Les techniques digitales se déploient dans tous les compartiments de la vie, dans tous les secteurs d’activités économiques. Jusque-là, l’immobilier bénéficiait de cet apport par le biais de logiciels destinés à aider les professionnels dans leurs missions (gestion, organisation de la prospection, modélisation 3D…). L’arrivée de startups se proposant de se substituer aux agences pourraient radicalement bouleverser les habitudes des consommateurs…et l’avenir des professionnels.
La proptech (pour property technology) regroupe une réalité encore assez nébuleuse pour qu’une définition soit claire. Néanmoins, quelques caractéristiques déjà visibles peuvent servir de base à l’appréhension de ce que pourrait bien devenir “l’immobilier 4.0”. En premier lieu, la philosophie des startups impliquées dans ce courant de transformation peut s’apparenter à ce qu’a réalisé Uber dans le domaine du transport ou Airbnb dans la niche de la location saisonnière: substituer au réseau professionnel structuré un outil de mise à disposition des données dont peut s’emparer le consommateur.
A l’aide d’outils puissants de traitement de données (big data), quelques jeunes pousses entrepreuneuriales parviennent déjà, dans des régions définies, à s’emparer, et à actualiser en temps réel, d’immenses bases de données regroupant l’ensemble des biens immobiliers mis sur le marché. Elles proposent alors, sur leurs plateformes en ligne, et contre abonnement (et/ou un faible pourcentage du montant de la transaction éventuellement réalisée), un accès complet à ces listings exhaustifs!
Faire la démonstration irréfutable de son professionnalisme
En Angleterre, ces “agents immobiliers en ligne” sont crédités, pour 2019, de près de 15% des parts de marché… alors qu’ils n’existaient pas il y a encore cinq ans! Ces nouveaux opérateurs sont d’autant plus redoutables qu’ils proposent parfois des services complémentaires, comme des solutions de financement innovantes, par le biais de nouveaux produits de l’ingénierie financière (fintech).
Ainsi, et sauf à courir le risque de connaître le même sort que Kodak, qui n’avait pas cru au potentiel de la photographie numérique, ou que l’industrie musicale qui n’a pas anticipé le développement du téléchargement, le secteur immobilier doit rapidement prendre la mesure de cette menace. Les réponses peuvent être de plusieurs natures. D’abord, et peut-être avant tout, en faisant la démonstration incontournable de son professionnalisme et de la valeur ajoutée apportée par l’agence. Cela passe, évidemment, par un lien plus fort et plus étroit avec la clientèle, à laquelle on apportera un véritable conseil (trop souvent biaisé par l’intérêt immédiat de la vente à réaliser coûte que coûte). Mais cela peut aussi se traduire par la mise en place de partenariats avec d’autres acteurs impliqués. Les banques, bien sûr, mais peut-être également, des architectes, décorateurs, artisans, paysagistes, etc., qui pourront proposer des solutions de transformation du bien pour le rendre exactement conforme aux attentes du futur acquéreur.