La pandémie qui sévit depuis début 2020 provoque une crise sanitaire, économique et sociale. Le coronavirus touche relativement peu les jeunes dans ses formes graves. Mais les conséquences de la pandémie les frappent en affectant leur santé psychologique, leur niveau de vie et surtout leur apprentissage. Il en résulte que pour les 18-24 ans, la crise sanitaire est synonyme de privations, notamment financières et de projets personnels et professionnels compromis. Ils sont pourtant une grande majorité à vouloir changer le monde et aller au bout de leurs rêves. Immersion dans cette jeunesse mauricienne qui n’a pas encore dit son dernier mot !
« Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans”, disait Socrate. Est-ce que cette citation pessimiste du philosophe grec et cette vision biaisée souvent appliquée à la jeunesse en général s’applique à l’île Maurice ? Heureusement non ! Notre petite enquête auprès de jeunes Mauriciens nous a montré qu’au contraire, les jeunes ne renoncent pas à changer le monde tout en gardant du respect envers les anciennes générations. Ce qui caractérise la jeunesse, c’est la nécessité d’inventer, d’innover, d’imaginer des manières de faire, de vivre, de s’engager et d’expérimenter toutes les formes de liberté. Il y a sans doute un peu de transgression dans l’idée de changer le monde mais la motivation est là ! Liens familiaux, études à l’étranger ou en ligne, travail, entreprenariat, environnement, sport… nos jeunes nous parlent sans langue de bois !
Le péril jeune
Rebelles mais sublimes, familiers mais déroutants : tels sont nos adolescents et nos jeunes d’aujourd’hui et de demain, d’ici et d’ailleurs…Souvent, ils nous intriguent et, trop souvent, ils nous énervent ! Pourtant les regards sur nos jeunes devraient être plus indulgents, c’est le plus bel âge de la vie après tout. En même temps, on l’associe à l’ennui, à la révolte, à l’émergence du sexuel, aux transgressions, aux questionnements identitaires ou au besoin d’utopie. On oublie notre adolescence dès qu’on en est sorti, au moins en partie et dans ses aspects les plus spécifiques. Et notre société a souvent tendance à considérer qu’ils en font trop ou pas assez. Certains vont présenter des adolescences interminables et vont reculer le moment d’entrer dans la vie active; on critique leur indolence et leur manque de responsabilités. D’autres vont entreprendre très tôt à partir d’intuitions, de compétences qui leur sont propres, dans le domaine de la création entrepreneuriale, par exemple, et alors on les critique aussi parce qu’ils bouleverseraient l’ordre des choses.
Quel est le constat pour la jeunesse mauricienne? Et bien il reste similaire à pas mal de jeunes dans le monde. Si la jeunesse mauricienne vit la crise du Covid-19 avec inquiétude, elle refuse le fatalisme, mise sur son énergie et son insolence pour rebondir, même si cela n’empêche pas de constater qu’elle fait partie d’une génération sacrifiée. « C’est une période difficile mais on va s’en sortir», ont répondu la plupart de nos interrogés. Un optimisme prudent.
La famille d’abord
Pour faire face à l’après Covid et surmonter leurs difficultés, les jeunes Mauriciens comptent d’abord sur eux-mêmes, et sur leur famille. Comme leur entourage, la crise a fait émerger chez eux de nouvelles priorités, la santé et la famille comptent nettement plus qu’avant pour six jeunes sur dix. « Avec cette crise, nous sommes de nombreux jeunes à avoir réalisé que la famille est très importante. Chez moi nous nous sommes serré les coudes entre inquiétudes et solidarité. Je me suis rendu compte que je devais continuer mes études sérieusement pour pouvoir aider ma famille après. Mes parents ont beaucoup investi en moi et je ne me vois pas les décevoir par les temps qui courent, j’ai la même approche pour mes grands-parents qui comptent également beaucoup pour moi », détaille Akshay Seeboruth, étudiant en informatique de 22 ans. Les vies mises entre parenthèses pendant de nombreux mois ont influencé de nombreux aspects de la vie des jeunes, dont notre rapport à la famille! Anaïs Melin, 21 ans, fait ses études en Angleterre et n’a pas pu rentrer à Maurice depuis deux ans à cause de la crise sanitaire : « C’est très anxiogène et je suis passée par des moments très difficiles loin des miens et ceci pendant presque deux ans. Je vais essayer de rentrer en fin d’année 2021, pour les vacances en espérant qu’il n’y aura pas d’autres problèmes, car je n’en peux plus! » déplore-t-elle. La famille n’aura jamais été aussi importante.