Crowdfund.mu a été la première plateforme de financement participatif mauricienne. Lancée sur le marché en mars 2020, au début du confinement, elle a permis de financer des centaines de causes solidaires, des projets innovants, ou encore d’aider des entrepreneurs à créer leur business. Son fondateur, Christophe Rainer, se réjouit d’un tel succès seulement un an après son lancement.
La Gazette Mag : Vous avez lancé la plateforme en mars 2020. Est-ce que la crise sanitaire a eu un impact sur le financement participatif à Maurice ?
Christophe Rainer : C’est vrai que nous avons lancé la plateforme en plein lockdown, mais c’était un pur hasard.
Cela faisait plusieurs années que je travaillais sur le développement de cet outil informatique, permettant à des individus, des créateurs, des sociétés, de présenter leur projet auprès de leur réseau et du grand public. Il est vrai que lors de crises, comme celle que nous avons connue à Maurice, on remarque que les gens ont tendance à avoir recours à des levées de fond moins traditionnelles pour essayer de toucher un autre réseau ou de présenter un projet différemment. Je pense que dans ces moments de difficultés, il y un réel élan de solidarité qui émerge, les gens sont plus sensibles aux difficultés des autres.
LGM : Quel était votre objectif en lançant cette plateforme ?
Christophe Rainer : Crowdfund.mu est la première plateforme de ce genre à Maurice, elle vient donner la possibilité aux créateurs de projets de tout gérer par eux-mêmes en temps réel : leur financement, leur communication, leurs données… L’idée était de leur permettre de faire évoluer leur projet, qu’il soit associatif, créatif, social ou même éducatif.
Lorsque j’ai commencé à développer la plateforme, je n’avais pas de grandes attentes, j’étais juste curieux de voir l’impact que cet outil aurait auprès du grand public. Nous n’avons fait aucun marketing, mais petit à petit, le bouche à oreille a fait son effet et nous avons eu de plus en plus de monde sur le site.
L’objectif était vraiment d’avoir un impact social assez fort, de créer une entreprise sociale ayant un impact positif sur la société et sur l’environnement. Par ailleurs, nous opérons avec un taux de commission très bas, le plus bas du marché local. Notre objectif n’est donc pas le profit mais l’impact positif.
LGM : Tous les projets sont-ils acceptés sur votre plateforme ? Comment les sélectionnez-vous ?
Christophe Rainer : Les créateurs de projets doivent d’abord créer leur compte et déposer leur projet sur le site. Il y a ensuite un comité qui vérifie l’authenticité du projet et l’identité du porteur de projet. Tous les projets ne sont pas autorisés, car ils doivent répondre aux critères de Crowdfund.mu.
LGM : Pouvez-vous nous parler de certains projets qui vous ont marqué ?
Christophe Rainer : Il y a eu le projet visant à rénover le toit de “Lakaz Cabri” à Tamarin. Les habitants se sont réunis pour lever des fonds via notre plateforme pour aider cette famille qui fait partie des derniers éleveurs de cabris à Tamarin, et dont le toit était totalement en ruine. Grâce aux dons récoltés (plus de Rs 65000, Ndlr), ils ont pu financer ces travaux.
Nous avons également eu une levée de fonds pour l’ONG Eco Sud dans le contexte de la marée noire. Le projet a même été relayé par la militante écologiste Greta Thunberg, ce qui nous a valu une belle visibilité. Nous avons même eu du mal à gérer l’afflux de visiteurs sur la plateforme.
Une belle réussite pour cette plateforme qui n’en attendait sûrement pas tant, et qui aujourd’hui s’ouvre sur la région d’indianocéanie avec le lancement du site à Madagascar et au Kenya d’ici la fin de l’année.
Crowdfund.mu en chiffres
- Rs 30 millions de dons récoltés
- 16 000 contributions
- 120 : nombre de pays dont sont issus les donateurs
- 12 catégories de projets acceptés
