Etablissement très apprécié d’une clientèle d’affaires, mais aussi des noctambules compte tenu d’un Backstage – adresse de référence pour les évènements – très dynamique, le Hennessy Park Hotel l’est désormais des amateurs d’art. Car en s’offrant un coup de jeune, il arbore depuis début décembre une physionomie plus qu’arty.
De la tête aux pieds, ou plutôt du sol au plafond, l’unique hôtel d’Ebène s’est réinventé sur un mode avant-gardiste, une notion que l’hôtel conjugue avec talent depuis son ouverture en 2011. Ne fallait-il pas passer outre du convenu pour décider de s’ancrer en pleine cyber cité plutôt qu’en bord de mer? Le Hennessy est avec sa librairie Petrusmok
– titre d’un roman phare de Malcolm de Chazal – le premier hôtel à valoriser la littérature mauricienne en abritant uniquement les livres d’auteurs locaux ou d’étrangers ayant écrit sur l’île. Une sélection de 200 ouvrages servant à favoriser, même pour les voyageurs les plus pressés, une rencontre avec Maurice, depuis l’intérieur de l’hôtel. Comme l’a rappelé Michel de Spéville, président et fondateur du groupe Eclosia, le positionnement de leurs établissements comme passerelles vers l’art et la culture relève d’une volonté clairement affichée du groupe Indigo – qui gère aussi Le Labourdonnais, Le Suffren et The Adress. Régulièrement le théâtre d’expositions de peintures et de lancements d’ouvrages, Le Hennessy a résolument forcé son trait distinctif, celui d’un vecteur de créativité locale et de talents mauriciens.
Lignes contemporaines fusionnent avec l’âme mauricienne
Le mobilier a été remplacé et de nouveaux éléments de décoration ont fait leur apparition. Mais le vrai changement se traduit surtout dans l’habillage des murs par des photos XXL imprimées sur papier peint et par des toiles originales. L’entrée donne déjà la mesure avec une imposante fresque murale inscrite sur la façade du Hennessy, mise en valeur par un savant jeu de lumières et ses bassins à fontaines colorisées. Une note fortement contemporaine qui se poursuit jusque dans les lobbys, les restaurants, le bar lounge, les chambres et suites et même les couloirs tapissés de moquettes aux teintes vitaminées sous la directive de l’architecte d’intérieur sud-africain Nick Human. Ce dernier ayant reçu pour seule consigne de conserver la mémoire de l’art local dans les chambres. Celles-ci puisent leur caractère de l’apposition d’une photo de Nilesh Boodhun sur tout un pan de mur, faisant à la fois office de tête de lit originale et de fenêtre ouverte sur le patrimoine architectural mauricien. Un résultat puissant, suscitant étonnement, admiration et méritant largement son quota de vivas. Les nouvelles suites portent quant à elles les empreintes des artistes Jocelyn Thomasse et Roger Charoux, disciples du génie et regretté Serge Constantin, de Claude Baissac et de Fabien Cango. Sur chaque palier, à la sortie d’ascenseur, le visiteur est accueilli par un tableau du trublion Gaël Froget, placé dans une mouvance tantôt « pop » et tantôt « street ».
JM Le Clézio cité sur les tables
Emilien Jubeau, un artiste ayant au l’occasion d’exposer au Hennessy a signé les murs extérieurs de même qu’on lui doit la nouvelle ligne des uniformes du personnel. Pour quelle raison le talent ne devrait s’exprimer que dans un seul domaine…? Même le romancier JM Le Clézio a autorisé la reprise de ses citations, inscrites sur les tables basses des chambres et des suites. Denis Meyers, un artiste belge urbain qui se définit comme typographe connu pour ses fresques et ses stickers en forme de visage a été invité à faire parler les murs de la Gallery Pool Bar, un espace intimiste avec ses petits coins salons et sa piscine situé sur le toit de l’hôtel, en les habillant densément de suites de mots et de phrases. Si le groupe Indigo a vu les choses en grand, le visiteur répond à cette riche initiative en ouvrant grand les yeux sur toutes les nouveautés qui composent le nouvel Hennessy. Fin prêt à entrer dans la nouvelle année.