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samedi, novembre 23, 2024

Le cacao mauricien sur la voie de la transformation

L’histoire débute il y a une quinzaine d’années quand Gérard Cangy découvre un peu par hasard l’existence de cacaoyers. Après avoir lu des articles de presse sur le processus de fabrication de cacao, il commence à mieux se documenter sur le sujet et « j’ai alors réalisé le potentiel de la culture des cacaoyers ici. » Il achète un premier terrain à Montagne-Blanche et commence à planter quelques arbres, en procédant à partir de la méthode «essai-erreur».  

L’expérience s’avérant concluante, l’idée lui vient de propager la culture du cacao à grande échelle. «Bien que les plants de cacao existent à Maurice depuis fort longtemps, personne n’a eu l’idée de les cultiver ou d’en produire des dérivés ici même », nous confie Gérard.

Cinquante arpents plantés en cacaoyers

Commence alors un travail de longue haleine. Il contacte planteurs et particuliers propriétaires de terrains en friche et leur expose son idée. Bien qu’au début, beaucoup se montrent réticents, voire sceptiques, Gérard et sa femme Josiane ne baissent pas les bras et leurs douze années d’efforts finiront par donner naissance à la société Kakao Ti-Gérard Ltée, en 2015.

Aujourd’hui, plus de 50 arpents de terrain à Montagne-Blanche bien sûr, mais aussi à Montagne Longue et à Villebague sont consacrés à la culture du cacaoyer. Si Kakao loue certains des terrains à bail à des particuliers pour ses propres plantations, l’entreprise achète aussi à d’autres producteurs, la récolte de leurs cabosses, les fruits de cacao. « Cela a été un très long processus, mais il faut croire dans ce que l’on entreprend », appuie Gérard.

Gerard Cangy au centre, entouré de l’equipe de la société Kakao

Le ministère de l’Agriculture qui commence alors à s’y intéresser encourage d’autres planteurs à emprunter cette voie et leur conseille de se tourner vers Kakao, pour écouler leurs récoltes, certes, mais aussi recevoir les conseils techniques.

«Car prendre soin du cacaoyer est un processus délicat », soutient Gérard Canjy. L’arbre demande beaucoup d’entretien en considérant de nombreux facteurs: la température ambiante, la pluviosité, l’humidité, l’ensoleillement, ainsi que le niveau de rétention d’eau du sol. Parmi les différentes variétés, certaines sont plus productives que d’autres ou s’adaptent mieux au climat local. Gérard a pu créer sa propre variété, mieux adaptée au climat mauricien, chaque arbre produisant 3 kg de fèves par an. Un succès pour lui. « En 2019, nous nous attendons à une très bonne récolte, qui a démarré depuis janvier pour s’achever en mai, de 2 à 3 tonnes de cabosses environ. »

Transformer le cacao en chocolat localement ?

Une fois séchées, les fèves seront alors grillées, une étape cruciale de leur transformation et qui se fait toujours de façon artisanale dans l’atelier des Cangy à Baie du Tombeau. Le couple attend maintenant des machines venant de l’étranger pour produire le beurre et la crème de cacao, produits dérivés du cacao. Une étape décisive du développement de leur affaire, qui fut d’abord exclusivement tournée vers l’export. Mais l’excédent de cacao sur le marché mondial impliquant son faible coût d’achat a stoppé l’export du cacao mauricien.

En contact avec des experts chocolatiers étrangers, les Canjy ont confiance: «Nous savons où aller et les chocolatiers internationaux nous encouragent et nous offrent leur support.» Est ce que le but final de Kakao vise à produire et à commercialiser des chocolats à Maurice? « L’île a réussi dans plusieurs domaines, pourquoi pas celui-ci..? D’autant que la culture du cacao peut être un plus pour l’économie locale, l’île proposant encore beaucoup de terrains qui pourraient s’y prêter », conclut-il.

Van Ann, les premiers chocolats Made in Maurice

Pour rappel c’est Ann Van Den Bergh, expatriée belge établie dans l’île qui a entrepris de valoriser son savoir-faire en créant son entreprise de fabrication de chocolats en janvier 1992.  Mais l’entreprise ne transforme pas sur place, elle importe la matière première de Belgique, pays dont la renommée n’est plus à faire en matière de chocolats de luxe. La chocolaterie Van Ann produit essentiellement des pralines de conception belge, tout en y incorporant des épices locaux, sa marque signature. «Van Ann est une succes story, avec une belle implantation sur le marché local», résume Hugo Camboulives, assistant directeur de chez Van Ann. Mais le pionnier du chocolat local doit peut-être bientôt compter avec celui produit par Kakao.

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