Le 31 octobre 1984 à New Delhi, les deux gardes du corps sikhs d’Indira Gandhi ouvrent le feu. La femme la plus puissante d’Inde périt sous les balles de ses plus proches collaborateurs lors de l’opération « Blue Star ». Aujourd’hui encore, les détonations du revolver et de la mitraillette résonnent dans la mémoire indienne.
Si les Kennedy sont une empreinte indélébile de l’histoire américaine, les Gandhi incarnent le pendant indien. Et la tragédie semble le maître-mot des deux familles aux extrémités du globe. Parmi le cercle fermé des chefs d’État indien, Indira Gandhi sera la seule femme à endosser ce costume. Elle, la fille de Jawarharlal Nerhu, lui-même devenu Premier ministre en 1947 d’un pays fraîchement décolonisé.
La politique est un art difficile au sein d’un pays aux 29 États. Du Cachemire au Kerala, la tâche est titanesque. Sa chevelure brune dont une mèche blanche luit au soleil séduit les foules. Indira sait parler au peuple et ce dernier la porte aux nues. D’abord de 1966 à 1977, la femme d’État occupe la fonction suprême avant de retrouver ce poste trois ans plus tard. Cette année 1980, période de reconquête du pouvoir où elle sait compter sur ses deux fils : Sanjay et Rajiv. Cependant la fougue de Sanjay l’entraînera la même année dans le crash de son monomoteur.
Pourtant, la mère retourne au pouvoir malgré sa peine. Et ses opposants pointent les scandales qui émaillent son parcours. Ils dévoilent les campagnes de stérilisations forcées dans les bidonvilles ou les violences envers certaines minorités. Parmi celles-ci, une communauté sera particulièrement atteinte : les Sikhs du Pendjab. Le 5 juin 1984, l’armée indienne pénètre au sein du temple sacré d’Amritsar et repend la mort. Les cadavres jonchant le sol seront la promesse du sort à venir d’Indira Gandhi quatre mois plus tard.
Le benjamin de la famille, Rajiv, reprend les rênes du pays jusqu’en 1989. Cependant le fils connaît la même sentence. En mai 1991, en pleine campagne électorale, il est la cible d’une bombe dont il ne peut réchapper. La politique chez les Gandhi est bel et bien affaire de drame.
Depuis un autre Gandhi est là, prêt à la succession d’une lignée. Rahul. Le petit-fils d’Indira et le fils de Rajiv dont l’héritage d’un tel patronyme saura être une force…ou une énième tragédie.
Vous voulez en savoir plus :
Le roman historique Le Sari rose de Javier Moro vous contera les affres de la vie de Sonia, épouse italienne de Rajiv Gandhi. Dans l’intimité du clan, parcourez la vie hors norme de la famille la plus célèbre d’Inde. De la carrière politique aux agissements les plus sombres, toutes manœuvres y sont révélées dans ce pays pluriel.