunissaient et passaient du temps ensemble. On y venait rencontrer ses amis et prendre un verre. Les commerçants vendaient le rhum à l’unité, en utilisant le fameux “topet” (topette de rhum) pour mesurer la quantité. Les hommes appréciaient ce moment car, pour la plupart d’entre eux, il s’agissait principalement de temps libre pour eux-mêmes après avoir passé plusieurs heures au travail.
Un lieu voué à disparaître
De nos jours, les boutiques chinoises disparaissent. La plupart d’entre elles ont été fermées et démolies. Les boutiques chinoises restantes ont changé, perdant cette atmosphère “vintage” si typique. C’est un héritage qui s’efface peu à peu. Bientôt, les boutiques chinoises, qui ont énormément aidé la société et contribué énormément à l’économie, ne seront plus que de lointains souvenirs sur des livres et des photos…
Un article proposé par Ali J, fondateur du site letsdiscovermauritius.com