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La crécerelle et l’arbre du voyageur

Un dilemme entoure la survie de notre crécerelle nationale : sa population se maintient le mieux là où l’arbre du voyageur est le plus présent. Or ce dernier est une plante exotique envahissante, nuisible à la biodiversité de nos forêts…

Dominique Bellier

La crécerelle est devenue une icône, grâce aux efforts des services de conservation et ONG, pour la réintroduire dans son milieu naturel. De rapace le plus rare au monde en 1974 avec 4 individus, sa population aurait atteint 1000 oiseaux en 2005. Mais elle a ensuite à nouveau décliné jusqu’à seulement 330 individus, si bien que l’UICN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature) l’a classifiée comme « espèce en danger » en 2014 !

Préoccupés par ce phénomène, des scientifiques ont mené des observations inédites, en saison de reproduction, sur une sélection de 28 nids, à Montagne Bambou dans le sud-est ; des parades nuptiales d’août 2015, jusqu’à l’envol des oisillons vers janvier 2016. Pendant cette période, le mâle attrape et amène les proies à sa partenaire qui garde le nid d’un à trois œufs. Les écologues ont examiné la fréquence des approvisionnements (1,5 fois par heure en journée), la composition des repas et la structure de l’habitat dans la zone de chasse.

70% des repas se composent de geckos diurnes vivant sur les arbres du voyageur et la reproduction réussit le mieux là où ces Ravenala abondent… S’ils aident la crécerelle à se nourrir et contribuent à la bonne santé des oisillons, ils n’en sont pas moins envahissants et nuisibles à la biodiversité de nos forêts… Dans le Journal for Nature Conservation de février, les auteurs de l’étude proposent de remplacer progressivement les Ravenala par des palmiers endémiques qui, à terme, assureront simultanément le repas de la crécerelle et la restauration du milieu forestier.

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