« Il était trop différent de tous ceux que je connaissais, un étranger, et même plus que cela, presque un ennemi. »
À huit ans, un enfant découvre ce « médecin de brousse » anticolonialiste aux envies d’ailleurs : un père qu’il surnomme « l’Africain ». Aussi fascinant que rigide, ce géniteur aventurier façonné par vingt ans de pérégrinations africaines subit l’œil inquisiteur de son fils. Un certain Jean-Marie Gustave Le Clézio.
La Seconde Guerre mondiale achevée, l’enfant tente de comprendre ce père si rare. Il y décrypte son attachement à cette Afrique sauvage ainsi que son propre lien avec les terres africaines où il grandit avec son frère aux côtés d’autres enfants aux pigments si disparates.
Un récit biographique ensorcelant, genèse de celui que l’on nommera bientôt par trois lettres mondialement connues : J.M.G.
L’écrivain monde
Le voyage est intrinsèque à J.M.G Le Clézio, lui, le prix Nobel de littérature 2008. Cet homme tantôt professeur aux États-Unis ou en Corée du Sud entre deux passages à Maurice, pays de ses racines paternelles, et sa précieuse île Rodrigues. L’auteur est un écrivain monde.
Le Clézio, ce n’est pas comprendre une vie, mais interpréter un guide d’expédition. Né à Nice, il grandit à Ogoja au Nigeria puis revint sur le vieux continent le temps d’empocher le Prix Renaudot à 23 ans avec Le Procès-verbal. Un premier roman comme coup de maitre dont le halo littéraire perdurera.
Toutefois, le grand blond a grandi avec une valise et ne peut rester immobile. Il part en immersion dans la tribu des Indiens Emberas. Durant quatre ans, il partage la vie de cette population au Panama. JMG s’évertue à contempler des scènes de vie et, probablement, se remémore une jeunesse africaine, là où personne ne vous y attend.
La nuit, il replie son mètre quatre-vingt-dix et griffonne des carnets pour y faire briller ses idées. Lire J.M.G Le Clézio c’est avant tout sillonner le papier de l’errance de ses voyages. Le taiseux au regard océan dont la plume évoque bien davantage que ses prises de parole.
Toute comme son père, les fards de salon et les révérences ne trouvent grâce à ses yeux. La simplicité prédomine. Cette simplicité que l’on retrouve dans la langue où l’homme n’a cessé de décrire les aliénations du monde moderne et les beautés du silence des grands espaces.
Le 13 avril 2021, ce géant de la littérature fêtera ses 81 ans. L’élégance des lettres modernes aux racines ancrées dans l’océan Indien. Joyeux anniversaire Monsieur Le Clézio !