La crise sanitaire grave qui touche l’Europe, et qui pourrait bientôt sévir chez nous aussi, lève de sérieuses interrogations sur l’avenir, à court et moyen termes, de notre secteur immobilier. Effondrement brutal, ou repli temporaire avant une reprise vigoureuse… tous les scénarios sont envisageables.
En à peine quelques semaines, la pandémie de coronavirus Covid19 a fait vaciller les certitudes les mieux établies… Que notre île soit touchée par le virus, ou pas (à l’heure de la rédaction de ces lignes, aucun cas avéré n’est encore officiellement recensé à Maurice), il est évident que toute l’économie mauricienne souffrira de cette crise, aussi soudaine que brutale. Le tourisme, bien évidemment, l’aérien, bien sûr, le commerce, certainement, mais aussi l’immobilier, font partie des secteurs d’activité qui seront sûrement les plus durement touchés!
Les grands projets résidentiels, partiellement ou totalement tournés vers une clientèle étrangère aisée seront, sans doute, les plus durement impactés.
En effet, et quelque soit la durée et la gravité de l’épidémie dans les pays de provenance des acheteurs (européens et sud-africains, principalement), il est évident que les ravages considérables causés à leurs économies nationales vont avoir, ici aussi, des conséquences importantes.
Effets en cascade
Dans l’hypothèse, terrible, où l’épidémie ne serait pas rapidement jugulée, se prolongeant sur de longs mois et causant, comme on l’annonce parfois, des centaines de milliers de morts dans chaque nation frappée, on peut raisonnablement se demander si ce pan du secteur immobilier mauricien ne succomberait pas, lui aussi, au coronavirus… En effet, les délais alors nécessaires aux pays concernés pour rétablir une économie forte, regagnant les points de croissance perdus pendant l’épidémie, risquent d’être fort longs. En tout cas trop longs pour que la plupart des constructeurs et promoteurs mauriciens puissent attendre, sans dommages, le retour, sur le marché, de leurs clients étrangers. Des projets en cours de réalisation seront stoppés, la main d’oeuvre débauchée, des acteurs de l’immobilier disparaîtront, fragilisant d’autant les établissements bancaires qui ont financé leurs projets, et des assureurs seront également mis à contribution… Bref : les effets en cascade pourraient être tels qu’il faudrait alors tabler sur de très longues années avant que le secteur immobilier, qui a su, en un temps record, générer des parts importantes de la création de richesse nationale, ne retrouve un peu de dynamisme…
Des facteurs psychologiques nouveaux
Si, comme en Chine, l’épidémie est partout rapidement maîtrisée, le tableau pourrait être moins sombre. Certes, les acteurs les moins solides disparaîtront du marché immobilier local et leurs projets ne parviendront pas à achèvement… Mais les promoteurs les plus solides devraient pouvoir survivre à une crise de quelques semaines.
Mais des facteurs psychologiques nouveaux pourraient alors venir compliquer la tâche des acteurs mauriciens.
Le souvenir des conditions de vie des étrangers placés en “quarantaine” à Maurice, la crainte de se voir bloquer sur notre île en cas de péril sanitaire grave (comme ces milliers de Français coincés au Maroc, en pleine épidémie), des exigences de qualité de soins nouvelles… pourraient constituer autant de “barrières psychologiques” venant freiner l’ardeur de nombreux clients potentiels, au moment de prendre la décision d’investir à Maurice et d’y passer six mois par an…
Une probable baisse des prix
Dopé par les prix de vente annoncés des “villas de luxe”, c’est l’ensemble du secteur immobilier national qui a connu, au cours des dernières années, une inflation sévère. Et s’il faut absolument chercher un aspect positif à la crise redoutable qui s’annonce, c’est au niveau des prix qu’il faudra l’attendre… Il est en effet probable que la désaffection (temporaire, sans doute, mais de quelle durée?) des acheteurs étrangers conduise à une réduction drastique des prix de vente (et de location) sur le marché local.
Les circonstances peuvent aussi amener certains opérateurs à changer leur fusil d’épaule en proposant, à la clientèle locale, des projets intermédiaires, dont la classe moyenne est particulièrement demandeuse.