A l’heure du Salon Automobile, qui permet, chaque année, de découvrir les nouveautés présentées par les différents concessionnaires, il n’est pas inopportun de s’interroger sur les orientations du marché automobile local. La place que l’automobile a conquise dans la société mauricienne est, désormais absolument centrale. Mais les modes, les innovations et le marketing efficace des constructeurs contribuent à orienter les ventes…
Plébiscité par la clientèle mauricienne depuis déjà quelques années, le Sport Utility Wagon (SUV) confirme son titre de «segment enregistrant la plus forte progression»! Selon les concessionnaires, il se serait vendu, cette année, 20 à 30% de SUV de plus que l’année précédente. Les explications à cet engouement sont de plusieurs natures. Tout d’abord, on se souviendra que cette faveur du public pour ce type de véhicules a démarré en Europe, bien avant d’arriver à Maurice. Du coup, pratiquement tous les constructeurs ont ajouté des SUV à leurs catalogues. Et leurs agences de publicité ont donc produit des centaines de messages sur tous les canaux possibles. Il suffit de regarder une émission de télévision sur une chaîne satellite, pour constater que les pubs consacrées aux SUV y sont particulièrement nombreuses! D’autant que le «segment SUV» s’est démultiplié en une infinité de gammes… de la petite citadine un peu body-buildée et rehaussée, au modèle super-luxe des marques les plus exclusives, en passant par les japonaises sur-équipées, les coréennes séduisantes ou les allemandes «Premium»…
Un ratio de 1 pour 20
Quand les Mauriciens ont commencé à s’intéresser fortement aux SUV, l’offre avait donc déjà atteint un haut degré de maturité avec, pratiquement, un SUV pour chaque type de conducteur et (presque) pour chaque budget.
L’autre constatation évidente que l’on peut formuler sur l’actuelle conformation du marché automobile à Maurice, est le très net renforcement des offres «extrêmes». Il y a encore quelques années, le spectre automobile local (pour les véhicules neufs) n’était pas très large… et le rapport entre le prix de vente du modèle le moins cher le plus vendu sur le marché, et celui du modèle le plus cher le plus vendu, s’établissait autour d’une valeur d’environ 1 pour 5 ou 6. Aujourd’hui ce même ratio est plus près de 1 pour 20! Cela s’explique par l’accroissement très net des ventes des véhicules des marques «Premium», mais aussi par l’arrivée significative sur nos routes, de véhicules que l’on pourrait qualifier d’ «hyper-luxe»! Mais à l’autre bout du spectre, on observe aussi l’arrivée, dans les concessions, de modèles «premier prix». La bataille de la fourchette de prix Rs 400 000 – 500 000, si elle est plus discrète que celle que se livrent les marques sur les modèles-stars, est aussi sanglante!
La bataille perdue du pick-up
Sur nos routes, on a pu constater que le «glissement» du marché vers les SUV s’est notamment effectué au détriment d’une autre catégorie de véhicules qui avait pourtant été très en vogue pendant plus de deux décennies: les pick-up! Certes, on retrouve, chez le SUV, certains des arguments qui ont fait le succès du pick-up, et notamment, un sentiment de sécurité (voire, de domination) lié au gabarit imposant du véhicule et, une réelle polyvalence.
Mais le pick-up a perdu la bataille sur d’autres terrains… Tout d’abord, et quels que soient les efforts des constructeurs pour aménager leurs pick-up «comme des berlines», ils n’ont jamais atteint un niveau de confort véritablement convaincant. De plus, l’architecture même du pick-up nuit à sa rigidité, et donc à sa tenue de route à grande vitesse, alors que les performances des SUV (parfois comparables à celles d’authentiques sportives) sont bien plus élevées. Enfin, les variations de ligne des pick-up étaient, somme toute, assez limitées et donc peu à-même de séduire un large éventail de publics différents, aux attentes spécifiques.