Dans une ère de surconsommation et de gaspillage, tous types d’actions en faveur de l’environnement sont primordiaux. Stéphanie Bouloc, fondatrice engagée de la plateforme de réutilisation La Déchetèque – lancée officiellement le 25 novembre dernier – nous explique le principe de cette solution digitale gagnant-gagnant, intelligemment conçue, première démarche d’économie circulaire à Maurice. – Delphine Raimond
Arrivée à l’Île Maurice en famille en 2018 et forte d’une expérience dans l’économie circulaire en France (création de « recycleries », entre autres), Stéphanie s’est très vite intéressée à la problématique majeure locale : le traitement des déchets du bâtiment. Consultante experte en développement durable, elle est sollicitée en 2020 par GCC (General Construction Co. Ltd), le leader mauricien en gestion et construction de projets, pour effectuer un diagnostic sur la production et le traitement de ses déchets, et lui proposer des solutions pour réduire son impact sur l’environnement. La spécialiste veut alors aller plus loin.
Accompagnée par de nombreux partenaires du tissu industriel mauricien, pourtant concurrents mais communément impliqués et motivés pour résoudre ensemble ce problème d’envergure, Stéphanie a développé son projet. Allonger le cycle de vie des matériaux destinés à la benne en les remettant dans le circuit, favoriser une collaboration écoresponsable entre entreprises, valoriser les ressources. « Mon boulot est de comprendre la valeur d’une ressource. Un bout de bois qui traîne peut en devenir une, au lieu d’un déchet ! »
La Déchetèque, comment ça marche ?
Les entreprises (seulement) paient un droit d’entrée pour intégrer la « communauté ». Ensuite, vendeurs et acheteurs se mettent en lien, et les matériaux sont récupérés sur le lieu de stockage du vendeur. La Déchetèque perçoit un pourcentage sur lesdites ventes. « Tout le monde cherche à se débarrasser de ses déchets, je n’aurai jamais de problèmes d’entrants ! Je souhaite juste avoir assez de sortants pour atteindre un taux de revalorisation créant l’équilibre. Mais je suis confiante ! »
Une niche à Maurice
« Je ne prends pas les déchets EEE (Équipements Électriques et Électroniques) ni les tissus, car d’autres structures (BEM, Good Shop, etc.) s’en chargent déjà très bien. Je veux déclencher dans l’esprit collectif mauricien un réflexe d’achat de matériaux de chantier – recyclés et recyclables – pour construire, rénover, transformer (œuvres d’art, par exemple) et les impliquer dans l’économie circulaire. »
Les objectifs à terme ?
« Créer de l’embauche, bien sûr ! Se développer vers les archipels de l’Océan Indien. »
À travers le cycle récupération-réutilisation-revalorisation des déchets, la startup propose à tous les consommateurs – particuliers et professionnels – de devenir des « consom’acteurs » ! Bravo, Stéphanie ! Et longue vie à La Déchetèque !