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Île Maurice
mardi, décembre 24, 2024

L’agroécologie au cœur de Ville Noire

Après deux ans de confinement et une marée noire, les habitants de la région de Mahébourg ont dû relever la tête. Très impliquée et active dans la protection du lagon, l’association Eco-Sud s’est aussi tournée côté terre, pour créer une ferme communautaire au cœur du quartier de Ville-Noire : ROC (Resilient Organic Community) rend l’agroécologie accessible aux foyers les plus modestes !

Dominique Bellier

Installée au cœur de Ville Noire, à côté du collège Hamilton, près de Rivière La Chaux et du ruisseau Tannière, ROC a ramené la vie sur un terrain de quatre arpents, dont la moitié accueille désormais des cultures légumières et fruitières, ainsi que les locaux de l’organisation (serres, salles de formation, cuisine et salle à manger, etc.).

Tout a commencé en décembre 2020 par le défrichage et la préparation d’un sol abandonné depuis plusieurs années, puis avec l’ouverture de la boutique solidaire en mai 2021, qui aide des familles choisies par des associations de la région (Caritas, Mahébourg Espoir, etc.). Actuellement, 31 familles bénéficient chaque mois d’un panier de provisions alimentaires et non alimentaires, en contribuant pour un tiers de sa valeur. Elles sont aussi invitées à participer aux activités de la ferme les mardis et jeudis.

ROC œuvre pour la souveraineté alimentaire et le développement d’une agriculture durable, sans pesticide, qui régénère le sol plutôt que de l’épuiser, en rassemblant une communauté soudée et active, en transmettant les connaissances et techniques développées ici et en favorisant le lien social et la convivialité, grâce aux repas hebdomadaires mitonnés sur place avec les récoltes de fruits et légumes qui poussent facilement à Maurice, sans qu’il soit nécessaire de faire la guerre aux insectes…

ROC, une ferme communautaire au cœur de Ville Noire

 Bioréacteurs et composts

Depuis ses débuts il y a deux ans, ROC a formé 200 personnes aux différentes techniques d’agroécologie, indispensables pour produire ses propres fruits et légumes biologiques. L’organisation lance ces jours-ci le concept d’Engagement day auprès des entreprises qui souhaitent renforcer leurs équipes à travers une activité vertueuse pendant une demi-journée, où chacun met la main à la pâte dans différents ateliers, avant de partager un repas ou une dégustation de recettes du terroir remises au goût du jour ! Le même type d’initiative se décline d’ailleurs à la nurserie de corail et dans les zones humides où Eco-Sud intervient.

Mais avant d’en arriver là, les stagiaires ont jardiné ou mis en place des bioréacteurs pour fabriquer du compost… « Il est inacceptable, s’exclame Sébastien Sauvage, que la majorité des déchets verts aillent chaque jour encombrer inutilement Mare Chicose, alors qu’il est si important de les valoriser pour relancer le cycle du carbone ! »

Plusieurs techniques sont déployées chez ROC pour transformer cet or vert rempli de vertus, le vermicompost — ou déchets végétaux transformés par des vers de terre — qui produit un terreau merveilleusement parfumé et un fertilisant liquide très concentré. Le compost lent dans lequel la formation de réseaux de mycélium (champignons) est favorisée par l’oxygénation continue pendant trois ou quatre mois dans des bioréacteurs. Le charbon végétal qui alimente ces bioréacteurs, fabriqué dans un four de forme octogonale, qui assure la combustion sans oxygène des morceaux de bois broyés…

Terroir et expériences gustatives

Du côté des plantations, différentes techniques culturales produisent fruits et légumes, tout en enrichissant le sol, grâce à des apports équilibrés de matières organiques vertes ou brunes, de terreaux, composts et fertilisants, créant ainsi des foyers d’activité biologique au pied des bananiers, dans des ronds ou lits de culture… L’artiste et architecte Oliver Maingard supervise la mise en œuvre de toutes ces techniques auxquelles il a été formé.

Ici, on pratique la rotation des cultures, on privilégie la diversité variétale, on récupère toutes les eaux de pluie qui tombent sur les toitures, en attendant de trouver des solutions pour filtrer correctement l’eau des cours d’eau environnants. Ici, la patate douce est une reine que l’on accommode en cuisine de multiples manières. Les brèdes sont très variées et les bananes servent autant à la confection de plats sucrés que salés. Les fruits de la passion et autres nonis parfument aussi bien les boissons que les desserts, condiments ou autres bouillons.

À chaque repas, les cuisinières servent une délicieuse tisane composée de tout un choix d’herbes médicinales, qui aura bouillonné un bon moment dans de grands faitouts. Le manioc, le taro, les chouchous et calebasses, les haricots et autres légumineuses entrent dans des recettes variées que cette joyeuse communauté inscrit à ses menus. Autour de la grande table carrée, ce jeudi 6 avril, il y avait aussi bien des étudiants que de simples curieux, quelques touristes bien avisés, des bénévoles, des permanents et bénéficiaires de ROC. Les conversations allaient bon train !

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